48 heures à Saint-Rémy-de-Provence
Provence-Alpes-Côte d'Azur - Corse - Monaco/2024
Dans les années 1980, la gentry, qui avait depuis longtemps laissé la Côte d’Azur aux jet-setters et aux campeurs, se partageait entre l’île de Ré et le Luberon. Selon la CSP, la culture et les médias se dirigeaient plutôt vers l’Atlantique, les libéraux et le Medef, plutôt près des Bories. Gordes et Bonnieux étaient les lovely places, celles où il fallait avoir sa piscine cachée près des mas rustiques chics disséminés au pied des villages perchés.
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Au fil des ans et des transactions d’agences spécialisées dans le luxe international, l’immobilier est devenu moins abordable et le plaisir des petits marchés typiques et autres promenades en chemise de lin et chapeau de paille, si bien décrit dans A Year in Provence de Peter Mayle, a faibli, pour se déporter au fil du temps vers l’Ouest, un peu moins high society. «Go West» fut le mot d’ordre de l’époque pour découvrir Eygalières, Maussane et surtout Saint-Rémy-de-Provence.
La réputation des Alpilles était pourtant bien antérieure : la Provence de Mistral et de Daudet, la lumière de Van Gogh et de Gauguin, la réputation mondiale de l’Oustau de Baumanière, sans même remonter aux arènes romaines et à Nostradamus, fournissaient aux voyageurs curieux de quoi se rassasier. Pourquoi Saint-Rémy-de-Provence ? Parce qu’elle offre une architecture compacte de village préservé, circonscrit par son boulevard circulaire, entièrement piétonnier en son cœur, petit mais suffisamment riche en ruelles, fontaines et placettes pour accueillir l’univers estival chaque année, à mi-chemin entre Arles et Avignon, facile d’accès depuis la sortie Cavaillon de l’A7… En trente ans, avec ses boutiques et ses restaurants, son tourisme encore peu exclusif a conquis de nombreuses parts du marché de Provence. Les hôtels de luxe sont davantage autour des Baux, cachés dans la campagne, et Saint-Rémy-de-Provence conserve, encore aujourd’hui, l’attrait un peu universel d’une place simple et authentique qui décourage les «Lambo» et les Bentley. Vous pouvez encore y déambuler en short et claquettes, un cornet de glace à la main, sans vous faire remarquer.
Il y a pourtant beaucoup à voir. Le site archéologique de Glanum, un ancien oppidum gaulois à 3 kilomètres, en est un exemple. L’Hôtel de Sade, construit sur des thermes romains, expose les fouilles du site de Glanum. Les arènes organisent régulièrement des courses camarguaises où les raseteurs rivalisent d’habileté, sans jamais blesser ni mettre à mort le taureau. Il y a aussi beaucoup à boire – quelques-uns des meilleurs domaines de l’appellation baux-de-provence, comme Hauvette, Milan, Romanin (un magnifique domaine dans les collines sur la route d’Eygalières) – et à manger, avec une bonne quinzaine de tables de toute nature répertoriées dans le guide.
Et puis, sans aller bien loin, à moins d’une demi-heure en voiture, Les Baux-de-Provence, la Camargue, la photo en Arles, le théâtre en Avignon… Saint-Rémy-de-Provence fait bien sûr partie du parc naturel régional des Alpilles, qui regroupe 16 communes sur plus de 500 km2, protégeant le patrimoine, favorisant un tourisme durable. Et c’est Saint-Rémy qui accueille la Maison du parc, dans le cadre d’une bastide XVIIIe, la Cloutière, où vous trouverez l’essentiel des activités et des balades à faire dans le parc, comme le chemin qui mène au lac de Peïroou, une retenue artificielle nichée dans un site magnifique.
M. E.
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