Marie Wodecki : L’avenir de la grande sommellerie française
À très bonne école avec le chef sommelier de l’Hôtel de Crillon, Marie Wodecki a été sacrée, le 12 juin, Meilleure jeune sommelière de France. La Parisienne, 25 ans, a remporté la plupart des concours auxquels elle a participé : une future championne du monde ?
Gault&Millau : Que ressentez-vous après avoir remporté le concours de Meilleur jeune sommelier de France ?
Marie Wodecki : Il y a deux ans, lors de ma première finale, j’étais encore un peu scolaire et je visais la performance. J’ai abordé cette édition différemment : me faire plaisir et le communiquer. À l’annonce du résultat, j’ai ressenti une joie immense et une extrême satisfaction. C’est aussi la récompense d’un gros investissement. La partie théorique, je l’ai bachotée dès septembre 2022. Pour l’aspect pratique, j’ai pu compter sur mon manager à l’Hôtel de Crillon, Xavier Thuizat, Meilleur sommelier de France en titre ! L’Association des sommeliers de Paris, à laquelle j’adhère, m’a également entraînée.
G&M : Comment se déroule ce concours ?
M. W. : Il y a d’abord eu une première sélection en janvier pour retenir 10 demi-finalistes sur 130 candidats. La qualification en finale s’est jouée sur une épreuve théorique conséquente et 5 ateliers pratiques de service, de dégustation à l’aveugle ou d’expression, en l’occurrence sur les labels Biodyvin et Méthode Nature, dans l’air du temps. La finale, c’était plutôt «Questions pour un champion» ! Un quiz avec buzzer pour chaque finaliste avant les épreuves pratiques. Bien sûr, les organisateurs dissimulent ici ou là quelques pièges, comme plusieurs millésimes d’un même vin dont il ne fallait pas oublier celui qui vous était attribué : toujours être attentif aux consignes, c’est très important.
G&M : Avez-vous toujours été passionnée par la sommellerie ?
M. W. : Je me suis orientée d’abord vers la pâtisserie, j’ai fait des stages en boutique ou en palace, et j’ai même été embauchée comme commis du chef de partie au restaurant Yoann Conte à Veyrier-du-Lac. Mais il me manquait le contact avec la clientèle et j’ai basculé vers l’univers du vin où j’ai trouvé tout ce que je recherchais : l’association de saveurs, de textures, de températures… Et procurer du plaisir en salle, voir le retour des clients. Du coup, je me suis formée au vin en alternance.
G&M : Et vous êtes entrée au Crillon…
M. W. : Comme apprenti en 2021, après une première année au Bistrot du Sommelier, chez Philippe Faure-Brac, Meilleur sommelier du monde 1992. Je suis aujourd’hui employée en tant que commis, en bas de l’échelle dans la brigade, une équipe dirigée par Xavier Thuizat, qui m’apporte beaucoup dans mon travail. Il a un cœur immense, m’a appris la meilleure manière de s’exprimer, l’élégance des mots et des gestes. Il est un grand modèle pour moi.
G&M : Avez-vous des vins de prédilection ?
M. W. : J’ai une affection particulière pour les vins de Savoie, où j’ai suivi ma première formation. J’ai la conviction que c’est un vignoble d’avenir, comme celui du Jura déjà, avec une diversité de cépages et de terroirs incroyable. J’aime la Champagne également, notamment les champagnes gastronomiques de vignerons que nous mettons à l’honneur au Crillon. Bien sûr, nous avons une carte de grandes maisons, mais aussi la volonté de valoriser les artisans avec 120 références au total.
G&M : Une dernière dégustation mémorable ?
M. W. : La cuvée «Les Maillons» en pinot noir du domaine Ulysse Collin, que j’ai visité. Olivier Collin est extrêmement gentil et modeste, ses champagnes sont d’une grande profondeur avec un caractère crayeux et une bulle très fine. Leur dégustation reste ma dernière grande émotion.
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