Bénédictine, le renouveau
Hé non, la Bénédictine n’est pas fabriquée par des Bénédictins ! C’est tout juste si l’ombre d’un moine, Dom Bernardo Vincelli, plane sur la recette de la liqueur. À l’occasion du 150ᵉ anniversaire du Palais Bénédictine, revenons sur l’histoire de ce spiritueux dont tout le monde a entendu parler sans vraiment le connaitre.
S’il y a bien une abbaye à Fécamp où résida peut-être le moine herboriste vénitien au début du 16ᵉ siècle, c’est à un homme du 19ᵉ, Alexandre Le Grand, que l’on doit la création de la Bénédictine et de sa légende.
La base de la recette, ce négociant en vin, l’aurait trouvée dans un livre provenant de l’abbaye. Il la met au point en 1863, et dès la mise en marché de sa liqueur, propulsée par une campagne publicitaire massive, c’est un immense succès. Il fait alors construire une folie architecturale, un palais abritant à la fois la distillerie et déjà, un musée présentant les objets religieux que l’entrepreneur, très croyant, collectionne.
Le Palais Bénédictine, une visite à faire
Cet extravagant édifice, néo-Gothique, néo-Renaissance, est un joyau qui vaut à lui seul une visite à Fécamp. Son intérieur vient tout juste d’être rénové par le designer Pierre-Cyrille Acquier qui a repensé le parcours muséal, sa mise en scène, son mobilier, son éclairage est imaginé des espaces (bar, salon de thé, boutique) permettant de prolonger l’expérience, avec en particulier, un très bel atelier de dégustation, inspiré d’un chœur d’église.
La recette du succès
Voilà pour le contenant. Qu’en est-il du contenu du flacon ? Une visite de la distillerie permet de mieux comprendre de quoi est faite cette liqueur, Tout commence par 27 plantes et épices réparties en quatre préparations distinctes (dont des macérations à froid) qui après distillation donnent quatre alcoolats. Lesquels sont mélangés avant vieillissement, une première fois pendant huit mois, puis ajout de miel, safran et sirop, une seconde fois durant quatre mois supplémentaires.
Aux côtés de la Bénédictine originale, on trouve aussi d’autres expressions de la liqueur convenant à des amateurs de spiritueux un peu plus secs : la B&B, mix de Bénédictine et de Brandy, la Bénédictine 1888, assemblage de liqueur Bénédictine et de Cognac vieilli en fûts de chêne de Cognac, et la Bénédictine Single Cask, également assemblage de Bénédictine et de Brandy, mais vieilli en petits fûts de chêne.
Si en pays cauchois, la Bénédictine originale est encore sur beaucoup de tables à l’heure du digestif, c’est plutôt en cocktail qu’on la consomme aujourd’hui, allongée par exemple de prosecco et de tonic, ou de cidre et/ou de jus de pommes pour la cohérence normande.
Quant à la recette originale, elle est évidemment tenue secrète. Peut-être figure-t-elle dans ce livre, conservé dans un coffre aux archives du Palais, qui nous a été présenté (mais pas ouvert) lors de notre visite. Le mystère est soigneusement entretenu par l’équipe et au final peu importe. Ce storytelling écrit par Alexandre Le Grand, un bon siècle avant que le terme existe, témoigne de l’inventivité de l’homme en matière de marketing, contribuant aujourd’hui encore au succès de la Bénédictine.
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