La valorisation des vins du Roussillon
Le vigneron globe-trotter bordelais affectionne la richesse et la diversité de son domaine du Roussillon. Un vignoble dont il sait tirer des cuvées très originales.
Quand on est un Lurton, impossible de cacher ses origines girondines, tant le nom et la dynastie qui le portent sont associés au vignoble bordelais. Sans jamais renier la fierté de son patronyme, François Lurton a tout fait pour le dépasser. Le vigneron entrepreneur a parcouru le monde : Chili, Argentine, Espagne…, ouvrant haciendas et bodegas. En France, il est sorti depuis longtemps de son fief, a investi le Languedoc, y a propulsé le sauvignon très haut à travers sa cuvée prolifique des « Fumées Blanches ». Dans le Gers, sauvignon aussi et gros manseng, bien sûr ! Dans le Roussillon, il cultive sa différence au Mas Janeil, une pépite au cœur du fameux terroir de la vallée de l’Agly, qu’il a exploré avec son frère Jacques dès le milieu des années 1990. Il déniche d’abord un fermage, qu’il rachète en 2008 et transforme : un chai moderne est rapidement bâti, l’intention étant de révéler un parcellaire remarquable.
Le Mas Janeil, laboratoire de terroirs et d’innovations
Dans ces paysages superbes, la propriété couvre 200 hectares, dont 34 de vignes certifiées bio, avec une diversité de sols et d’expositions propices. Bien sûr, la vallée de l’Agly est réputée pour ses vins doux naturels, dont la consommation baisse inexorablement depuis plusieurs décennies. François Lurton continue à produire un maury, mais il est persuadé du potentiel des vins secs de ce territoire. « Le Roussillon est même davantage un terroir de blanc que de rouge selon moi », assure l’explorateur, qui n’hésite pas à planter des cépages inhabituels ici : chardonnay, viognier, vermentino cohabitent avec grenache ou macabeu. À expérimenter aussi, dans les pratiques culturales comme dans les chais : vinifications sans soufre, cofermentation, élevage en amphores… Le Mas Janeil apparaît ainsi comme un laboratoire d’innovations dont les autres domaines profitent.
Des cuvées signatures et une gamme accessible, entre vins et vermouths
La large gamme des vins reflète la qualité intrinsèque du terroir local et cette créativité sans restriction. Se mêlent cuvées monoterroirs et assemblages : les parcellaires « Le Pas de la Mule » ou « Traou de l’Ouille » côtoient les originales « C2 » (cofermentation de syrah et de viognier, élevage rapide en amphore), « Autentic » (sans soufre) ou « Sarrat del Mas », un vin orange dont on pourrait penser qu’il cède à la mode, mais celui-là révèle un bel équilibre entre rondeur et fraîcheur. Les cuvées « Le Petit Pas » ouvrent la gamme sur des vins de grand plaisir à petit prix (12,90 €). La quasi-totalité des vins reste très abordable (autour de 20 €). Et comme François Lurton est fidèle aux racines des lieux, il a lancé un vermouth qui incarne l’élégance du maury, enrichi d’alcoolats naturels d’agrumes, d’herbes méditerranéennes, de plantes aromatiques. Sa gamme de vermouths a été baptisée « Léonce », en hommage à Léonce Récapet, son arrière-grand-père, pionnier inventif dans l’art de la distillation. Il ne s’appelait pas Lurton, mais il aurait pu…
Cet article est extrait du guide Occitanie Andorre 2025. Celui-ci est disponible en librairies, réseaux culturels (Fnac, Cultura…) et e-boutiques (e-shop Gault&Millau, Amazon…).