L’esprit nippon passe à table
Les arts de la table subissent, eux aussi, l’influence japonaise. Entre matières nobles et techniques ancestrales, cette approche tout en délicatesse s’accorde parfaitement avec la vaisselle…
La fascination pour la culture et l’art japonais en Occident n’est pas chose nouvelle. Déjà, entre 1860 et 1890, un mouvement s’installait, offrant alors une source d’inspiration pour les créateurs européens. C’est le « japonisme », terme inventé par le collectionneur Philippe Burty pour qualifier cette approche esthétique. Il infusera dans de nombreux domaines : arts décoratifs, musique, mode, littérature…
De nos jours, ce courant a vécu, mais l’esthétique nipponne continue de faire des émules. Dans les arts de la table, par exemple, il n’est pas rare de voir fleurir ici et là des modèles faisant écho à la vaisselle traditionnelle du Japon. Baguettes mises à part, nos tables accueillent donc bols, tasses à thé, assiettes rondes, carrées ou rectangulaires selon les mets qu’elles contiennent. Même le bento s’impose dans notre quotidien, davantage, il est vrai, pour les repas pris hors du domicile.
Du côté des styles, l’esprit japonais se traduit dans des objets qui font appel à la laque, plutôt réservés à la présentation. D’autres techniques classiques, comme le raku, une méthode d’émaillage obtenue par une cuisson à basse température, qui produit des effets d’enfumage et de craquelures, séduisent.
Récemment, l’art du kintsugi s’est également invité. Cette technique de restauration d’objets cassés, qui valorise les fêlures plutôt que de les dissimuler, en utilisant de l’or, a inspiré nombre de maisons, qui ont imaginé des collections évoquant cet art ancestral. Pillivuyt a même proposé un temps ce service de réparation, et quelques artisans en ont fait leur spécialité…
-
Maison Azuma, le culte de l’essentiel
Au Japon, dans le Kansai, au sud d’Osaka et de Nara, la préfecture de Wakayama est une région boisée et montagneuse, à la fois rurale et touristique. De cette nature, les artisans s’inspirent et puisent des matières premières qui sont la base d’une fabrication respectueuse et ancestrale. Ils conçoivent des produits pérennes, essentiels et beaux. À l’exemple des articles en bois de paulownia réalisés par la maison Azuma et signés Azuma Fukutaro. Sculpté dans une seule planche épaisse, chaque objet est façonné avec soin pour proposer des gammes durables et intemporelles.
-
Bernardaud, la tradition revisitée
L’artiste français d’origine arménienne Sarkis a imaginé le service « Kintsugi » pour la maison Bernardaud. Rien d’étonnant à cela, puisque le créateur est un adepte du procédé : « Je suis fasciné par cette technique japonaise du XVIe siècle qui consiste à rendre visibles des réparations sur céramiques, que l’on réalise avec un mélange de laque et d’or. Cela donne une valeur esthétique encore plus grande. » En proposant une série d’assiettes, tasses et théières ornées d’or, comme si chaque produit était restauré, il revisite ainsi cette histoire ancestrale.
-
Seletti ou le mélange des genres
Seletti s’essaie elle aussi au kintsugi avec une collection du même nom. L’entreprise italienne reprend à son compte cet art japonais, transposé ici dans une version contemporaine. Conçue par Marcantonio Raimondi Malerba, la gamme s’étend des assiettes aux tasses, en passant par des bols, des verres, et même des vases. Le créateur s’amuse ici non seulement à « réparer » la vaisselle à l’aide de filets d’or, mais il mélange les morceaux pour imaginer de nouvelles pièces, pour un résultat surprenant, décalé, mais absolument charmant.
-
Norm Architects à l’heure du thé
Norm Architects propose une tasse à thé issue d’un projet architectural. C’est en Chine, à Xiamen, que le studio a imaginé un salon de thé. Le lien avec le Japon ? Norm Architects a donné au lieu le nom de Basao, directement inspiré de Baisao, un moine bouddhiste zen de l’école japonaise Obaku devenu célèbre pour avoir circulé dans Kyoto en vendant du thé. Les architectes ont poussé le concept avec cette tasse qui invite à prendre son temps, à apprécier le goût du thé. Même le toucher de cet objet relié à la nature apaise.
-
CFOC, la maison de l’Orient
Entreprise française de design et de décoration fondée dans les années 1960 par François Dautresme, la CFOC, ou Compagnie française de l’Orient de la Chine, s’est fait une spécialité de l’empire du Milieu. Si la Chine est le fer de lance de l’entreprise, les collections font tout de même quelques incursions au Japon. À l’image de ces objets d’arts de la table qui s’inspirent directement de l’atmosphère nipponne, comme la gamme « Tsarine », dont chaque pièce est créée dans une manufacture de Hakusan datant de 1908, ou « Calligraphie », une gamme en grès enrichie de kaolin.
Ces actualités pourraient vous intéresser
Produit de bouche, équipement de cuisine, art de la table, solution de service ...
Retrouvez la liste complète des partenaires qui font confiance à Gault&Millau
Tous nos partenaires