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Circuit court, la bande dessinée qui va vous faire (re)découvrir l'AMAP

Circuit court, la bande dessinée qui va vous faire (re)découvrir l'AMAP

Benoit Gaboriaud | 02/10/2023 15:28
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Bien manger ! Le scénariste Tristan Thil et la dessinatrice Claire Malary y sont particulièrement sensibles. Tous deux adhérents d’une AMAP (Association pour le maintien d'une agriculture paysanne) depuis de longues années, ils retracent dans Circuit court son histoire, à travers celle de Daniel et Denise Vuillon, les pionniers de ce système en France. Un ouvrage didactique à faire saliver les papilles !

La grande histoire de l’AMAP prend sa source au Japon en 1960, avec les Teikel, puis se poursuit à New York avec les CSA, ses deux ancêtres, avant de surgir en France à Toulon, plus exactement au sein de la ferme des Olivades. Tristan Thil et Claire Malary sont partis à la rencontre de leurs propriétaires dévoués à la cause agricole, Daniel et Denise Vuillon, pour comprendre comment ils en sont arrivés à créer ce circuit court, après que les premiers Mammouth aient poussé comme des champignons dans les zones commerciales périphériques des agglomérations. Leur slogan : « Mammouth écrase les prix ! ». Et pas que, les paysans aussi.

Des cuisines d’Alain Ducasse à la crise de la vache folle, Circuit court revient sur les fondements de l’AMAP, véritable phénomène urbain, en partant de l’histoire singulière de maraîcher audacieux qui ont su s’adapter à tous les grands chamboulements.

Comment vous êtes-vous intéressés à la ferme des Olivades, située en périphérie de Toulon, et à leurs propriétaires Daniel et Denise Vuillon ?

Tristan Thil : "Je suis membre d’une AMAP depuis une dizaine d'années. J’ai commencé à Marseille où j’habitais à l’époque. Dans les environs, la ferme des Olivades est connue. Les propriétaires, Daniel et Denise Vuillon, sont à l’origine de ce concept en France. J’avais été amené à les rencontrer dans le cadre de la réalisation d’une installation vidéo liée à l’alimentation. Ils m’ont raconté toute leur histoire qui dépassait de loin mon projet initial". 

Qu’est-ce qui vous a poussé à adhérer à une AMAP ?

Tristan Thil : "Je suis tombé dedans grâce aux bouches à oreille. J’y ai adhéré dans une démarche davantage politique que gustative. Ce qui me plaisait, c’est de pouvoir acheter directement à des producteurs en bas de chez moi, en plein cœur de Marseille, des légumes variés, bio et de saison. Je n’ai pas été gêné par le fait qu’il faille payer à l’avance son panier. Généralement, un adhérent signe un contrat de six mois voire une année. J’en parle dans la BD justement". 

L’AMAP vous a-t-elle poussé à cuisiner autrement ?

Tristan Thil : "L’AMAP m’a motivé à cuisiner davantage et différemment, et aussi à aller vers des plats que je n’avais pas l’habitude de préparer."

Tomates à la provençale, Soupe au potiron et au pistou… votre BD renferme quelques recettes de cuisine, cela vous tenait à cœur ?

Tristan Thil : « Baru, un auteur de BD et ami, me rappelait que Martin Scorsese mettait dans ses films des recettes de cuisine pour que le spectateur qui s’ennuie ne perde pas son temps et puisse repartir avec une nouvelle recette [rires]. Pour ma part, dès le départ, j’envisageais de glisser des recettes dans le récit. Parler de production de légumes sans parler de la manière de les accommoder eut été un peu frustrant. Et puis, ces recettes marquent aussi des pauses dans le récit.»

Claire, l’univers de la gastronomie vous est familier. Cette BD, c’était une évidence pour vous ?

Claire Malary : "Après une école d’art, j’ai fait une reconversion en cuisine, principalement pour rencontrer Alain Passard qui réalise aussi des collages et des sculptures. Il avait une part sensible qui résonnait en moi, j’ai postulé à l’aide d’une lettre et de dessins. J'ai aussi travaillé pour Pierre Gagnaire et des maraîchers dans le Finistère, où j’ai commencé à adhérer à une AMAP, vers l’âge de 23 ans. J’ai aussi fait du WWOOFing au Japon. Ce système vous permet de voyager partout dans le monde, en tant que main d'œuvre dans des fermes biologiques en échange du gîte et du couvert".

Dans les années 1990, Daniel et Denise Vuillon ont été repérés par Alain Ducasse, soucieux de cuisiner de bons produits. Pour les convaincre de lui en réserver quelques-uns, le chef les a invités à déjeuner au Louis XV, à Monaco. Pour cette occasion, vous avez imaginé leur découverte du Cappon Magro d’une manière bien particulière. 

Claire Malary : "Je connaissais bien ce plat signature d’Alain Ducasse. A travers ces planches, j’avais envie de lui faire un clin d’œil. A sa table, à Monaco, Daniel et Denise ont un choc gustatif. Je les ai imaginés en lévitation, en train de danser autour des ingrédients flottants autour d’eux."

Tristan Thil, vous abordez la crise de La vache folle dans le récit, comme un catalyseur du changement des mentalités. 

Tristan Thil : "C’est ce que pense Daniel, compte tenu de son expérience. Pour lui, les changements de comportement importants se font souvent au moment d’une crise. La crise de la vache folle a été l’élément déclencheur qui a fait que les gens ont commencé à s’inquiéter de ce qui était dans leurs assiettes. Ils ont alors adopté des attitudes différentes. En ce sens, je partage son opinion et j’espère justement que cette dimension politique de la façon de se nourrir ressort dans le livre. La BD ne conseille pas uniquement de manger sainement et local, derrière cette démarche, il y a une dimension économique et politique qui a son importance". 

Pensez-vous que les AMAP ont de beaux jours devant elles ?

Tristan Thil : "Que vous soyez militant ou pas, le système de l’AMAP peut vous intéresser parce qu’il est pratique, qu’il propose de bons produits et qu’il n’est pas plus cher que la concurrence. Aujourd’hui, il se développe à d’autres commerces, celui de la viande, de la volaille ou des œufs".

▸ "Circuit court" de Tristan Thil et Claire Malary, à paraître aux éditions Futuropolis le 4 octobre 2023, 23 euros.
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