48 heures à Lille
Hauts-de-France/2024
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Longtemps, on lui a surtout reconnu sa chaleur humaine et son sens de l’accueil. Comme si la capitale des Flandres n’avait rien d’autre à offrir si ce n’est sa braderie – toujours incontournable, son palais des Beaux-Arts et une charmante balade dans le Vieux-Lille. Un petit tour, et puis s’en va ? Les Ch’tis contre-attaquent, ou en tout cas prennent leur revanche pour compter désormais sur la scène touristique. Culinaire d’abord. Culturelle toujours.
Touchés en plein cœur par la fermeture définitive du plus emblématique restaurant gastronomique de la ville en 2019 – feu L’Huîtrière –, les Lillois vivent désormais en territoire bistronomique attrayant. Si, hier, les bonnes adresses se comptaient sur les doigts d’une main, aujourd’hui l’on peut être frustré de ne pas avoir le temps de goûter à tout, si tant est que le séjour ne dure qu’un week-end. Dans le sillage du médiatique Florent Ladeyn, à la tête d’une constellation de repaires pour bien manger, une génération de jeunes chefs bienveillants s’est lancée dans une campagne de défense du terroir nordiste. Acheminant les productions locales depuis la campagne environnante, comme celle de la Ferme du Tout Vent à Beaufort ou de la Ferme des Anneaux à Avelin, ils abreuvent des « food tours », devenus l’une des attractions touristiques phares.
On graille du salé comme du sucré en poussant le chemin jusqu’à Wazemmes, où l’on ne vient plus uniquement pour chiner les tissus pas chers le dimanche matin. Le quartier a déconstruit sa mauvaise réputation, en devenant même une destination prescrite pour ses halles. Un détour de bon goût qui invite au plaisir des sens. Mitonnant le passé avec le présent, le marché de Wazemmes compose ainsi avec l’histoire des diverses vagues d’immigration, celles de Portugais, de Polonais, de Maghrébins dans l’entre-deux-guerres, puis de Turcs et d’Africains subsahariens. À Lille, le voyage est multiculturel, et c’est un délice.
La métropole européenne a d’ailleurs l’audace du pluralisme culinaire. Elle est devenue le terrain de jeu d’une street food qui s’assume pleinement, abreuvant un maillage de food courts. Fives Cail est désormais un quartier recommandable depuis l’ouverture de la halle gourmande Chaud Bouillon. De la même manière, on se plaît (de nouveau) à déambuler dans la rue de Béthune, où Grand Scène a ressuscité l’ambiance d’antan, celles des retrouvailles entre copains quand vient l’heure de partager une bière (du Nord, bien sûr).
Depuis Lille 2004, celle qui fut capitale européenne de la culture n’est plus vraiment la même. Plus de 9 millions de visiteurs du monde entier sont venus à cette occasion. Un succès qui a profondément changé l’image de la ville. Les Lillois ont transformé l’essai avec le programme culturel de Lille 3000. En 2025, un seul mot d’ordre : « fiesta ». Parfait prétexte à une virée dans le Nord pour s’immerger dans l’atmosphère contemporaine du Tri Postal, ex-bastion du tri du courrier reconverti en salles d’art et de spectacles.
On peut aussi constater de près la façon dont la capitale des Hauts-de-France manie l’art d’arranger les témoins du passé sans intérêt en passage obligé, en l’occurrence la gare de Saint-Sauveur. Pour ce faire, on monte dans le métro – le premier au monde à utiliser la technologie du véhicule automatique léger lorsque les premiers prototypes sont validés en 1975 –, on quitte le cœur de la ville et on aborde le quartier du Grand Palais, où se tient chaque année depuis 2018 Series Mania, sorte de Festival de Cannes des séries qui invite des stars internationales. On y a vu Uma Thurman et Marcia Cross, mais aussi les Françaises Karine Viard et Bérénice Bejo. C’est ici donc que la mairie de Lille a
réhabilité la gare de marchandises Saint-Sauveur en lieu hybride. Le line-up musical est éclectique, tout comme la programmation culinaire du Bistrot de St So. On s’y arrête pour la dernière exposition contemporaine à l’affiche. Un bon plan parfois gratuit. Les cinéphiles en auront aussi pour leurs mirettes.
Difficile de s’ennuyer, surtout quand le moindre recoin de la cité nordiste est prétexte à curiosité. À L’Hermitage Gantois par exemple, si vos finances vous empêchent d’y séjourner, sachez que l’Association du musée hospitalier de Lille organise tous les mardis (sur réservation) une visite guidée de l’iconique bâtiment du XVe siècle. Derrière sa flamboyante façade de briques rouges se cache le cœur battant d’une ville qui soignait ses malades ici même, jusqu’à sa transformation en hôtel de prestige, au luxe non ostentatoire. À la hauteur de plafond répond un mobilier contemporain, comme celui de Philippe Starck.
Le virage culturel a donc succédé au tournant tertiaire, lorsque Lille a dû recomposer son avenir après le déclin de l’industrie textile dans les années 1950 qui l’avait indiqué comme la première usine de France. Une mue qui se poursuit encore, selon une politique urbaine n’oubliant pas de répondre aux nouvelles exigences environnementales. Tout devient plus lent à Lille, surtout le samedi, lorsqu’un large périmètre du centre-ville est réservé aux piétons. Cyclistes et propriétaires de trottinettes aussi sont priés de mettre pied à terre. Labellisée destination innovante et durable début 2024, la capitale des Flandres a entrepris un vaste chantier de végétalisation qui rend des artères comme la rue du Molinel plus agréable. Il fait bon prendre son temps à Lille, clairement devenue une bonne élève en matière de slow tourisme.
On pousse le chemin jusqu’à franchir les portes de la métropole. On ne s’y déplace plus seulement pour faire un détour par la Piscine de Roubaix, fameux musée d’arts et d’industrie aux expositions réussies. On y va aussi pour déjeuner ou dîner. De Marcq-en-Barœul (Diego Delbecq au Rozó, Abdelkader Belfatmi au Répu…), jusqu’à Croix (Félix Robert à Arborescence…) en passant par Lambersart (Christophe Scherpereel au Quai, Ismail Guerre-Genton à Empreinte…), les cités de l’agglomération sont devenues de vrais incubateurs de chefs talentueux.
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