48 heures au pays de Giono
Provence-Alpes-Côte d'Azur - Corse - Monaco/2024
Partir sur les traces de l’auteur du Hussard sur le toit, né à Manosque en 1895. Le pays de Jean Giono est une rareté sauvage. Une sorte de miracle, de collines et de plateaux, où le vent ne cesse de souffler. Il inspire les artistes, les poètes et les ermites. S’asseoir n’importe où sur la montagne de Lure, fermer les yeux, méditer, écouter le souffle et parfois le silence.
© Brian Jannsen Banon
«Pays mystérieux, invraisemblable, la terre des dieux et des aurores», écrit Jean Giono. La Haute-Provence est aussi une terre d’écrivains, portée par le mugissement. Les Hauts de Hurlevent des Brontë ont leur réplique en Provence. Partout dans ce pays-là, les feuilles s’envolent et les écrits restent.
Le point de départ, la première escale naturelle, c’est Manosque, où Jean Giono a passé sa vie. Il faut y voir sa maison natale, le centre Jean-Giono installé dans l’hôtel Raffin, un édifice entièrement consacré à la littérature, le Paraïs, où il habita durant quarante ans avec sa femme Élise. Et si, comme dans toutes les villes de France saisies par la frénésie des chantiers, l’intra-muros s’est vu aussi dévoré par les pelleteuses, le cœur de Manosque bat toujours au rythme de la douceur provençale. Il faut donc en profiter l’été, avec les touristes, lorsque les marteaux-piqueurs font une pause, pour en apprécier toutes les beautés cachées, le charme de ses ruelles, l’attrait intemporel de cette place de l’hôtel de ville où le pouls bat un peu plus fort.
Au hasard de commentaires sur les réseaux sociaux, nous avons trouvé cette évocation touchante : «La plus belle place du monde ! Celle où ma fille a fait ses premiers pas, celle où j’ai bu le plus de café, celle où j’ai vu des milliers de gens tomber amoureux, la place des mots, des rendez-vous, des ombres et des lumières, la place des quatre saisons, celle des enfants, des glaces à la vanille, des fontaines et des oiseaux. La place d’une vie !» Son auteur, qui a l’amabilité de signer, est aussi écrivain. Il s’appelle René Frégni. Cette Provence-là donne du talent et du cœur.
De Manosque, on passe voir Mane et sa citadelle, unique exemple préservé de fortifications en Provence, édifiée par les comtes de Toulouse au XIIe siècle. Puis Forcalquier, bijou médiéval avec son centre ancien superbe, sa «rue des Arts» aux multiples artisans, sa rue Vieille et sa place aux Œufs. L’ensemble est dominé par la chapelle Notre-Dame de Provence, dont le dôme émerge des touffes d’arbres.
Il faut ensuite aller jusqu’à Banon, pour de multiples bonnes raisons. Pour Le Bleuet, bien sûr, la plus grande librairie indépendante en milieu rural, avec ses 100 000 volumes répartis sur quatre étages, devenu depuis quelques années un espace culturel aux multiples thématiques. Pour les paysages magnifiques qu’offre la montagne de Lure, le chemin au milieu des champs de lavande qui permet de rejoindre Redortiers-Le Contadour, où Giono acquit un vieux moulin pour y organiser, pendant plusieurs années, des rencontres littéraires. Enfin, pour une spécialité très appréciée des amateurs, le banon, fromage de chèvre AOP au lait cru entier que l’on enveloppe dans des feuilles de châtaignier.
M. E.
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