Château de la Gaude, l'art de vivre en Provence
Entre vignes et garrigue, telle une carte postale parfaite de la Provence cossue, le Château de la Gaude attire touristes étrangers l’été et locaux hors saison. Ce havre d’esthétisme abrite en son cœur une coquette bastide du XVIIIe faisant face à un jardin à la française, des hectares de vignes et pas moins de quatre expériences culinaires voyageuses orchestrées par le chef Matthieu Dupuis Baumal.
L’histoire du château commence avec l’évêque aixois Joseph Pisani de la Gaude, décédé en 1804. Différentes familles de la haute société locale foulèrent par la suite les allées de la Bastide, jusqu’aux barons de Vitrolles, derniers propriétaires avant le rachat du domaine par Didier Blaise, en 2016. L’entrepreneur, fondateur d’Allopneus et passionné de vin, se lance dans d’impressionnants travaux qui vont s’étaler sur trois ans et transformer le château en un hôtel de luxe, récemment inscrit aux Relais & Châteaux.
Amateur d’art contemporain, Didier Blaise va, dans le cadre de l’embellissement du lieu, disséminer çà et là des œuvres monumentales de ses artistes préférés : les lignes indéterminées du plasticien provençal Bernar Venet faisant office de lignes d’horizon en contrebas des jardins à la française, la statue Ginette en bronze de César, le très tape‑à‑l’œil requin Who should be scared ? de Philippe Pasqua au bout d’une allée de marronniers ou la fameuse Vanité aux papillons – un crâne géant d’où sortent des papillons dorés – du même artiste, stratégiquement positionnée à proximité de la réception. Détonnant mariage entre l’architecture classique du XVIIIe siècle et la modernité clinquante des œuvres ! Enfin, dans la salle du restaurant Kaiseki, impossible de passer à côté de l’imposant hélicoptère tout de plumes roses vêtu de l’artiste portugaise Joana Vasconcelos qui occupait autrefois les salons dorés du château de Versailles.
Sept chambres et suites composent la bastide principale, avec vue sur les jardins. Décoration épurée, marbre blanc, parquets anciens, moulures au plafond et imposantes cheminées concourent à l’impression de quiétude et d’un confort sans extravagance. Avec leurs poutres apparentes et le mobilier en chêne clair, les longères attenantes abritent, de leur côté, dix chambres dans un esprit plus champêtre, toujours soigné.
Loin des regards, les trois « Lucioles » – de grandes chambres rondes en bois lovées en pleine nature – et la « Maison dans les Vignes » ajoutent une proposition alléchante pour les amateurs de nuits insolites. Cette offre hôtelière se complète d’un superbe spa judicieusement placé dans l’ancien haras, ainsi que de salles de séminaires et d’espaces de réception à privatiser pour des mariages ou des événements d’entreprise.

© Côté Provence Photo
Un vignoble vivant
Grenaches, cinsault, syrah, cabernet sauvignon, rolle, sémillon, clairette, viognier, marsanne, roussanne. Autour du domaine, sur 13 hectares, pas moins de onze cépages sont répartis sur 19 parcelles en appellations AOP Coteaux d’Aix‑en‑Provence et IGP Méditerranée. Grâce à un patrimoine rare de vieilles vignes plantées sur des parcelles certifiées bio et Demeter et une conduite de culture selon les principes de la biodynamie, ce vignoble est l’expression naturelle d’un terroir fait de marnes sableuses et de grès. Un terroir que l’on retrouve dans les bouteilles vinifiées directement sur le site sous le regard vigilant de Vincent Gonidec, maître de chai, qui s’applique à exprimer le meilleur du fruit de chaque vendange, grâce à des amphores italiennes et des cuves rutilantes. « Je suis gâté ici », avoue‑t‑il en cirant ses magnums de rosé.
De vin, il en est aussi question à travers la dégustation des bouteilles du domaine dans les différents restaurants et bars du château, mais surtout, il existe un endroit que seule une poignée de clients avisés connaît : La Table des Vignerons, cachée au cœur de l’étourdissante cave tapissée de près de 40 000 bouteilles. Les quelque 4 000 références de Provence, de France et du monde y sont à portée de verre, valorisées par les précieux conseils des sommeliers Nicolas Parmentier et Xavier Bostetter. Le flacon du moment de ce fier Alsacien ? Un riesling – forcément ! – « Clos Sainte‑Hune » 2017 du domaine Trimbach : « Une émotion que j’ai eue quand j’étais apprenti », s’enthousiasme Xavier Bostetter.
Quatre raisons de s’attabler
Pour se restaurer, quatre espaces aux caractères aussi différents que les enfants d’une famille recomposée : Le Art, piloté par les chefs Matthieu Dupuis Baumal et Matthieu Derible. Dans la salle lumineuse faisant face à la cuisine ouverte, à l’équipement dernier cri, la Provence s’y croque dans des assiettes au cordeau : rouget de roche laqué au safran bio de chez Manjolive dans le Gard, agneau de Sisteron, fraises du Ventoux, citron de Nice… Des ingrédients régionaux et quelques touches japonaises qui tissent un fin fil rouge avec le restaurant Kaiseki et la brasserie Le K, où officie le chef Kazunari Noda, toujours à quatre mains avec Matthieu Dupuis Baumal. Dans un esprit omakase – qui signifie littéralement « faire confiance au chef » –, de petites assiettes précises y sont servies dans une salle tapissée de barriques de chêne.

© We On It Studio
À un couloir d’intervalle, la brasserie La Source. Son nom fait référence à l’heureuse découverte faite par les ouvriers lors de la rénovation de l’une des futures salles de restaurant : derrière la pierre, une source naturelle datant du XIIe siècle, claire comme de l’eau de roche, qui approvisionnait autrefois la ville voisine de Paul Cézanne grâce à un petit aqueduc que l’on aperçoit en arrivant sur le domaine. Certaines des meilleures tables ont été ingénieusement disposées à proximité d’un bassin en pierre aux voûtes joliment éclairées. Lors de votre visite, demandez à jeter un coup d’œil derrière la porte qui cache les vestiges de la source et qui permet de remonter le temps. Une fois ce moment vécu, laissez‑vous tenter par un steak au poivre, un tartare ou des pâtes au homard.
Château de la Gaude
- Le Art 17/20
- Kaiseki 15/20
- La Source 12/20
- Le K 12/20
- Je veux aller au Château de la Gaude