Salon, une cuvée d’exception en Champagne

Au tout début du XXe siècle, Aimé Salon, Champenois d’origine ayant fait fortune dans l’industrie de la fourrure à Paris, décide de produire son propre champagne. Pour sa consommation personnelle, réservant parfois quelques bouteilles pour ses clients. Dans sa quête d’excellence, Aimé Salon décide de produire un vin de champagne, une cuvée unique et millésimée, issu du seul village du Mesnil-sur-Oger, limité aux belles années. Sur l’insistance de ses amis, il finit par créer sa maison de champagne Salon, en 1920, pour commercialiser quelques cols. Depuis, seuls 44 millésimes ont été produits en 102 ans. Aujourd’hui, la maison Salon appartient au groupe Laurent-Perrier, qui lui laisse une complète indépendance. La philosophie du créateur est toujours à l’œuvre, aujourd’hui incarnée par un duo qui perpétue la tradition d’excellence : Didier Depond préside aux destinées de la maison, et Michel Fauconnet, chef de cave de Laurent-Perrier, supervise la réalisation des vins. Les choix, notamment celui de retenir une année, sont prises de concert. Ils ont ainsi décidé de sortir 2008, au potentiel exceptionnel, uniquement en magnum, et ont écarté les 2009, 2010 et 2011. 

Un grand vin de champagne 

Le champagne Salon est un vin totalement à part en Champagne. Les raisins du Mesnil-sur-Oger, une fois vinifiés, sont mis en bouteilles sans assemblage d’année, et mis en cave pour une dizaine d’années en moyenne. Issu du seul chardonnay du village, Salon en explore toute l’élégance et la capacité à se bonifier en bouteille des grands blancs. En effet, les vins du Mesnil-sur-Oger sont souvent tendus et vifs dans leur jeunesse, mais prennent en bouteille une complexité quasi sans égal. La finale minérale, avec des notes iodées et marines, est un marqueur fort de ce terroir d’exception. Salon représente en quelque sorte la quintessence de ce terroir. Naturellement, à vin d’exception, demande d’exception. Elle est telle que la maison, qui ne produit que quelques dizaines de milliers de bouteilles (et pas tous les ans), doit jongler pour répondre. S’ensuit, vous l’aurez deviné, une spéculation et une hausse des prix absolument spectaculaire, surtout ces dernières années. Pour le goûter, le mieux est parfois de se rapprocher de certains restaurateurs qui « jouent le jeu » et vous proposent des flacons à prix abordables. Reste à trouver le plat qui le mette le plus en valeur… 

À la dégustation  

• Salon 2012 

Sorti fin 2021, cette édition 2012 a passé presque dix ans sur ses lies. Servi frais et attendu 20 minutes dans les verres pour remonter autour de 14°, le salon se montre royal. Le cordon de bulles est intact et la couleur, une vraie invitation. Au nez, bien que fort jeune, ce 2012 offre des notes légèrement exotiques et toujours ce côté océanique si caractéristique. L’ensemble est d’une rare pureté. La bouche est à l’avenant, très droite, très pure, mais surtout racée. Un salon tout en finesse et en élégance. 

• Salon 1996 

Dès l’ouverture, on est dans le champagne à maturité : la couleur est somptueuse et encore très jeune. Le nez est celui des grands vins blancs avec des notes de champignon et de craie humide. Puis viennent les fruits secs, la gentiane et le raisin confit. D’une complexité insondable. La bouche est divine avec une race, une vibration et une tension minérale qui présente une longueur hors norme. Le vin évolue à chaque seconde et offre dans un deuxième temps des saveurs superbes de truffe. Un Salon en pleine force de l’âge.