Paradoxal : alors que le chômage explose, l'hôtellerie-restauration crie famine

Entre instabilité politique et dette publique record, la France traverse une période plus qu’incertaine. Pour y faire face, nombreux sont les chefs d’entreprise à reporter voir annuler leurs campagnes de recrutement. Preuve en est, le ministère du Travail a publié ce 27 janvier les chiffres du chômage et le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à France Travail n’a jamais été aussi haut depuis 10 ans (hors période Covid-19). Au quatrième trimestre 2024, on compte ainsi plus de 5 millions d’inscrits à la plateforme de recherche d'emploi. Dans la catégorie de ceux qui n’ont pas du tout travaillé pendant cette période, la hausse est de 4 % ce trimestre. Pourtant, la demande de mains-d’oeuvres dans les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration est considérable.

Plus de 200 000 postes à pourvoir 

“Notre secteur d’activité qui était déjà très fortement impacté par une pénurie de main d’œuvre avant la crise du Covid-19, reste en forte tension”, constate Catherine Quérard, présidente du Groupement des hôtelleries et restaurations de France (GHR).

Et si pour les chiffres du chômage, les derniers signaux économiques laissent penser que la situation va continuer de se dégrader, Catherine Quérard reste elle aussi vigilante : “on voit aussi dans notre secteur d’activité qu’il y a un ralentissement, on reste inquiet sur l’avenir. La pandémie nous a fait perdre beaucoup de salariés, on n'aimerait pas en perdre de nouveau avec des salariés qui se positionneraient sur d’autres secteurs d’activités.”

Fin 2023, hôtels et restaurants avaient en moyenne entre 250 000 et 300 000 postes non pourvus à l'année. À l’image d’autres secteurs, “nous sommes inquiets parce qu’on a un taux de défaillance d’entreprises élevé”.  (NDLR : la défaillance est l’ouverture d'une procédure donnant lieu au dépôt d'une déclaration de cessation de paiement)

Parmi les milliers de chômeurs, certains ont suivi des formations correspondantes aux attentes des secteurs du GHR. Mais entre les horaires décalés, le travail physique et la pression du secteur... la non-attractivité de ces métiers est parmi les causes principales de la pénurie de salariés.

Du recrutement à tous les niveaux 

Selon les chiffres du Ministère du Travail, les personnes les plus touchées par le chômage sont les jeunes hommes et les femmes de plus de 50 ans. Des profils pourtant recherchés en hôtellerie et restauration. “Dans notre secteur, historiquement, on considérait que les jeunes étaient plus dynamiques. Mais désormais, on a toutes les tranches d’âge”, souligne Catherine Quérard. Elle met en avant “des grandes campagnes pour recruter des seniors”. Le résultat : des parcours “quasi tous réussis”. 

Les besoins de main d’œuvres se font à tous les niveaux, “on recherche autant des chefs de rangs, des cadres que des plongeurs.” Pour recruter, les entreprises de l’hôtellerie et de la restauration passent par France Travail, mais aussi par les autres canaux de recrutement comme LinkedIn et Indeed.