Veuillez patienter...

Contact

37-39 rue Boissière
75016 Paris
France

Appeler : 01 41 40 99 80

GaultMillau © 2025 Tous droits réservés

Vers un restaurant plus responsable

Vers un restaurant plus responsable

Sylvie Berkowicz | 09/11/2023 16:48
Désactivez votre adblocker

Ouvrir son premier restaurant et le vouloir le plus vertueux possible, un défi pour les chefs qui souhaitent se mettre en cohérence avec leurs valeurs. Camille Guérin et James Lambert nous en parlent.

Travaux, équipements, eau, énergie… tout entre en ligne de compte avant même de penser à la cuisine et aux clients. Des préoccupations financières et pratico pratiques, qui font partie de la vie, pas toujours glamour, du restaurant. Entretiens avec la jeune cheffe Camille Guérin et James Lambert des Alchimistes, qui intervient auprès des restaurateurs pour la gestion de leurs déchets alimentaires.

« Tout ça demande énormément d'énergie, d'organisation et de temps »

Camille Guérin vient d’ouvrir A Table ! dans le 7ᵉ arrondissement parisien. Dans ce local, qui était déjà un restaurant, elle a dû tout refaire. Un gros budget donc qui a impacté les décisions à venir. Car vouloir bien faire, ne signifie pas pouvoir tout faire.

« Il a fallu prioriser », concède la jeune cheffe, « Car même si je n'ai pas fait énormément de concessions, j’ai un peu le regret de n’être pas allée aussi loin que je le voulais. On aurait pu mieux isoler, utiliser de l’énergie verte, mais elle coûte trois fois plus cher, prendre de l’équipement de cuisine usagé. Seule en cuisine, je ne pouvais pas prendre ce risque. Pour le mobilier, les banquettes, les tables, la verrière, on a eu de la chance grâce à un ami qui travaillait dans un restaurant en liquidation. Je ne pouvais pas rêver mieux. Mais tout ça demande énormément d'énergie, d'organisation et de temps ».

Bien gérer ses déchets, un défi

S’il est un point important, surtout en milieu urbain et a fortiori dans une grande ville comme Paris, c’est la gestion des déchets. Officiellement, en janvier 2024, tous les acteurs de la restauration devront se conformer à la loi les obligeant à trier leurs bio déchets, dès le 1ᵉʳ kilo généré. Ce qui est déjà le cas depuis 2016 pour ceux qui produisent plus de 10 tonnes de déchets par an, (environ 450 à 600 couverts par jour) et depuis janvier 2023 pour ceux qui génèrent 5 tonnes de déchets, (à peu près 150-200 couverts).

« Dans les cuisines où j'ai travaillé, le gaspillage était très important » poursuit Camille Guérin, « Et franchement, dans mon restaurant, je ne me voyais pas jeter mes déchets dans une poubelle classique. Quand je me suis demandé comment les gérer, j’ai fait des recherches et ai finalement rencontré les Alchimistes. ».

Depuis 2016, les Alchimistes collectent les déchets alimentaires des professionnels de la restauration traditionnelle ou collective. « Nous estimons, et c’est chiffre à prendre avec des pincettes, qu’il a environ 10 millions de tonnes de déchets alimentaires générés par an en France, dont 15% par les restaurants » précise James Lambert, responsable développement commercial chez Les Alchimistes. « Ils représentent un segment important et c’est la raison pour laquelle ils ont été nos premiers clients. Mais c’est variable selon le type de cuisine, puisque dans celle où on ne fait que de l'assemblage, il y en a beaucoup moins. La cuisine traditionnelle, faite à partir de produits bruts, en génère largement plus. On considère qu’il y a entre 100 et 160 grammes de déchets alimentaires par assiette, comprenant les déchets de production et de retour d'assiette ».

Les Alchimistes, comment ça marche ?

Le service proposé par Les Alchimistes comprend la dépose dans chaque cuisine d’un bac changé à chaque collecte (généralement deux fois par semaine). Les déchets sont, en Île-de-France, envoyés vers deux plateformes qui les transforme et les vend sous forme de compost. Le service est payant, basé sur une facturation au réel. Chacun des bacs est tracé en termes de qualité et de poids et le tarif dégressif si le tri est bien fait.

« Le prix peut être un frein, mais pour beaucoup de restaurateurs intéressés par la démarche, en particulier à Paris, ce n'est pas forcément le principal » poursuit James Lambert. En revanche, l’espace nécessaire peut être compliqué à envisager. « À la base, dans les restaurants, il n’y avait qu’une poubelle On a en a ensuite mis une pour le verre, puis une troisième pour le recyclage. Et là, il y en a une quatrième qui s'invite ! ». Et comment bien faire le tri ? « Une formation est très importante. L'objectif est d’indiquer clairement quoi mettre dans le bac, avec de l'affichage en mots et en images ».

Les grands chefs, figures d’exemple

Selon James Lambert, très peu de restaurateurs, en Île-de-France, s’y sont mis. Bien organisées et se soumettant à la législation, les chaînes et franchises font figure de bons élèves. Mais c’est aussi aux grands chefs de montrer l’exemple. « On ne peut pas, d’un côté, clamer qu’on utilise les produits parfaits d'un maraîcher qui travaille en bio et de l’autre côté laisser-aller les déchets ! Si Alain Passard fait quelque chose, il y a de grandes chances que derrière, un millier ou peut- être plusieurs milliers de chefs se disent « il faut vraiment que je m'y mette aussi ! » conclut James Lambert.

Quant à Camille Guérin, dans son restaurant de poche, le bac est bien présent, un élément parmi d’autres d’une éthique qui ne se limite pas à l’équipement et aux déchets, mais aussi aux humains.  « On parle beaucoup de produits, mais il n'y avait pas que ça » affirme la cheffe, « On a décidé de rémunérer justement notre collaborateur en salle. Malheureusement, on doit faire trois coupures, mais on valorise le surplus des heures supplémentaires par deux semaines de congé payées en plus. Il faut trouver un équilibre, pour nous, pour lui et pour les futurs employés.  Et changer les choses à ce niveau-là, c'est hyper important ! »

Désactivez votre adblocker

Ces actualités pourraient vous intéresser

Mauro Colagreco en 5 plats
Actus & Rendez-vous
Mauro Colagreco en 5 plats
Installé à Menton, le Mirazur de Mauro Colagreco tutoie les sommets. Le chef décortique pour nous 5 plats qui, selon lui, ont forgé la réputation de son restaurant.
Où trouver les meilleures adresses cachées à Lyon pour les gourmets ?
Tables & Chefs
Où trouver les meilleures adresses cachées à Lyon pour les gourmets ?
Où manger à Lyon à l’abri des regards ? La capitale des Gaules regorge d’adresses secrètes et de restaurants cachés où vivre une expérience culinaire confidentielle. Voici notre sélection de repaires discrets, à découvrir loin de l’agitation.
Les chefs réinventent l’apéro parfait avec le St-Germain® Spritz
Actus & Rendez-vous
Les chefs réinventent l’apéro parfait avec le St-Germain® Spritz
Cyril Lignac, Diego Alary et d’autres chefs remixent l’apéro autour du St-Germain® Spritz avec des recettes ultra créatives à découvrir sur les quais de Seine, dès le 13 juin !
Le chef Jean-Luc Tartarin, figure havraise, est décédé à l’âge de 59 ans
Actus & Rendez-vous
Le chef Jean-Luc Tartarin, figure havraise, est décédé à l’âge de 59 ans
Le chef Jean-Luc Tartarin nous a quittés. Installé au Havre, il était une référence de la gastronomie normande depuis plus de trois décennies.
Denis Martin ouvre La Belle Vie : un nouveau chapitre au cœur du Gard
Actus & Rendez-vous
Denis Martin ouvre La Belle Vie : un nouveau chapitre au cœur du Gard
Après sept années chez The Marcel, Denis Martin s’apprête à ouvrir son propre établissement à Saint-Hilaire-d’Ozilhan. Le chef nous en dit plus sur cet hôtel-restaurant, baptisé La Belle Vie.
Ce chef nous convainc de manger un pot-au feu au printemps
Tables & Chefs
Ce chef nous convainc de manger un pot-au feu au printemps
Au Jardin des Plumes, David Gallienne cultive une cuisine sensible, nourrie par le terroir normand et son jardin aromatique, à l’image de cette revisite printanière du pot-au-feu, fraîche et colorée.
Devenez Partenaires