Rémy Graillot, le néo-vigneron du château de L’Estang
Si le domaine du château de L’Estang est ancien, avec des références remontant au XVIe siècle, les vins sont nouveaux, vendus sous la marque Lestang 1573. Rémy Graillot, le propriétaire des lieux depuis 2013, lance deux cuvées en quantité très limitée dans une démarche de neutralité carbone originale et prometteuse.
Il a toujours aimé prendre son temps. Rémy Graillot, retraité heureux d’une carrière dans l’investissement immobilier, a fait l’acquisition du château de L’Estang en 2013. Le lieu a une certaine magie et une grande histoire. La première mention du domaine remonte à 1573. Chateaubriand y séjournait régulièrement, et les archives relatent que le poète a planté le cèdre du Liban, toujours visible devant la façade de l’édifice. Dans ce domaine de 10 hectares, doté d’un parc et d’un étang, se trouvent aussi des vignes : 1,5 hectare à l’origine, que le nouveau propriétaire a doublé en replantant. « Je suis un enfant du pays, né à Cosne‑sur‑Loire, issu d’une famille d’agriculteurs, raconte Rémy Graillot. J’avais déjà investi dans un petit vignoble à Sancerre, mais sans l’exploiter directement. Cette fois, mon projet est tout autre. »
Un projet de longue haleine
Le néo-vigneron a laissé mûrir son idée. Plus de dix ans se sont écoulés entre son entrée au château et la commercialisation des premières bouteilles, en septembre 2023. « Le temps de décider de devenir vraiment vigneron, sourit-il. D’engager des travaux de rénovation, de transformer l’ancienne orangerie en chai, de créer une gamme… » Surtout, de déployer une ambitieuse démarche zéro carbone, avec un volet biodiversité très concret. Ainsi, de nombreux spécimens végétaux ont été réintroduits dans un domaine déjà verdoyant. Parmi les 136 espèces d’arbres et d’arbustes recensées aujourd’hui, on compte des fruitiers en tout genre, comme des poiriers, des figuiers, des noisetiers… Rémy Graillot a voulu valider cette approche par une labellisation originale, celle de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) : « Nous sommes la première exploitation viticole indépendante certifiée bas carbone par l’Ademe. Mon objectif est bien d’être zéro carbone, sans compensation extérieure. Nous n’y sommes pas encore, mais c’est le cœur de ma démarche. Il est devenu nécessaire de baisser drastiquement ces émissions. »
Au-delà du château
Également en conversion bio avec une certification attendue en 2025, en plus d’une réflexion en cours sur la biodynamie, le château de L’Estang se déploie sur plusieurs plans. « Ce sont des arguments pour le consommateur et des atouts pour le domaine, poursuit le propriétaire. Nous voulons le faire savoir même si, pour l’instant, nous nous contentons d’un QR code sur la contre-étiquette qui renvoie vers notre site web. » Sur son petit vignoble au cœur de Sancerre et un terroir 100 % silex, la propriété commercialise deux cuvées en sauvignon qui proviennent des premières vendanges de 2021 : Lestang 1573 « Tradition », vinifiée en cuve inox, ainsi que « L'Illustre Voyageur », en quantité très limitée, issue des plus vieilles vignes et élevée en demi‑muid. La distribution commence vers un réseau sélectif de cavistes et la belle restauration. Et parce que le vin est « un art quand il est le plus naturel possible », confie Rémy Graillot, le château de L’Estang se veut également une maison d’artistes : lieu d’exposition d’une collection pointue et résidence pour des collaborations originales. À suivre, décidément.
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