Ne pas confondre vin pascal et vin de messe !

La viande d’agneau présente différents morceaux qui n’ont pas exactement le même goût. Le gigot, l’épaule ou le carré n’ont ni la même texture, ni la même saveur. Le premier, moins gras, peut se servir saignant. L’épaule, moins tendre, est un rien plus rustique. Enfin, le carré offre un bon compromis tendresse-saveur-gras. Avec une cuisson longue, vous obtiendrez une chair presque confite, très tendre et goûteuse, à l’image du fameux agneau de 7 heures. Rôti au four, la sensation sous la dent sera plus ferme, mais le goût tout aussi prononcé. Les cuissons en daube ou en tajine apportent également plus de tendresse. Reste donc à choisir le vin… 

Rouge toujours, blanc rarement 

Peu de blancs s’accordent avec cette viande, certes fondante, mais au goût marqué. Quelques exceptions, néanmoins, si vous allez vers des formes plus exotiques de plats comme le tajine qui ont un apport en sucres. Vous pouvez alors aller chercher une acidité plus nette en ouvrant un blanc de type crozes-hermitage blanc, qui conjugue puissance, rondeur, générosité et fraîcheur. Benjamin Roffet, Meilleur sommelier de France 2012, vous conseille, avec un tajine d’agneau, pignons et abricots, un beau liquoreux de chenin de la Loire ou un sauternes avec un peu d’évolution, car ces vins conjuguent ampleur et fraîcheur finale. 

Et classiquement ? 

Traditionnellement, on accorde à l’agneau des grands bordeaux aux tanins assagis par le temps. Le premier d’entre eux est bien sur le pauillac. Pourquoi ? Sans doute parce qu’on l’associe avec l’agneau de Pauillac et que l’accord régional est toujours naturel. Plus largement, les vins du Médoc ayant digéré leurs tanins conviendront bien. Il faut bien compter a minima une dizaine d’années. Nous avons encore le souvenir ému d’un Pichon Baron 1991 (année du gel et millésime peu réputé) dégusté avec un gigot de pré-salé… l’accord était divin. Rive droite, les saint-émilions et autres pomerols seront peut-être un peu plus délicats, mais l’accord est à tenter. 

Sinon ?  

Alternative classique aux bordeaux, les vins du Rhône Nord prestigieux, côte-rôtie ou hermitage. Ces grandes syrah seront parfaites à condition de ne pas les ouvrir dans leur prime jeunesse, le fruit noir, la violette et le poivre risquant de réduire la complexité de la viande. Comptez 6 ans minimum. Vous pouvez aussi essayer un cornas ou un saint-joseph pour épauler votre épaule… 

Toujours dans le Rhône, mais plus au sud, les châteauneuf-du-pape un rien évolués s’accorderont très bien. Le principe de l’accord est toujours le même avec l’agneau, il ne faut pas que les tanins viennent perturber la viande, mais il faut au vin un minimum de structure pour tenir le plat. Un châteauneuf-du-pape avec quelques années de garde en cave offre à la fois des tanins soyeux et une structure idéale.  

Moins classique, la Provence avec les baux-de-provence et bandol. Grands vins de garde à base de mourvèdre, les bandols rouges, même s’ils nous semblent plus appropriés aux viandes de bœuf, conviennent parfaitement à l’agneau. Choisissez un vin d’une bonne dizaine d’années sur la délicatesse et pensez à ajouter une branche de romarin frais à la cuisson de l’agneau. Pour les baux-de-provence rouges, 5 à 6 ans suffisent et permettent aux grenaches de s’assouplir. 

Enfin, pour les plus audacieux 

Pour un accord moins convenu, Jean-Michel Deluc, sommelier du Petit Ballon, recommande de ne pas oublier les grands champagnes rosés, si possible assez vineux. Quand ils sont issus de saignée notamment, ces rosés à la couleur affirmée, aux notes fruitées finement épicées, conviennent parfaitement à un agneau de lait, servi rosé. 

Joyeuses Pâques !