Verre en cristal : son histoire, ses avantages et nos astuces pour l'entretenir
Dans le monde raffiné des arts de la table, le cristal brille en vedette. De ses origines européennes aux créations des grands noms, plongée dans l'histoire de ce matériau exceptionnel, symbole d'élégance et de finesse.
Le cristal, ce n'est pas juste du verre qui se la pète, c'est une alchimie de sable, de plomb et de secrets de fabrication bien gardés. Comme c’est souvent le cas, l'histoire du cristal, commence de manière fortuite. Au XVIIe siècle, l'Angleterre, concentrée sur sa domination maritime, consomme du bois en quantité industrielle pour ses chantiers navals. Or, cette ressource se fait rare sur l'île, et les verriers, utilisant aussi le bois pour leurs fours, se retrouvent dans l'impasse. Le roi, plus soucieux de sa flotte que de ces « contenants » en cristal, interdit l'utilisation du bois comme combustible. Coup dur pour les verriers ! L'interdiction royale les pousse vers la houille, mais les premiers résultats sont décevants. C’est après de nombreux essais empiriques que George Ravenscroft, spécialiste de l’import-export du verre, a eu l'idée brillante (littéralement) d'ajouter de l'oxyde de plomb. À sa grande surprise, il obtient un verre d'une finesse, d'une sonorité et d'une brillance exceptionnelles. Ce nouveau cristal, baptisé Flint-Glass - du fait de l'utilisation de sable provenant du silex-, marque l'apogée d'un art millénaire.
Ce n’est que bien des années plus tard que la France, entre dans la danse. C'est en Lorraine, à la verrerie de Münzthal, devenue la cristallerie de Saint-Louis, que le cristal apparaît pour la première fois. Berceau de la cristallerie en France, le Grand-Est possède en effet un savoir-faire verrier mondialement reconnu depuis le XVe siècle. Les conditions géographiques de la région, notamment ses vastes forêts fournissant le combustible nécessaire pour les fours à haute température, ont joué un rôle clé dans le développement de cette industrie verrière. Pointées du doigt au XVIIe siècle pour leur impact sur la déforestation locale, c’est grâce au soutien du Duc de Lorraine, que la région a pu maintenir son statut de hub de la cristallerie, abritant des centres verriers de renom tels que Vallerysthal, Meisenthal, Daum, Saint-Louis, Baccarat, et Lalique. Tous détenteurs du label « Entreprise du Patrimoine Vivant », sorte d’Oscar du savoir-faire français. Sous ce label c’est toute une corporation qui participe au rayonnement de ce matériau précieux. Si, les maîtres du feu façonnent le cristal à chaud, soufflant, cueillant, et modelant la matière incandescente. De l'autre, les artistes du froid se livrent à la taille, au lustrage, à la gravure, et même à la dorure. Chaque pièce, même la plus simple, est un cocktail de créativité et de précision, de l'art pur et dur, avec un soupçon de magie !
Ailleurs dans le monde
Mais le cristal n'est pas l'apanage exclusif des Lorrains, ni des Français ! Au-delà des frontières de l'Hexagone, c'est une véritable fiesta de cristalleries qui se déploie dans le monde entier. Prenons l'Allemagne, par exemple, où des entreprises telles que Nachtmann ou Zwiesel Kristallglas jonglent avec le cristal comme des maestros. L'Italie, où Murano et Colle Val D'Elsa font danser le cristal sous le soleil méditerranéen depuis des siècles. Au Royaume-Uni, Warwick Crystal Designs ajoute une touche de raffinement britannique, et le suédois Orrefors taille et gravent le cristal avec une précision d'orfèvre. Et bien sûr en république Tchèque, Moser fournisseur de la cour d'Édouard VII, roi d'Angleterre en 1908, et Artel présent dans de nombreux musées internationaux, portent haut les couleurs du fameux cristal de Bohème… Le cristal ne connaît pas de frontières ; il est partout, étincelant et se pavanant sur la scène mondiale tel une rock star inépuisable
Passons à la table
Le cristal, avec son éclat caractéristique, occupe une place de choix dans l'histoire des arts de la table. Qu’il prenne la forme d’un verre à pied ou d’une assiette de bienvenue, chaque pièce en cristal est une star en soi. Imaginez James Bond sans son martini dans un verre de cristal étincelant, ou Gatsby le Magnifique sans ses fêtes extravagantes où les coiffes à plumes et diamants rivalisaient avec l'éclat du cristal des coupes à champagne. Ces scènes iconiques ne seraient que l'ombre d'elles-mêmes sans le glamour et le pétillant apportés par le cristal. Dans la réalité comme au cinéma, le cristal sur la table, ce n'est pas juste une question de style, c'est une expérience sensorielle. C'est comme si le cristal avait le super-pouvoir de rendre tout plus classe et plus délicieux !
Mais attention, le cristal, c'est un peu comme une influenceuse à la mode : scintillant et capricieux ! D'abord, il y a sa fragilité, un faux mouvement et votre précieux objet se transforme en puzzle scintillant. Puis, il y a la question du coût, même si aujourd’hui de nombreuses marques comme la Cristallerie de Montbronn ou Cristal D’arques tentent de démocratiser la matière, pour s'offrir du cristal de qualité, il faut, malgré tout un peu piocher dans son P.E.L, de quoi réfléchir avant d'inviter votre oncle maladroit à la fête. Et que dire de son entretien ? Le cristal, tel une diva, exige un nettoyage délicat et une manipulation soigneuse pour ne pas ternir. Alors, certes, le cristal apporte une touche de sophistication à votre table, mais il exige en retour une gestion presque théâtrale de prudence et de soin.
Quatre questions à Thibault Nizard, chef de l’Aube
Thibault Nizard, jeune chef prodige, a rapidement gravi les échelons de la gastronomie française. Sa carrière a débuté en éclat au Petit Nice de Gérald Passédat, avant de poursuivre son chemin aux 110 de Taillevent et au Taillevent, où il devient sous-chef à 24 ans. En 2018, il rejoint Guy Savoy à La Monnaie de Paris, confirmant son flair pour les cuisines d'exception. Sa consécration arrive au Drouant, où il passe de second à chef des cuisines à 28 ans. Son talent et son parcours exemplaire, couronnés par l'ouverture de son restaurant L'Aube, lui valent la reconnaissance en tant que « Jeune Talent 2023 » chez nous. Thibault Nizard incarne l'ascension fulgurante et le succès dans l'univers de la haute cuisine.
Pourquoi préférer le cristal au verre pour le service à table dans votre établissement ?
Thibault Nizard : C'est une histoire d'amour qui a commencé dans les cuisines où j'ai fait mes armes, toutes équipées par la maison Riedel. J'avais cette image en tête : quand j'ouvrirais mon propre restaurant, le cristal trônerait sur mes tables. Et voilà, c'est chose faite ! Avec une carte des vins qui fait la part belle aux terroirs français, j'avais besoin de verres dignes de ce nom, qui honorent ces trésors viticoles. Le cristal c'est l'élégance incarnée, un plaisir pour les yeux et le palais. La finesse du buvant, cette délicate courbe où les lèvres s'abandonnent, ne fait qu'exalter les saveurs sans jamais prendre le dessus sur le breuvage
Quelle gamme de la maison Riedel avez-vous choisi pour votre restaurant ?
T. N. : Le choix du verre parfait c'est fait lors de dégustations à l'aveugle, avec mon complice, le chef sommelier Loïc Seznec. La gamme Performance de Riedel, avec ses courbes innovantes qui flirtent avec l'illusion d’optique a été notre coup de coeur. Une vraie révolution pour le palais ! Ces verres ne sont pas juste un contenant, mais un écrin qui permet au vin de s'épanouir et de libérer son bouquet d'arômes. Ils amplifient le fruité, adoucissent les tanins des rouges vigoureux et mettent en valeur la délicatesse des Chardonnay opulents. Dans notre salle à manger, nous avons plus de 10 verres différents, des décanteurs et des carafes pour chaque nectar. Nous avons même deux versions de verres à eau dont une évasée pour laisser s’exprimer les bulles de l'eau gazeuse. Après les accords mets/vins, j’ai trouvé l’accord verres/vins parfait !
Le cristal, n'est-ce pas un peu casse-cou pour un restaurant animé ?
T. N. : C’est vrai que le cristal nécessite une attention de tous les instants ! Surtout après un coup de feu en cuisine ou un service un peu tendu, les esprits s'échauffent et les mains s'agitent un peu trop rapidement au moment du débarrassage. Un geste maladroit, et c'est le drame ! Mais entre nous, verre ou cristal, la maladresse aurait eu le même effet. L’erreur dans ce cas est humaine et non dû au matériau.
Comment bichonnez-vous vos verres et carafes en cristal ?
T. N. : Pas question de les confier à une banale plonge. Ils ont droit à leur machine dédiée : une Winterhalter, la Rolls des machines. C'est un véritable tueur de bactéries qui bichonne nos verres avec ses paniers protecteurs, assurant un lavage à 55°C sans la moindre casse. Elle intègre un osmoseur d'eau intégré, qui purifie l'eau et la propulse sous pression, chassant toute trace de produits chimiques. Résultat, des verres sans traces et sans odeurs, prêts à accueillir le vin. Et tout ça en moins de deux minutes !
Trois marques de cristal à travers le monde
Saint-Louis
Dans l'écrin verdoyant d’une vallée vosgienne, la cristallerie Saint-Louis, fondée en 1586 sous le nom de verrerie de Müntzthal, s'est hissée au rang de Verrerie Royale en 1767 par décret de Louis XV et reste aujourd'hui la plus ancienne manufacture de cristal d'Europe. C'est un lieu où l'art ancestral de la transformation du sable en cristal par le feu a été perfectionné au fil des siècles, où le savoir-faire des maîtres verriers est reconnu parmi les meilleurs de France, voire du monde.
Renommée "Cristallerie royale de Saint-Louis" en 1829, elle a introduit le concept de service de verres coordonnés pour la table avec le service Trianon, et depuis lors, Saint-Louis a su marier tradition et innovation, attirant des créateurs de la trempe de Paul Nicolas et Jean Sala pour renouveler son identité. Entré dans le giron du groupe Hermès en 1995, Saint-Louis continue d'innover en collaborant avec des designers de renom pour créer des objets de table, des objets décoratifs et des collections d'éclairage qui enrichissent la vie quotidienne par leur beauté et leur fonctionnalité.
©MaximeTetard
Stolzle Lausitz
Au cœur de Lausitz, région allemande réputée pour son verre soufflé depuis un demi-millénaire, se dresse la fière compagnie Stölzle, gardienne d'un héritage verrier depuis 1889. D'abord créatrice de produits techniques, comme des tubes à essai et des ampoules pour l'éclairage, la compagnie a embrassé l'art de la gobeleterie en 1908, insufflant un nouvel élan à son savoir-faire ancestral. La terre de Lausitz est riche d'un sable d'une pureté inégalée, secret de l'éclat et de la résistance qui font la renommée des verres Stölzle. Devenu le plus grand producteur de verre à pied en Allemagne avant la Seconde Guerre mondiale, Stolzle Lausitz, allie design et durabilité, révélant dans chaque pièce un mariage subtil entre tradition ancestrale et innovation contemporaine.
Karakter
Karakter, une entreprise danoise de design, s'inspire d'un esprit d'aventure et d'audace, allié à un engagement inébranlable pour la qualité. Implantée profondément dans la tradition scandinave du design tout en embrassant des influences internationales, Karakter crée un univers de verres, d'éclairage et d'objets décoratifs qui se veulent authentiques, expressifs et parfois espiègles. Œuvrant pour laisser une empreinte durable, Karakter collabore avec des designers contemporains tels qu'Aldo Bakker et PlueerSmitt, ainsi qu'avec des maîtres du design comme Bodil Kjær, les frères Castiglioni, Paul McCobb, Joe Colombo et Angelo Mangiarotti. Chaque création porte une expression forte et indéniable, conçue pour rayonner aussi bien dans l'intimité des foyers que dans les espaces publics mondiaux.
Conseils d’entretien
Le cristal, on le chouchoute ! Pour le laver, on zappe le lave-vaisselle et on opte pour la méthode grand-mère : un bain à l'eau tiède savonneuse, avec une éponge douce ou un chiffon en microfibres. Oubliez les éponges rêches et les tampons métalliques, le cristal est très susceptible.
- Après la trempette, rincez vos verres sous l'eau claire pour chasser les vilains résidus de savon. Et comme le cristal a peur de l'humidité comme un chat craint l'eau, séchez-le illico avec un chiffon doux qui ne laisse pas de peluches.
- Si vos verres en cristal ont perdu leur superbe, redonnez peps et éclat, en les plongeant dans un bain de jouvence au vinaigre blanc. Un bol d'eau chaude, une cuillerée de vinaigre blanc, et hop, laissez-les se prélasser pendant 15 à 30 minutes. Ensuite, un rinçage à l'eau claire et un séchage doux.
Et autant que faire se peut, rangez-les loin des rayons du soleil, parce que la lumière du soleil, c'est la kryptonite du cristal !
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