Ouessant, île de caractère et de spiritueux d’exception
Sur l’île d’Ouessant, quatre amis ont fondé une distillerie artisanale qui puise son inspiration dans les éléments bruts de la nature insulaire. Whiskys, pastis et bières y racontent une histoire de terroir, d’énergie propre et de passion partagée.
À la pointe du Finistère, battue par les vents et enveloppée de brume saline, l’île d’Ouessant abrite un trésor inattendu : une distillerie artisanale qui produit bières, pastis et whiskys dans un esprit profondément enraciné dans son territoire. Derrière ce projet ambitieux, Clément Nageotte, Jean-Marie Favre, Laurent Regnier et Sébastien Viaud, animés par une passion commune pour l’île et les spiritueux.
« L’idée a germé en 2014, raconte Jean-Marie Favre. Nous connaissons Ouessant depuis toujours, nous y venons en vacances depuis que nous sommes gamins. Un jour, en regardant le ciel gris, l’orge qui poussait encore à l’époque et cette eau pure, nous nous sommes dit que nous avions là tous les éléments pour faire du whisky. » De cette intuition naît un projet professionnel structuré, nourri d’une volonté claire : faire sens localement, écologiquement, humainement.
Innovation et tradition au cœur d’une ancienne caserne rénovée
Le lieu choisi pour accueillir l’aventure n’est pas anodin : une ancienne caserne militaire désaffectée, aujourd’hui réhabilitée en pôle partiellement consacré à la transition énergétique. Là, dans un bâtiment bardé de panneaux solaires, la distillerie s’équipe d’un alambic sur mesure, chauffé par un système d’huile circulant dans un serpentin, garantissant une distillation lente, qualitative et économe en énergie. « Nous voulions une distillerie performante, propre, alignée avec les valeurs de l’île », affirme le cofondateur.
Mais l’ancrage ouessantin ne s’arrête pas là, puisque les quatre associés s’engagent à créer de l’emploi local. Sur cette île surnommée jadis « l’île aux femmes », l’équipe s’est étoffée de deux résidentes d’Ouessant, Joëlle et Mathilde, qui participent pleinement à la production : brassage, distillation, ou même élaboration d’un pastis pas comme les autres, créé, entre autres, à partir de plantes aromatiques qui « poussent ici, entre grèves et landes, donnant au pastis une typicité sauvage et iodée ».
Whiskys, bières et pastis : l’esprit d’Ouessant en bouteille
Outre ce pastis signature, la distillerie produit la bière Heiz, déclinée en plusieurs recettes selon l’orge, le houblon, ou encore la touche saline, héritée de l’air marin. Mais le joyau du projet reste le whisky, conçu en deux gammes. L’une non tourbée, axée sur des notes gourmandes, céréalières, légèrement vanillées, avec une rondeur en bouche séduisante.
L’autre tourbée, plus expressive mais sans excès, à la tourbe fine et équilibrée, en accord avec l’élégance naturelle du lieu. L’orge utilisée est bio et bretonne, et les affinages sont pensés pour tirer parti du climat insulaire.
« Produire ici, vieillir ici, ça donne un vrai sens. L’île influence tout : le goût, le rythme, les contraintes aussi », poursuit Jean-Marie Favre. Car tout est plus complexe sur une île : acheminer les matières premières, organiser la distribution, gérer les délais. Mais les quatre associés ont fait le choix du courage et de la qualité : pas de grande distribution, mais un circuit sélectif, du haut de gamme accessible. Les différents produits sont par exemple disponibles à la Grande Épicerie de Paris, leur site internet et, bien sûr, sur l’île d’Ouessant.
Et demain ? « Comme en cuisine, nous ne nous posons aucune limite sur la création », conclut Jean-Marie Favre, qui n’est pas contre l’idée d’imaginer de nouvelles recettes. En attendant, l’équipe distille en silence son amour de l’île, avec un objectif clair : rester fidèle à Ouessant, tout en explorant l’infini terrain de jeu des spiritueux.
Cet article est extrait du guide Bretagne 2025. Celui-ci est disponible en librairies, réseaux culturels (Fnac, Cultura…) et e-boutiques (e-shop Gault&Millau, Amazon…).