Ces régions viticoles émergentes à découvrir
Lorraine, Île-de-France, Bretagne… Pourquoi ces régions accueillent à nouveau de la vigne et quels vins boire ?
Reconstruire demande de la patience, des années, du labeur. Pauline et Édouard Cazals sont les premiers à avoir replanté de la vigne en Bretagne à titre professionnel, à Saint-Jouan-des-Guérets, à deux pas de Saint-Malo. 2022 est leur premier millésime. Le premier millésime de Pierric Petit s’est aussi pointé un an plus tôt en 2021, dans l’est parisien, sur les hauteurs de Chelles, en Seine-et-Marne. Ses six hectares de vignes ont vue sur la future ligne 16 du métro du Grand Paris.
Île-de-France, Bretagne, Creuse, Lorraine, Isère : la vigne renaît dans des régions viticoles oubliées. Les raisons sont multiples. D’abord, les possibilités de plantation se sont agrandies depuis 2016. Par décision européenne, un vigneron ou une vigneronne professionnel a désormais le droit de planter partout, hors du cadre des AOC et des IGP.
En deux, le dérèglement climatique secoue la carte du vignoble. La hausse des températures favorise des régions où les raisins n’atteignaient pas jusqu’alors leur pleine maturité (on prédit une “méditerranéisation” de la Bretagne d’ici la fin du siècle).
Enfin, le coût du foncier agricole est plus accessible que dans des appellations prestigieuses (même si acquérir des terres agricoles reste globalement difficile et que la création totale d’un domaine engage un fort investissement). Quand ce n’est pas la promesse du cadre de vie qui séduit. En Creuse, certains nouveaux arrivants avancent le paysage verdoyant et la douceur du climat comme premier motif d’installation.
Une partition végétale
Pourquoi parler de renaissance ? La Lorraine et l’Isère ont été de puissants vignobles jusqu’à la fin du XIXe siècle, plus plantés que la Champagne ou la Bourgogne. La crise du phylloxera a amorcé leur déclin. Puis l'industrialisation, la concurrence dûe au développement des transports et l’urbanisation ont asséné le coup de grâce.
Ces deux régions sont réinvesties professionnellement depuis plus de vingt ans. Les cépages autochtones y ont retrouvé leur vigueur. L’auxerrois pour la Lorraine. La verdesse, la douce noire ou encore le persan pour l’Isère : “Ces vieux cépages ont été oubliés, car ils n’étaient jamais mûrs à l’époque”, rappelle le vigneron isérois Jérémy Bricka, dont les vignes prennent le soleil sur des coteaux d’altitude dans le Trièves.
L’Île-de-France, la Bretagne et la Creuse partagent, elles aussi, un passé viticole. Mais les installations plus récentes n’ont pas encore permis de s’accorder sur une partition commune quant aux cépages cultivés.
“La Creuse est un territoire vierge de tradition viticole, il y a tout à faire”, se réjouit Romain Peutat, caviste local depuis 2018. Il égrène les noms des cinq domaines de la région, la plupart dans l’attente de récolte. Sa boutique flambant neuve ouvrira ses portes en avril, à Felletin. Les premières cuvées à base de raisins creusois auront pignon sur rue.
5 cuvées à découvrir dans ces régions
Château de Vaux - Vignobles Molozay en Lorraine
Locomotive de l’appellation, pionnier du renouveau des vins de Moselle, le domaine œuvre à la tâche depuis plus de vingt ans.
Maddalena 2022 : Un vin élégant, soyeux, d'un bel équilibre. Sa concentration induit une certaine puissance, avec beaucoup de sapidité, tout en reliefs aromatiques du début à la fin. Ce cépage proche du muscat emplit la bouche tour à tour de raisin sec, de fruit frais croquant, de verveine, de litchi ou d’épices.
- Cépage müller-thurgau
- AOC Moselle
- Certifié Demeter
- Prix : 15,50 euros
Jérémy Bricka en Isère
Dans le Trièves, le vigneron a replanté en 2016 des coteaux nus de toute vigne depuis cent ans avec d’anciens cépages autochtones.
Étraire de l'Aduï 2022 : Magnifique profondeur de fruit (gelée de framboise, cerise noire, feuilles de cassis) dans un jus effilé et aigu. Le vin glisse délicatement sur la langue. Après la gorgée, une vague délicieuse et salivante vient imprégner la bouche. Un régal.
- IGP Isère
- Certifié bio
- Prix : 25 euros
Domaine Les Longues Vignes en Bretagne
Les quatre hectares de Pauline et Édouard Cazals se situent au bord de la Rance, à Saint-Jouan-des-Guérets.
Cuvée Glaz 2022 : Citron, beurre frais et pointe de menthol au nez. La bouche est confortable, d’une texture moelleuse, sans que sa fluidité de mouvement soit entravée. L’umami de ce vin élevé sur lies amène une savoureuse profondeur, on salive intensément en finale, et une amertume sophistiquée la mène encore plus loin.
- Cépage chardonnay
- VDF
- En conversion vers l’agriculture biologique
- Prix : 22,50 euros
Domaine des Côteaux de Montguichet en Île-de-France
Les plantations de Pierric Petit datent de 2019, sur un terrain périurbain loué par la Région Île-de-France.
Le Haut de la Butte 2022 : Un vin tendre et frais, aux notes de fleurs blanches, de poire mûre, de pêche melba (l’aromatique s'est fanée au deuxième jour d’ouverture de la bouteille). On l’aime particulièrement pour sa fin de bouche : la saveur claque et une douce et agréable salivation persiste.
- Cépage chardonnay
- IGP Île-de-France
- Prix : 22 euros
Le goût des autres dans la Creuse
À Felletin, Antoine et Aurélie achètent les raisins d’autres vignerons en attendant la production de leurs vignes.
Cuvée Egrâm 2022 : Les notes acescentes de ce vin peuvent gêner l’appréciation de son fruité (confiture de framboise, cerise chaude). Ce fruit mûr donne du volume à la bouche, dans une trame en finesse. Les tanins sont enrobés dans une texture duveteuse.
- Cépage cabernet franc, raisins du domaine Grosbois, à Chinon
- VDF
- Prix : 11 euros
Ces actualités pourraient vous intéresser
Produit de bouche, équipement de cuisine, art de la table, solution de service ...
Retrouvez la liste complète des partenaires qui font confiance à Gault&Millau
Tous nos partenaires