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Le melon IGP du Haut-Poitou, le fruit qui a de quoi frimer

Le melon IGP du Haut-Poitou, le fruit qui a de quoi frimer

Benoit Gaboriaud | 11/04/2024 17:03

Il se déguste le plus souvent en tranche, mais aussi en jus. Il se prépare en salade, en brochette, nature ou cuisiné, cru ou même grillé à la planche, en entrée ou au dessert… Le melon charentais est le fruit de l’été par excellence, celui du partage.

Au Prieuré de la Dive, exploitation agricole située à Cizay-la-Madeleine (Maine-et-Loire), petit village de moins de 500 âmes, le melon se cultive dans la plus grande tradition depuis cinquante ans.

Julien Godet, actuel président du Syndicat des producteurs de melons du Haut-Poitou, est fils d’agriculteurs. Étudiant motivé à l’ESA d’Angers, il obtient un diplôme d’ingénieur en agriculture et s’installe dans le Sud-Ouest pour travailler dans le commerce des fruits et légumes. Nostalgique du Haut-Poitou, désireux de renouer avec la terre, il rachète en 2009 le Prieuré de la Dive, fondé par Marie-France Monneau en 1972. Le melon (de son vrai nom Cucumis melo) était déjà à l’époque le produit phare de la région. Le jeune propriétaire s’y consacre donc pleinement, avec l’objectif de suivre l’exploitation jusqu’à la mise en vente.

Selon lui, le terroir typique de la région confère à ses melons des qualités gustatives indéniables. En revanche, il reconnaît volontiers qu’il est assez difficile de distinguer un melon du Haut-Poitou de celui d’un autre territoire, bien que sa culture diffère. La terre repose ici sur un sol argilo-calcaire unique, le tuffeau, caractéristique du Saumurois. Cette roche à la texture veloutée a permis d’y construire des sites troglodytiques. Elle a surtout la propriété de retenir l’eau, ce qui assure au melon une hydratation constante, grâce à ses racines pivotantes et longues de plusieurs dizaines de centimètres. Ainsi, nul besoin d’irriguer les cultures.

Dans la région, Julien Godet, comme ses confrères, sème sous serre à partir du mois de mars. Il plante de fin mars à juin 120 hectares, sur les 150 que totalise son domaine, pour récolter de juin à septembre. La majorité de sa production de melons est certifiée HVE (haute valeur environnementale), preuve de son engagement pour préserver les écosystèmes. Une partie anecdotique est réservée à l’agriculture biologique. L’agriculteur a aussi étendu son activité, avec succès, vers la pastèque, le potimarron et le butternut, ces légumes étant, eux aussi, issus de la famille des cucurbitacées.

"Plus un melon est gros et lourd, meilleur, il sera..."

Sur les 300 variétés de melons charentais qui existent, Julien Godet en exploite une vingtaine, en fonction des saisons. Pour le consommateur, cela ne fait aucune différence, du moment qu’il sait les choisir en respectant ce principe : « Plus un melon est gros et lourd, meilleur, il sera, car plus ferme et sucré… » Au Prieuré de la Dive, les récoltes s’effectuent à la main. Une trentaine d’employés à l’œil aiguisé ne ramassent que les melons dont la couleur tire vers le jaune et dont le pédoncule se décolle, signe de leur maturité. Pour s’assurer que le melon sera goûteux, Julien Godet passe par la station d’emballage. Cette étape permet de relever son degré Brix, définissant la quantité de sucre contenue dans les fruits. Elle doit être supérieure à 12 °B [soit 12 %, NDLR], pour respecter la norme IGP (indication géographique protégée). Si le niveau n’est pas atteint, le melon est mis de côté.

Sur l’aire d’appellation du Haut-Poitou, comme dans les autres régions productrices de France, les agriculteurs cultivent essentiellement le melon charentais jaune, cette couleur faisant référence à celle de la robe qu’il prend à maturation. En termes de production, le Centre-Ouest se place en deuxième position (26 %), derrière le Sud-Est (52 %) et devant le Sud-Ouest (22%). Il est le premier en Europe à avoir reçu une IGP, dès 1998.

Depuis 2012, à la suite du départ de deux gros opérateurs, la production a chuté de près de 15 %. Sur le plan national, elle est depuis 2009 encadrée par l’Association interprofessionnelle du melon (AIM), qui le promeut au mieux. Ainsi, de grands chefs comme Alain Passard ou Alain Ducasse l’ont intégré à leur carte, chacun à sa manière !

Le melon, un fruit millénaire

L’attrait pour le melon ne date pas d’hier. Cinq cents ans avant notre ère, les Égyptiens le cultivaient déjà. Suivront les Grecs et les Romains. À l’origine considéré comme un légume, il arrive en France, plus exactement à Cavaillon, proche d’Avignon, par l’intermédiaire des moines, qui fournissaient les papes en Italie. À la fin du XVIe siècle, sa culture s’étend jusqu’au Haut-Poitou. Ce n’est qu’à partir des années 1980, à l’initiative de la Cafpas (Coopérative allonnaise de fruits et primeurs, approvisionnement et semences), qu’elle se développe largement dans la région.

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