Les 10 qui font Arles

Voilà dix ans environ, la ville a entamé une incroyable métamorphose, sous l’impulsion notamment de la collectionneuse et mécène suisse Maja Hoffmann, qui a choisi d’y implanter la fondation Luma. Devenue une véritable place forte de l’art contemporain – capable de faire jeu égal avec les grandes métropoles françaises et internationales – Arles change peu à peu de visage. Plus arty, plus vivante, plus cosmopolite aussi. Dans les ruelles de la vieille ville, les ateliers d’artisans et les petits bars historiques voisinent désormais avec des galeries d’art et de design, des boutiques de mode et des restaurants où une jeune génération, parfois venue de très loin, revisite la culture provençale, loin des traditionnels clichés sudistes. Un nouvel âge d’or, à découvrir au fil de nos 10 coups de cœur…  

Où dormir ?

• Le Cloître

Inauguré en 2012, Le Cloître fait désormais partie des incontournables de la ville. Le mérite en revient à sa situation, en plein cœur historique, mais surtout à la déco signée India Mahdavi avec 19 chambres et suites qui déclinent le meilleur de sa grammaire – génie des couleurs et des mélanges, profusion des formes et des matières. L’ensemble infuse une ambiance intime et chaleureuse avec, en prime, le rooftop et sa vue sublime sur le clocher de l’église Saint-Trophime. À savoir, le lieu ne propose pas de service de restauration, mais on peut rejoindre en voisin l’épicerie du Cloître qui régale de recettes toutes fraîches, à base de produits locaux.

Chambre double à partir de 99 €, petit déjeuner non compris.

18, rue du Cloître. Tél : 04 88 09 10 10. www.lecloitre.com

• L’Arlatan 

Le plus ancien hôtel particulier d’Arles et, aujourd’hui, l’un des lieux les plus vivants grâce à la remarquable restauration de l’artiste cubain Jorge Pardo. Le plasticien a réveillé les 35 chambres et suites d’un mix d’influences provençales et sud-américaines : teintes chaudes, meubles de designers, mosaïques de couleurs vives réalisées à la main, le tout sans rien céder au confort. Un sans-faute qui se retrouve dans le délicieux jardin où se cache une piscine, un bar à cocktails.

Chambre double à partir de 150 €, petit déjeuner non compris.

20, rue du Sauvage. Tél : 04 65 88 20 20. www.arlatan.com

Où déjeuner, dîner, boire un verre ?

• Inari, Céline Pham

C’est la première «table fixe» de la cheffe qui ne fait un peu rien comme les autres et n’en fait qu’à sa tête, Cécile Pham. Installée dans une ancienne chapelle du XIIIe, elle prouve qu’elle l’a bien faite – sa tête – et qu’elle a bien raison de lui faire confiance. Ses assiettes sont à son image : libres. Et parfaitement dans l’air du temps.

16, place Voltaire. Tél : 09 82 27 28 33.

• Le Greenstronome, le plus toqué

Le prince des herbes et du vent, l’homme qui parle à l’oreille des chevaux de Camargue est toujours un funambule. Chez lui, dans son univers arlésien, la «greenstronomie» prend le pouvoir et l’exploration va si loin que le télescope Hubble ne parvient pas à la suivre. Vous sortirez donc légèrement transformés après cette expérience, par les multiples arrêts dans le jardin, la cueillette des champignons, une pêche en mer improvisée et pourtant très recherchée. Car la cuisine de Jean-Luc Rabanel est tout sauf une folie de l’instant. Tout ce mouvement, toute cette vie est au contraire pensée, réfléchie, soupesée au gramme près pour obtenir le résultat souhaité par l’artiste, qui ne lâche son pinceau qu’au dernier moment.

7, rue des Carmes. Tél : 04 90 91 07 69. www.rabanel.com

• Le marché

Les Arlésiens se retrouvent tous les samedis matin sur ce marché, l’un des plus beaux et des plus vastes de Provence (avec quelque 600 étals et plus de 2 km !). Fruits et légumes, fleurs et épices, huile d’olive, riz de Camargue… On trouve ici le meilleur de la production locale et quand les paniers sont pleins, on file vers la place du Forum toute proche pour savourer un rosé bien frais. Notre terrasse préférée ? Celle du Nord-Pinus, l’institution arlésienne célébrée par Picasso et Jean Cocteau… «Voilà un hôtel qui a une âme», disait l’écrivain.

Marché. Boulevard des Lices et boulevard Clemenceau.

Hôtel Nord-Pinus. Place du Forum. Tél : 04 65 88 40 40. nord-pinus.com

A voir, à faire…

• Moustique, etc.

Piloté par Sylvie Demaizière et Brigitte Benkemoun, ce concept-store détourne les codes de la Camargue avec des créations pleines d’esprit : lampes fabriquées en sagne (le roseau des marais camarguais), plaids de la filature provençale Brun de Vian-Tiran et, best-seller du moment, les assiettes aux moustiques sérigraphiés de l’illustratrice Roxane Lagache. Et enfin, un coup de cœur pour le tee-shirt maison avec sa formule : «Piqué(e)s à Arles !»  

Après cet incontournable du shopping, il faut flâner à travers les ruelles pour rejoindre la place de la République et Alyscamps, nouveau temple de la cosmétique bio imaginé par Julie Faivre-Duboz ou encore les succulents miels et les délicieuses bougies de la Maison Rucher.  

Moustique. 14, rue du Docteur-Fanton.

Alyscamps. 15, place de la République.

Maison Rucher. 16, place de la République.

• Luma Arles, parc des Ateliers

On vient ici admirer la spectaculaire tour de l’architecte Frank Gehry qui signe désormais le paysage arlésien avec ses 18 mètres de haut et ses 11000 panneaux de métal qui s’embrasent au soleil couchant. Sur place, on découvre l’intégralité du lieu aménagé dans les anciens ateliers ferroviaires d’Arles, vaste friche industrielle de 11 hectares transformée en campus créatif et lieu d’expo, le tout sous l’impulsion de la mécène suisse Maja Hoffmann. Au menu cette année, interventions d’artistes dans la Tour (Philippe Parreno, Olafur Eliasson…), exposition du designer allemand Konstantin Grcic ou de la photographe américaine Diane Arbus, en lien avec les Rencontres d’Arles... 

45, chemin des Minimes. Tél : 04 65 88 10 00.

• Actes Sud

On adore cette adresse chaleureuse, authentique et cultivée, au sens le plus noble du terme. Incontournable de la cité arlésienne, la librairie Actes Sud est un temple de la littérature, mais pas seulement. Sous l’impulsion de Françoise Nyssen (ex-ministre de la Culture et aux manettes de la maison d’édition familiale jusqu’à fin 2022), le lieu organise régulièrement des rencontres avec les meilleurs auteurs français et internationaux et abrite également une galerie, un cinéma d’art et d’essai, un resto-bistrot avec une terrasse ombragée ouvrant sur les rives du Rhône (délicieuse cuisine du Maghreb) et même un hammam. Le tout à deux pas de la très belle chapelle du Méjan où sont organisés expos et concerts.

Place Nina-Berberova.

• Fondation Lee Ufan Arles

Francophile et amoureux de la cité arlésienne, l’artiste sud-coréen a choisi d’y installer sa fondation dans l’hôtel Vernon, somptueux bâtiment XVIIe dont les salles ont été réaménagées par l’architecte star Tadao Ando. Inaugurée en 2022, la fondation fait déjà carton plein avec une sélection des plus belles œuvres de l’artiste – peintures et sculptures minimalistes qui font dialoguer architecture historique et pratique contemporaine. Un lieu éminemment zen et poétique, à ne pas manquer. 

Hôtel Vernon, 5, rue Vernon.

• Le musée Réattu et la vieille ville

Logé dans un ancien (et superbe) prieuré, l’atelier de Jacques Réattu est l’occasion de découvrir les œuvres du peintre arlésien, mais la valeur ajoutée du lieu tient surtout aux multiples expositions qui offrent, chaque fois, de passionnants dialogues avec des œuvres contemporaines. S’y ajoute un incroyable fond de photographies (Brassaï, Man Ray), de sculptures d’Arman et César, de dessins de Christian Lacroix (autre enfant du pays), mais surtout de 57 dessins de Picasso. Le tout avec des vues magiques sur le Rhône et la vieille ville qu’il faut absolument arpenter après la visite. Nos principaux coups de cœur ? Les thermes de Constantin à deux pas, la fondation Vincent Van Gogh et ses remarquables expos temporaires, le cloître Saint-Trophime (merveille du XIIe avec ses somptueuses salles voûtées) et, bien sûr, les spectaculaires arènes qui comptent parmi les 20 plus vastes du monde romain.

Musée Reattu. 10, rue du Grand-Prieuré.

Une échappée en plus…

• Arles et ses plages

L’un des (nombreux) attraits d’Arles tient à sa proximité avec la Camargue, le deuxième plus grand delta de Méditerranée après le Nil et surtout une magnifique réserve naturelle entre ciel et eau, peuplée de chevaux, de flamants roses et de taureaux. Pour découvrir cet éden, l’idéal est de traverser le parc régional de Camargue en suivant la route de la pointe de Beauduc qui offre de multiples sentiers de randonnées à travers les marais et conduit jusqu’à la mer, avec deux spots à ne pas manquer. La longue plage de Piémanson avec son sable blond et le phare de Faraman à l’horizon et celle de Beauduc avec ses dunes, ses petits cabanons déglingués et ses airs de bout du monde. Deux lieux restés miraculeusement sauvages, et préservés.

• La ville, à l’heure des Rencontres photographiques…

Rendez-vous incontournable de tous les amoureux de la photographie, les Rencontres édition 2023 se déclineront autour d’une trentaine d’expositions avec de vraies pépites : les photos de Sète d’Agnès Varda qui inspireront plusieurs de ses films, les Polaroïds de Wim Wenders pris sur le tournage de L’Ami américain ou encore les images de la forêt amazonienne du Péruvien Roberto Huarcaya. À ne pas manquer également, la rétrospective de l’Américain Saul Leiter. Du 3 juillet au 24 septembre 2023.