Ces manufactures qui (re)font parler d’elles
Elles ont beau être centenaires, et parfois bien davantage, elles ont bon pied bon œil ! Sous l’impulsion d’une nouvelle génération, ces manufactures régionales restent les gardiennes du savoir-faire et se renouvellent.
Les arts de la table sont une tradition française. Le pays compte ainsi nombre de manufactures qui ont été, au fil des siècles, les garantes d’un savoir-faire d’exception. Si certaines d’entre elles ont passé les années avec succès et profitent d’une notoriété internationale, d’autres n’ont pas eu cette chance et ont vu leur activité se réduire comme peau de chagrin, quand elles n’ont pas tout bonnement disparu.
Heureusement, une poignée d’entrepreneurs et d’amoureux de ces talents leur viennent en aide, en prenant la suite ou en redonnant vie à ces belles maisons. Cette jeune génération de dirigeants permet à ces institutions de renouer avec le métier, soit en se plaçant dans l’exacte lignée de l’origine, soit en emmenant la marque vers d’autres territoires.
Grâce à de nouvelles expressions ou collections, et des collaborations avec des artistes et designers pour insuffler un vent de créativité, ces manufactures redonnent au travail de la main et à la « French Touch » ses lettres de noblesse. Un certain nombre d’entre elles bénéficient d’ailleurs du label EPV (Entreprise du patrimoine vivant), une reconnaissance de l’État qui distingue les firmes françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence.
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Manufacture de Couleuvre, une nouvelle éclosion
Il est des dates qui résonnent. 1789 aura ainsi marqué le début de la Révolution… et la création de la Manufacture de Couleuvre (Allier), par le marquis de Lévis, André de Sinéty. Sophie Salager vient de redonner vie à cette belle endormie et à ses porcelaines, un trésor constitué de 350 000 moules et 6 500 modèles, témoignage de l’histoire des arts décoratifs. Les sept anciens employés reprennent du service pour rééditer des pièces (collections « Les Perles », « Les Algues »), avec la technique du teinté masse, ou pour créer en interne de nouvelles gammes (« Écailles », « Lurcy »).
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Faïencerie Georges, un visage plus contemporain
Fondée en 1898 à Nevers (Nièvre) par les frères Marest, reprise en 1908 par Félicien Cottard, qui crée le logo constitué de deux nœuds verts, la manufacture est rachetée en 1926 par Émile Georges, l’un des ouvriers. La Faïencerie Georges est aujourd’hui aux mains de la quatrième génération (2010), menée par Carole Georges et Jean-François Dumont. S’appuyant sur le savoir-faire traditionnel – calibrage des pièces et illustration à main levée –, ils propulsent l’entreprise dans un univers contemporain, à base de décorations graphiques et de photos personnelles, avec humour et poésie.
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Manufacture de Longchamp, la porcelaine revisitée
On trouve trace du travail des céramistes de Longchamp (Côte-d’Or) dès 1386, mais c’est à partir de 1832, sous l’impulsion de Claude Phal-Matiron, que sont fabriquées des pièces à usage de la table. De la faïence d’origine, l’entreprise évolue pour devenir l’un des fers de lance de l’industrie céramique française, puis périclite. En 2016, huit ans après l’arrêt total de l’activité, Philippe Orliac, qui a consacré sa vie à la céramique, la ressuscite. Depuis 2018, la Manufacture de Longchamp propose une porcelaine haut de gamme, faite de créations singulières.
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Manufacture de Digoin, une poterie qui séduit
Née en 1875 dans la vallée de la céramique, la Manufacture de Digoin (Saône-et-Loire) se concentre sur les grès et les poteries, avec des objets du quotidien. En 2014, afin d’éviter que la maison ne s’éteigne, Corinne Jourdain-Gros rassemble des investisseurs et lui permet ainsi de perdurer. Entre ustensiles culinaires d’un côté et pièces pour le jardin de l’autre, la manufacture fait la part belle à la simplicité et au terroir. Pour ses 140 ans, elle a imaginé la collection « MD 1875 », constituée d’accessoires culinaires traditionnels, et, en 2021, a élaboré une collection capsule avec Alinea.
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Virebent, faire perdurer le savoir-faire
En 1831, les frères Virebent déposent un brevet qui révolutionne la fabrication de briques et facilite la conception de corniches et cariatides. Presque un siècle plus tard, en 1924, Henri Virebent, le petit-fils, ouvre sa manufacture à Puy-l’Évêque (Lot), qui produit des éléments pour l’industrie électrique. Il faudra attendre 1960 pour que l’entreprise se tourne vers les arts de la table et la décoration. Au XXIe siècle, Virebent poursuit ses collections historiques et s’oriente vers la création contemporaine avec l’appui de designers. Elle maintient son savoir-faire manuel, en formant en interne.
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