48 heures à Bayonne
Nouvelle-Aquitaine/2022
Ne surtout pas réduire la ville de Bayonne à ses fêtes et à ses façades de carte postale.
© Boris Stroujko
Entre deux eaux, à la confluence de l’Adour et de la Nive, entre eaux douces et océan, entre Pays basque et Landes, Bayonne donne parfois l’impression d’être sans cesse entre deux. Regardant autant d’un côté, vers les Pyrénées, que de l’autre, vers la Gascogne. D’ailleurs, le gascon fut longtemps la langue officielle. À force d’être tiraillée, la ville s’est habituée à vivre dans l’ombre de ses voisines balnéaires, Biarritz au sud et Hossegor au nord, notamment. Jusqu'à se contenter par dépit sûrement, d'être une ville de garnison (le 1er régiment de parachutistes d'infanterie de marine y a élu domicile en 1960), une sous-préfecture un peu figée où sans doute on s'ennuyait un peu. Mais ça, c'était avant ! Bayonne est sortie de sa léthargie et ne mise plus uniquement sur ses fêtes pour attirer la lumière. Désormais parfaitement proprettes, les façades à colombages rouges, verts ou bleus des quais, des rues étroites ou placettes planquées, les grandes maisons néobasques des années 1930 du quartier des Arènes font de l'œil aux néo-urbains en quête d'un nouvel équilibre. La preuve ? Les prix de l'immobilier, déjà en surchauffe sur les côtes basques et landaises, ont pris entre 11 et 18% suivant les quartiers en un an. Bayonne fait sa mue, se ripoline, se pousse du col, bref, se gentrifie. C'est encore balbutiant, mais c'est indéniable. Le quartier du Petit Bayonne (entre Adour et Nive), à la réputation autrefois sulfureuse, accueille désormais - en plus des charmants musée basque et de l'histoire de Bayonne et musée Bonnat-Helleu, actuellement fermé pour restauration - des tiers lieux, des ateliers de créateurs et autres boutiques cool. Dans le Grand Bayonne, le coeur historique, on monte et on descend, au hasard, rue du Marché, rue d'Espagne, rue de Pilori, on visite la cathédrale, son cloître, la place Montaut, les remparts (signés Vauban, of course)... Les jeunes tables se succèdent, les bons artisans itou, les librairies font de l'oeil (la ville s'enorgueillit d'afficher un nombre de librairies par nombre d'habitants, une pour moins de 5000 habitants, bien supérieur à la moyenne nationale). Comme dans toutes les villes moyennes de France, les Dames de France ont laissé la place aux Galeries Lafayette, le charme s'en est allé. Mais reste, bien sûr, rue du Port-Neuf, à faire le tour comparatif des chocolatiers. C'est par Bayonne que le chocolat est arrivé en France, dans les bagages des Juifs fuyant l'inquisition espagnole. Aujourd'hui, ce sont Cazenave, Pariès, Daranatz qui régalent (plus ou moins). Le charme de ces boutiques parfois un peu hors d'âge, lui, est resté ! D'autant plus si l'on ajoute la version plus contemporaine avec Monsieur Txokola... Bayonne a tout pour être le terrain de jeu de créatifs imaginatifs et curieux. Certains y ont inventé des vélos, d'autres des matériaux composites, de la robotique et d'autres, enfin, réinventent le chocolat ! Certes on continue, pendant cinq jours, fin juillet, d'y faire la bringue, et pour certains, d'y boire plus que de raison en blanc et rouge ; de célébrer le jambon depuis 560 ans, le week-end de Pâques ; pour les amateurs de corrida, de se régaler dans les arènes de poche au charme indéniable ; pour ceux de rugby, de chanter à l'unisson l'hymne Pena Baiona... Tout cela peut résonner pour certains comme un folklore un peu dépassé, voire surfait ou même surjoué. Ce serait mal connaître l'âme généreuse joueuse et rieuses d'une ville carrefour où l'on peut acheter son poisson le long des Allées Marines au cul d'un bateau, boire un verre chez Lekua (à Anglet, en réalité), en face des grues du port (qui s elasse 9e port de commerce français), goûter au kebask (kebab basque) chez Basa, installé dans un ancien tribunal...
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