Partez à la découverte d’un vignoble alsacien méconnu
Situé à l’extrémité nord du vignoble d’Alsace, à Westhoffen, le domaine Loew est engagé dans la sauvegarde de son territoire et la production de vins de plus en plus gastronomiques.
Le domaine viticole d’Étienne Loew a vu le jour en 1996, quand le vigneron a repris l’exploitation familiale, installée dans la région depuis le XVIIIe siècle. « Mes parents étaient coopérateurs et produisaient tous les fruits de saison. De l’abricot à la rhubarbe et de la pomme à la cerise. » Le domaine se situe dans le fossé de Balbronn, le plus grand des champs de fractures alsacien. Sur ce terrain inégal, qui n’offre pas toujours les conditions optimales pour la réalisation de grands crus, la viticulture côtoie la production maraîchère et l’élevage. Les vignes prennent place sur les coteaux, tandis que les autres activités s’exercent en bas de la fosse, proche de Westhoffen. « Ici, une cohabitation saine et progressiste s’est établie entre les différents exploitants. »
Tout réside dans la qualité du raisin
Le domaine Loew a conçu l’encépagement selon les terroirs. Sur les expositions sud de l’Altenberg de Bergbieten, c’est principalement le riesling qui est exploité. Sur les versants nord, les cépages les plus nombreux sont le sylvaner et le gewurztraminer. Sur les coteaux sud de Westhoffen, nous trouvons en majorité du pinot gris, du riesling et du pinot noir. « Nous disposons d’une telle diversité géologique que nous pouvons cibler les meilleurs terroirs en fonction des cépages, souligne Étienne Loew. Cela permet d’exploiter au mieux chacun d’entre eux et d’obtenir des vins qui présentent de la fraîcheur et de la tension. »
Le domaine se trouve dans le secteur le moins fréquenté de la région. « Les badauds qui arrivent jusqu’à nous sont à la recherche d’authenticité. Ils rencontrent des vignerons peu habitués au tourisme de masse et découvrent des producteurs passionnés, qui aiment échanger. » Étienne Loew est installé sur 6,5 hectares, classés en biodynamie. Son exploitation est certifiée par les labels de biodynamie Demeter et Biodyvin, qui garantissent son engagement dans une production de vins de plus en plus gastronomiques. Son secret est bien gardé, au cœur de la vigne : « J’y passe de plus en plus de temps. Car la qualité du vin s’obtient grâce à celle du raisin. Le travail de vinification est bien sûr important, mais il n’est rien sans de belles grappes. »
Comme tout vigneron alsacien qui se respecte, Étienne Loew produit des cuvées parcellaires qui mettent en valeur des lieux-dits. Pour les amateurs de riesling, le grand cru issu de l’Altenberg de Bergbieten est assurément la cuvée à déguster. Un vin riche, élégant, qui offre une belle acidité. Ceux qui préfèrent les vins rouges subtils et légers seront comblés par le pinot noir de Westhoffen et ses arômes de petits fruits. Le vigneron produit également une gamme de vins sans soufre ajouté : « Je l’ai appelée “All You Need Is Loew”, en hommage à la chanson des Beatles. Elle va du vin orange au crémant. » Une gamme de vins nature que l’on vous conseille vivement, comme toutes les cuvées de ce vigneron qui ne fait que progresser année après année.
Sylvaner rouge, la future star
Si quelques vignerons réputés l’ont déjà adopté, le sylvaner rouge demeure anecdotique dans le vignoble alsacien. Parmi ceux qui l’exploitent, nous pouvons citer les domaines Josmeyer, Ostertag et Étienne Loew. Le sylvaner rouge est un raisin à faible pigmentation, avec lequel on obtient un vin rouge très clair ou un rosé foncé. Ce cépage donne des vins offrant de la fraîcheur et de la tension. On retrouve une palette aromatique dominée par la groseille ou la cerise griotte. Il ne faut néanmoins pas le mettre entre toutes les mains, car il nécessite beaucoup de travail d’ébourgeonnage et lors des vendanges en vert. Ce cépage à faible degré alcoolique a cependant tous les atouts pour briller sur nos tables lors des prochaines années.
Étienne Loew, propriétaire du domaine Loew
L’Alsace est historiquement une terre de vins liquoreux ou de vins contenant du sucre résiduel. Est-ce toujours une production importante pour le domaine ?
Étienne Loew : Les vins liquoreux ou les vendanges tardives ne représentent plus les mêmes volumes qu’il y a dix ou quinze ans. Les palais ont évolué, et les envies aussi. La bonne nouvelle, c’est que, lorsque l’on fait déguster des vendanges tardives de dix, quinze ou vingt ans, les gens disent « wahou ! qu’est-ce que c’est bon ! » Nous n’avons malheureusement pas la capacité de garder beaucoup de bouteilles. Aujourd’hui, nous essayons néanmoins de faire des liquoreux avec des cépages axés sur la fraîcheur, comme de l’auxerrois, le pinot blanc ou le sylvaner avec une surmaturation. Ils permettent d’obtenir des cuvées offrant de la tension et plus de fraîcheur. Ce sont des profils de vins avec moins de sucres résiduels, qui séduisent les consommateurs.
Avec le réchauffement climatique, des cépages endémiques font leur retour au premier plan. Est-ce le cas avec le sylvaner ?
É. L. : Au cours des vingt dernières années, en Alsace, le sylvaner a régressé. C’est très regrettable. Chez nous, c’est tout le contraire, Nous avons aussi remis en valeur de vieilles sélections de massale de sylvaner de vignes de plus de 89 ans. Le cépage ne représente néanmoins que 8% du domaine. Nous avons également replanté des parcelles de sylvaner rouge. Il faut revaloriser les vignes autochtones que l’on a mises de côté. Avec le réchauffement climatique, il serait judicieux de les replanter plutôt que d’ouvrir le cahier des charges à des cépages internationaux.
- Domaine Étienne Loew
- 28, rue Birris 67310 Westhoffen
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