Vigneron installé à Aÿ-Champagne, Romain Hénin fait partie de la nouvelle génération de Champenois qui tendent à faire des champagnes plus propres.
C’est en 2021 que Romain Hénin se lance dans l’aventure viticole après avoir repris le domaine familial: « Il fait aujourd’hui 7,5 hectares et nous sommes quatre à y travailler. » Dès le départ, le jeune vigneron de 33 ans a désapprouvé les pratiques de ses parents et a tout transformé lors de la reprise du domaine: « Nous avons tout changé sur le travail de la vigne, du sol, et on a intégré de la vitiforesterie. Nous avons planté 100 arbres par hectare au milieu des vignes. Nous traitons la vigne avec du cuivre et du soufre. De plus, nous ramassons de la prêle, de l’achillée, des orties et des fleurs de pissenlit pour faire des infusions. » Même démarche au niveau de la vinification. Romain Hénin a eu un déclic en allant à la rencontre de plusieurs vignerons, et tout particulièrement de Patrick Bouju, une figure viticole auvergnate du vin nature : « En Champagne, la grosse difficulté est d’élaborer des vins nature sans défauts tout en respectant le cahier des charges champenois. À la dégustation, le plus important est de ne pas déceler que le vin soit nature ou non, mais que l’on dénote la profondeur, l’énergie et la buvabilité de mes champagnes. »
Romain Hénin est un fervent défenseur des champagnes non dosés, avec comme mantra la réalisation de vins qui reflètent le millésime et le terroir: « J’ai toujours eu l’habitude de dire que le champagne ressemble au café. Nous rajoutons du sucre quand l’équilibre n’est pas bon. C’est pareil pour un champagne. Il doit être le moins dosé possible, car si je récolte à la bonne maturité et que je fais ce qu’il faut au chai, je n’ai pas besoin de dosage. » C’est notamment le cas pour l’une de ses nouvelles cuvées nommée « Entre les Gouttes », née d’un millésime 2021 extrêmement pluvieux, avec une faible récolte: « Je n’ai jamais autant travaillé pour si peu ramasser. C’était une année éprouvante. J’ai fait entre 2000 et 2200 bouteilles de cette cuvée au lieu de 6000 habituellement. »
Le champagne a, ces dernières années, été épargné par les aléas climatiques, et les vignerons observent même l’impact positif de la hausse des températures: « Mes parents récoltaient des raisins autour de 9 degrés alcooliques; aujourd’hui, je récolte des raisins de 11 à 13°. Par ailleurs, nous avons une meilleure maturité des raisins, même si cela engendre d’autres problématiques avec des pH plus élevés et un manque d’acidité. Je ne suis pas certain que je me serais lancé dans la viticulture biologique à l’époque de mes parents. Il faut en avoir conscience. » Romain Hénin crée ses cuvées sans triche ni artifice. « J'élabore mes champagnes comme j’aurais voulu les acheter ou les boire, aime-t-il à dire. Je veux que toutes les informations soient marquées sur l’étiquette et que mes vins reflètent chaque millésime. C’est la raison pour laquelle je n’élabore que des champagnes millésimés. Je fais du jus de raisin fermenté tout en respectant le cahier des charges champenois. »
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