La Maison Aribert, le beau au service du bon
Christophe Aribert a imaginé sa maison comme un sanctuaire. Où tout est dessiné, conçu, fait puis mis en œuvre en responsabilité. Pour servir autant l’homme que la nature. Elle n’a que 5 ans et la Maison Aribert est déjà un modèle du genre. Allons dormir chez le chef.
Il y a ceux qui parlent et restent les bras un peu ballants, ne sachant pas toujours comment mettre en branle leurs idées, fussent-elles lumineuses, ceux qui démontrent puis agissent, et enfin ceux qui babillent peu, mais poussent toujours un peu plus loin le curseur de leurs envies. Nul besoin d’être grand clerc pour se convaincre que Christophe Aribert est de ceux-là. Il aurait pu rester au chaud dans ce Grand Hôtel, à Uriage-les-Bains déjà, où il faisait joliment ses preuves et marquait les esprits, même les plus obtus. Après près de vingt ans passés comme second, puis à la tête de ces Terrasses d’Uriage, il a senti qu’il était temps de s’installer dans ses murs à lui, comme « une évidence impérieuse ».
La Maison Aribert ouvre ses portes en 2019, après trois ans de chantier et un investissement lourd (5 millions d’euros de travaux). Il reste discret, là-haut, à la croisée des massifs du Vercors, de Belledonne et de la Chartreuse. Pourtant, peu de chefs ont, avec autant de clairvoyance et de cohérence, mis en œuvre volontés – de soutenir l’artisanat, d’aider la transition agricole, de s’assurer du bien-être par l’alimentation, de révéler les vertus de la nature… – et actions, principes – éthique, transmission, durabilité… – et réalité. On l’entend peu, il ne s’agite pas, là, au calme de cette station thermale un peu oubliée mais chérie des Grenoblois. Pourtant, avec sa maison, il a démontré que l’on pouvait faire beau et bon, pour soi comme pour les autres. « Je voulais un lieu dont l’empreinte serait la plus neutre possible, un bâtiment où la consommation d’énergie serait la plus basse possible. » C’est sur ces principes-là, avant tout, qu’il a choisi de travailler avec l’architecte Joëlle Personnaz. Installée à Grenoble, elle revendique une architecture 100 % locale, 100 % écoresponsable et 100 % durable. « Et elle avait l’amour du bois, ça ne pouvait que matcher. » Elle va réimaginer la maison dite du bas (ou principale), datant du milieu du xixe, construire un monolithe en bois – avec toit végétal, sur lequel sont installées les ruches –, qu’elle va poser juste devant, au milieu des herbes folles. « Dès la première esquisse, on y était. Elle a tout de suite su mettre en musique les mots que j’avais en moi. » Dans la maison, un bistrot, des chambres et des espaces pour séminaires ; dans l’extension, la table gastronomique. La Maison Aribert se dessine aujourd’hui au fur et à mesure que l’on s’en approche à travers le parc d’Uriage.
Le bois, le plus local possible – il provient du massif de Belledonne –, tient la vedette. Ici, les volets de l’extension – qui permettent de jouer de la lumière, mais surtout d’agir comme des isolants thermiques – reprennent le dessin d’une œuvre de l’artiste ami, Thierry Martenon. Celui-ci a imaginé une œuvre réalisée à partir des cinq platanes qu’il a fallu abattre pour exécuter le projet, posé dans ce patio, entre la maison et le restaurant, juste devant les cuisines. Là, un sol en bois brûlé, tandis qu’un bardage en peuplier recouvre, telles des racines envahissantes, tout un pan de mur, puis gagne le plafond. Ou encore ces tables en noyer signées de l’artiste Valentin Loellmann.
Dedans/dehors, intérieur/extérieur… la nature reste le personnage principal, sur le fond, dans l’assiette comme sur la forme. Une attention, une intention que l’on retrouve partout, y compris dans la nouvelle maison, l’un de ces neuf chalets qui bordent le parc, dite désormais « La Maison du Chef », où ont été installés d’autres chambres et un espace dédié au bien-être. Isolation à partir de vêtements usagés compressés, lampe Moby Dick du designer Matteo Ugolini (éditée par Karman) posée sur un ciel en papier peint signé Nobilis… On sent un attachement réel à une forme de neutralité qui ne se montre jamais fade ou effacée pour autant. Ici les lampes imaginées par Céline Wright réveillent un couloir, là un accrochage de photos de forêts signées Frédéric Leyre, ailleurs des clichés de travailleurs japonais (Hatarakimono) réalisés par K-Narf… Les partis pris de Christophe Aribert et sa femme Célia sont forts sans pour autant ne jamais prendre le dessus sur le propos : emmener l’hôte vers une prise de conscience et un respect de la nature qui entoure la maison, vers un attachement optimiste à ce qui nous est offert. L’architecture et la décoration intérieure sont au service d’une idée, et non l’inverse. Elles portent le propos, celui d’une maison proche de la nature mais au service de l’humain, où le bien-être et le bien-manger sont indissociables, où le bon n’est réellement bon que parce qu’il est aussi beau…
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