Ces endroits de France où la vigne réapparaît
Régions aux températures plus clémentes, en mal de tourisme ou à la qualité de vie confidentielle : par où passent les nouvelles routes du vin qui se dessinent en France ?
De la vigne en Normandie, terre de pommiers, des producteurs des Hauts-de-France délaissant la culture de betteraves pour la viticulture, de jeunes domaines installés aux portes de Paris, parfois à vingt minutes à peine. Parmi ces trois informations, il ne s’agit pas de chercher l’intrus, les trois sont véridiques.
De nouveaux territoires s’affirment dans le paysage viticole. Pour une première raison : ces plantations sont légales depuis peu. Il a fallu attendre 2016 pour que l’Union européenne autorise les professionnels à planter hors des régions viticoles officielles. Mais, surtout, le dérèglement climatique chamboule les acquis météorologiques. Le raisin peut désormais mûrir au nord de la carte. Renaissent ainsi des vignobles déchus, sabrés le plus souvent par le phylloxera.
La Bretagne s’impose comme la figure de proue de ces vignobles émergents, attractive, sollicitée à satiété. Une trentaine d’exploitations et plus d’une cinquantaine de projets sont sur les rails, 200 hectares ont été plantés, une formation BPREA viticulture a été mise en place, les prémices d’une IGP Bretagne ont été lancées. Qui aurait pu soupçonner des vignes sur la carte postale, bord de mer, coiffées par les mouettes et les phares ? En 2050, la région connaîtra un climat méditerranéen.
Trouver une identité commune
D’autres pieds fraîchement plantés font moins de bruits, loin des côtes touristiques. Fermez les yeux, imaginez terrasses et murets en pierre sèche aspirés par la pente, aux premières loges face au soleil, à plus de 600 mètres d’altitude. Vous voilà dans un décor reconstitué du Cantal, dans le sud de l’Auvergne, 140 000 habitants.
La Communauté de communes du pays de Massiac a souhaité réhabiliter cette culture ancestrale des coteaux de la vallée de l’Alagnon. Motif ? Relancer le tourisme dans la région. À l’aube des années 2000, les vignerons Gilles Monier, Stéphan Elzière et David Chabasseur s’y sont attelés. Chardonnay, gamay, pinot noir, côt ou abouriou ont été mis en terre. “On est libres de planter ce que l’on veut”, illustre Stéphan Elzière avec l’enthousiasme de l’explorateur. Au risque de rencontrer plus de difficultés pour tisser une identité commune. Sans IGP Cantal, les vins sont pour le moment rattachés à celle, lointaine, du Comté Tolosan.
Le département compte aujourd’hui six domaines, dont Le Chlo d'Auzit de la vigneronne Chloé Itier, premier millésime embouteillé cette année. Son pinot noir/gamay suggère le charnu de la cerise, tout en fluidité. Sur la ferme de cette native du Cantal, menée avec son mari maraîcher, on trouve aussi des pommiers, des légumes, des céréales. Une conduite en polyculture-élevage qui n’est pas sans rappeler ce qu’a connu historiquement la vallée.
Les vignes du Domaine La Bouche du Roi, situées sur la plaine de Versailles, dans les Yvelines.
Vendanges de novembre
“Ces nouvelles régions, sans poids de la tradition, permettent l’attrait de nouveaux paysans et paysannes, or leur multiplication est précieuse”, se réjouit Geoffrey Estienne, producteur de petits fruits pendant trente ans devenu vigneron en 2017. Lui aussi se situe dans un département peu peuplé, au cœur de la France. 116 000 habitants, qui dit mieux ? Bienvenue en Creuse, destination prisée pour son climat océanique agréable et sans excès.
“En France, l’usage était de planter de la vigne là où on ne pouvait pas installer une autre culture. Maintenant, l'implantation du vignoble répond aussi à la qualité de vie du vigneron.” Sur les cinq nouveaux installés, deux sont Creusois. Les autres sont venus pour la douceur locale, la pleine nature, le grand air, le plein d’eau.
“Avant, il gelait fort ici, en dessous de -20° C, ce qui ne permettait pas aux vitis vinifera de survivre. Une année, j’ai dû attendre fin novembre pour que mon raisin soit mûr, mais on y est parvenu. Je ne pense pas que ça puisse être le cas tous les ans dans le sud de la Creuse par exemple, sur le plateau des Millevaches.” À Boussac, dont le château ouvre la vue sur les rondeurs du paysage, Geoffrey Estienne a planté exclusivement des cépages hybrides, résistants aux maladies fongiques et lui permettant de produire des vins naturels. Des variétés précoces qu’il a choisies après dix ans de réflexion.
Pour le moment, seuls deux vignerons proposent déjà du vin, les autres sont dans l’attente de planter ou de récolter. Les terres, aux sols préservés par le pâturage de petits troupeaux, pourraient séduire de nouveaux candidats soucieux de l’environnement. “En Creuse, plus de la moitié des habitants sont des agriculteurs de plus de cinquante ans. À leur départ en retraite, il restera d’immenses territoires. Il ne gèle plus très fort, la terre est propre et peu chère : la Creuse est un eldorado pour faire du vin.”
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