48 heures à Biarritz
Nouvelle-Aquitaine/2024
Biarritz, ce joyau de la côte basque, a connu de nombreux soubresauts au cours de son histoire. Aujourd’hui au firmament des destinations cool et gourmandes, il est bon de rappeler ses riches fondements.
© Telly
Cette joyeuse troupe qui monte sans peine l’avenue de Frias en vélo cargo électrique, longboards en bandoulière, se doute-t-elle qu’elle laisse dans son dos l’un des endroits les plus secrets et charmants de Biarritz – une chapelle cachée, abritée derrière de hautes haies de pittosporum de Chine qui, au printemps, se couvrent de fleurs blanches au parfum suave et entêtant, la Chapelle impériale ; que cette maison rose pâle surmontée d’une chantilly crémeuse ayant connu des jours meilleurs était la demeure du roi des Belges ; qu’ici, loin sur la gauche, s’étendait son parc, dont il reste peut-être quelques arbres là, au bout de l’avenue du Docteur‑Claisse ? Se doute-t-elle, en empruntant l’avenue de Verdun – aujourd’hui repaire de surfeurs chics qui boivent du café latte et mangent bio –, qu’elle était autrefois connue pour abriter le poissonnier le plus couru de la ville (remplacé depuis par une boutique… de vêtements) ? Se doute-t-elle que, avant d’être une librairie, cette boutique aux airs british a été l’une des toutes premières de Gabrielle Chanel ? Bref, se doute-t-elle qu’avant d’être aujourd’hui l’un des hot spots d’une jeunesse branchée, festive et sportive, de télétravailleurs surfeurs ou golfeurs, Biarritz a connu mille et une vies, qu’elle est un millefeuille de destins croisés ?
Elle s’en est allée il y a longtemps, mais elle est encore partout. Eugénie, impératrice des Français, a – raconte-t-on encore aujourd’hui – lancé la station, transformant un modeste port de pêche en théâtre des vanités. C’est dans son sillage que se sont ruées toutes les cours d’Europe, alors même que la France ne tardera pas à tourner le dos à l’Empire. C’est là que s’est réfugiée la haute aristocratie russe en 1917 et que se sont installés les grands bourgeois des Années folles. Là encore que la bonne société des années 1950 découvrait à la fois les ballets du marquis de Cuevas et ceux sur l’eau de fous dingues que l’on appelle désormais les tontons surfeurs… Au fil des années, le rayonnement de Biarritz va donner un nouveau visage au Pays basque, tant côté mer que côté terre. La ville devient ainsi un véritable laboratoire architectural, avec ses folies fin XIXe (villa Belza), ses mini-châteaux pour bourgeois très enrichis de la IIIe République (château Boulart), ses maisons néo-normandes (villa Édouard VII), néo-andalouses (villa Casablanca, qui a appartenu à Jean Patou), néo-gothiques (villa Javalquinto, aujourd’hui l’office du tourisme), néo-Renaissance (château Gramont), néo-basques (villa Etchepherdia), ses manifestes Art déco…
Biarritz a longtemps connu la lumière, puis l’ombre. Dans les années 1970, et jusqu’au début du nouveau millénaire, les volets sont clos dix mois sur douze ; les campings remplacent les parcs des grandes propriétés ; les vans de hippies surfeurs et fumeurs, les limousines avec chauffeurs ; les barres d’immeuble, les grands hôtels sur le front de mer ; les grandes maisons construites pour les grandes familles sont découpées… Biarritz passe alors de mode et cumule les choix hasardeux, voire calamiteux.
Quelques irréductibles restent toutefois sous le charme d’un climat pour le moins incertain, d’une côte déchiquetée par une houle permanente, de ces montagnes que l’on
aperçoit toujours au détour d’une rue. Des irréductibles qui vont réinventer la ville – rejoints par ceux que ces mêmes irréductibles, et les natifs, appellent ici les «néo». Ils vont commencer par supprimer les frontières invisibles avec Anglet, puis Bayonne d’un côté, Bidart et Guéthary de l’autre, vont faire de l’œil à cet arrière-pays si proche, Arbonne, Arcangues… Ils vont imaginer des lieux où la fête est de nouveau belle, sans céder au bling, où s’invente une nouvelle gastronomie, où s’imagine une nouvelle hospitalité…
Biarritz est redevenu un épicentre. Il suffit de monter la rue Gambetta pour s’en convaincre, d’essayer de trouver une table, quelle que soit la saison, autour des halles et du marché, de tenter d’attraper le rayon vert depuis la côte des Basques, d’assister à un ballet (encore) lors du festival Le Temps d’Aimer, à une projection du festival Biarritz Amérique Latine ou du tout nouveau festival Nouvelles Vagues, de dîner dans l’une de ces auberges d’un genre nouveau avec vue sur la Rhune et les Trois Couronnes, de bruncher près du parc Mazon, de pédaler comme cette joyeuse bande sur cette piste cyclable qui longe l’océan… Surfant sur tous les codes d’une cool et sportive attitude, Biarritz fait la belle et la fière. S.B.
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