Lille, nouvelle capitale incontournable pour les becs sucrés

Marguerite Yourcenar, Jackie Kennedy, le natif lillois Charles de Gaulle qui s’en faisait livrer à l’Élysée, et plus récemment Amélie Nothomb… De nombreux grands de ce monde, d’hier et d’aujourd’hui, ont déjà englouti ce qui est considéré comme la douceur sucrée la plus emblématique de Lille. Reconnaissable par sa forme ovale et son subtil parfum de vanille de Madagascar, la fine gaufre servie par la Maison Méert est une institution depuis 1849. Mais, ce n’est plus la seule depuis 1997, lorsque Frédéric Vaucamps décide de revisiter un dessert belge traditionnel à base de meringue, de crème et de copeaux de chocolat, pour le rendre plus léger : le merveilleux. On connaît bien sûr le succès des boutiques d’Aux Merveilleux de Fred qui se sont exportées jusqu’à New York.

En ajoutant les créations du boulanger-star de la région, Alex Croquet, ces différents desserts ont finalement été durant longtemps les uniques plaisirs à s’offrir lors d’un détour par la capitale des Flandres. Mais c’était sans compter sur une nouvelle génération de jeunes pâtissiers qui ressuscitent depuis ces cinq dernières années la légende sucrée de Lille. À une heure en train de Paris, où le maillage de nouvelles boutiques est saturé par toujours plus d’adresses, Lille se démarque par une multiplication de nouvelles affaires misant sur la qualité des matières premières et les goûts francs. Voici cinq passages obligés à l’heure du goûter et des petites faims intempestives…

Oxalis & Bergamote

« Avant que nous ouvrions, il n’y avait pas foule dans le Vieux-Lille en matière de pâtisseries. Et depuis la COVID-19, cela a explosé » reconnaît Ingrid Vanbleu qui a concrétisé son rêve de tenir une boutique de pâtisseries en ouvrant Oxalis et Bergamote en mai 2019. Accompagné de son conjoint Romain Samson, qui a opéré une reconversion professionnelle après une carrière d’architecte paysagiste, le duo a conquis les papilles d’une clientèle de quartier dans le Vieux-Lille en misant sur des recettes simples comme une brioche roulée à la cannelle, un marbré vanille/chocolat et un flan vanille. Surtout, les jeunes entrepreneurs ont à cœur de n’utiliser que des matières premières locales, comme le lait cru et le beurre de la ferme des Anneaux, à Avelin. Il y a deux ans et demi, Ingrid et Romain ont ajouté une corde à leur arc en complétant leur vitrine d’une gamme de biscuiteries. « Ce qu’on aime, c’est réaliser des gâteaux simples dans lesquels on retrouve le goût de chaque ingrédient » explique la pâtissière d’origine dunkerquoise.

• 44 rue d'Angleterre, 59800 Lille
• www.oxalisetbergamote.fr

Le chocolatier Encuentro

À quelques kilomètres de la frontière belge, que l’on indique souvent comme le pays du chocolat, Antoine Maschi et Candice Peytour bousculent les avis avec leur projet de fabrication artisanale. Ils osent depuis 2019 le minutieux travail de torréfaction et de conchage des fèves de cacao qu’ils reçoivent des quatre coins du monde, depuis le Pérou jusqu’en Bolivie, une origine dont ils travaillent le cacao sauvage. « Nous avons une approche sans beurre de cacao, ce qui rend nos chocolats très singuliers » explique Antoine, qui raconte avoir appris son métier dans une chocolaterie familiale en République dominicaine, dont il propose aussi une variété. L’atelier d’Encuentro est situé en toute proche banlieue de Lille, à Saint-André. « Candice et moi nous sommes rencontrés à Lille lors de nos études d’ingénieurs. Et lorsque nous avons décidé de déménager notre atelier de fabrication de Montreuil, c’était une évidence de retourner dans cette ville à laquelle nous sommes attachés. Nous sommes fiers d’y avoir construit notre projet ; c’est un véritable bassin entrepreunarial » confie Antoine. Entre passé et présent, la boucle est bouclée puisque Encuentro fournit du chocolat à la pâtisserie Méert pour ses propres créations sucrées.

• 26 rue Félix Faure, 59350 Saint-André-lez-Lille
• www.chocolatencuentro.com

©Encuentro

L’Ogre de Carrouselberg

“Dors mon p’tit quinquin, min p’tit pouchin…” N’est pas Lillois celui qui ne connaît pas cette célèbre comptine qui a bercé l’enfance de nombreuses générations. Comme un clin d’œil aussi doux qu’une berceuse, Stéphanie Touzet et Matthieu Buchalski s’en sont inspirés pour créer le gâteau signature de leur boutique, dont le nom emprunté à un conte régional révèle leurs thèmes d’inspiration. À picorer du bout des doigts, le P’tit Pouchin est garni d’une crème légère à la vanille de Madagascar et parfumée à la fleur d’oranger. Variant les plaisirs en fonction des saisons, la recette est devenue aussi incontournable que la gaufre de Méert. Dans la gamme de pâtisseries, le pompon Gianduja, est aussi un « must-have » qui fait retomber en enfance, avec son régressif cœur crémeux aux noisettes. 

• 17 rue des Vieux Murs, 59800 Lille
• www.ogre-de-carrouselberg.com

Maison Beauchamp

C’est l’une des toutes dernières sensations sucrées du centre-ville. D’abord ouverte à Wattrelos, la maison Beauchamp a déployé sa notoriété en s’installant au cœur de l’agitation, tout près de la place Rihour, un point de rencontre bien connu des Lillois faisant le lien entre le Vieux-Lille et le quartier de Wazemmes en pleine mutation. Derrière une vitrine au décor léchée, l’enseigne reprend les codes des fruits sculptés qui ont fait du chef pâtissier Cédric Grolet la star d’Instagram. Misant sur un concept haut-de-gamme, Beauchamp s’est approprié la méthode en l’adaptant à ses propres créations, comme celle d’un popcorn, garni d’une ganache montée et d’un crémeux au goût du maïs soufflé. Un plaisir d’autant plus assuré par un caramel au beurre salé qui ne manque pas de craquant avec son croustillant au maïs. 

• 14 Rue de la Vieille Comédie, 59800 Lille
• www.facebook.com/p/Maison-Beauchamp

©MaisonBeauchamp

Le salon de thé Pablo & Valentina

C’est l’une des toutes premières adresses de cette nouvelle génération qui propose du bon et du beau à Lille. D’abord inspirée par les goûters anglais, la famille Cordelette a opéré un récent virage pâtissier pour se concentrer sur des desserts plus traditionnels comme le Mont-Blanc et le Paris-Brest. Situé en plein cœur du Vieux-Lille, le salon de thé avait l’ambition à son ouverture de « concurrencer les nouvelles chaînes de café fraîchement débarquées en misant sur des ingrédients frais et de saison » explique Vincent Cordelette, qui vient de prendre la succession de son père à la direction des lieux.  

• 17 Rue Bartholomé Masurel, 59800 Lille
• Lire l'avis de Gault&Millau sur Pablo & Valentina