Table ouverte à l’Hôtel Corsica & Serena Spa

Dans l’ombre du mont Sainte-Catherine, de grands palmiers s’élancent dans un ciel bleu roi. Ils ont traversé la Méditerranée depuis les sables éternels du Sinaï jusqu’aux terres rocailleuses de l’île de Beauté et incarnent la mémoire de l’Hôtel Corsica & Serena Spa. Ils sont aussi les témoins de l’histoire d’Azza, née au Caire, et de son mari corse, Lucien Savelli. Dans les années 1990, le couple reprend l’établissement de 48 chambres construit en 1973 sur les hauteurs de Calvi. Il n’a que 2 étoiles, ils lui en offrent une 3e et ajoutent une piscine sous les fameux «totems verts» qui s’acclimatent à merveille. À leurs débuts, les Savelli vivent à l’hôtel avec leurs deux enfants, Melissa et Bruno, qui grandissent avec l’horizon de la Grande Bleue et le maquis dans les yeux. Cela ne s’oublie pas. Ensemble, ils auront investi et travaillé dur pour obtenir la 5e étoile. Cette montée en gamme, accompagnée de la création d’un spa et de rénovations, n’a pourtant rien changé à l’âme profonde des lieux. L’accueil est resté sincère, chaleureux et spontané.  

«Nous avons un métier de passion. On est là pour donner du bonheur aux hôtes, rappelle Bruno Savelli dans un large sourire. Les clients sont ici comme chez eux. Certains habitués viennent depuis dix ou vingt ans se reposer et se détendre en toute simplicité, loin des chichis.» Pas de paillettes donc, mais avec la nature pour écrin, la vue sur la Méditerranée pour seul horizon, et un sens du service poussé à l’extrême. «C’est l’hospitalité corse», dit Bruno Savelli comme une évidence. On appelle cela aussi de la générosité.  

L’an dernier, le restaurant de l’Hôtel Corsica & Serena Spa, La Tavola, a pris un nouveau tournant avec l’arrivée du chef Samuel Neveu. Des idées plein les fourneaux et une énergie débordante, il élabore alors un menu gastronomique en plus de la carte du dîner – une première pour l’hôtel. Cette saison, sa table s’ouvre aux non-résidents de l’hôtel, toujours le soir. Sous la voûte céleste constellée de cristal, c’est dans le calme du jardin et les pépiements d’oiseaux que ses plats gastronomiques se dégustent. Samuel Neveu, aidé de sa seconde Marie Benoît, a mis l’accent sur les fournisseurs locaux : le miel vient de l’apiculteur Thierry Bras à Lumio, l’huile A Merula de Folelli, la charcuterie L’Aziana de Bastelica… Sans oublier le poisson frais, livré chaque jour. Le chef aime jouer avec les produits du terroir en les détournant légèrement. Comme par exemple la sériole, proposée à la façon d’un marbré aux algues nori avec salade de coques et de salicornes sur une vinaigrette à la bonite. Pour la goûter, mieux vaut donc réserver une table à l’avance : le restaurant a déjà un joli succès !  

• Trois questions au chef Samuel Neveu du restaurant de l’Hôtel Corsica & Serena Spa 

Gault&Millau : Présentez-vous en quelques mots… 

Samuel Neveu : Je viens de la région du Mans. J’ai fait un BEP et je suis parti faire des saisons, par choix. Je n’ai travaillé que dans des 5-étoiles ou des palaces. Cela m’a permis de voir différents styles, d’apprendre la rigueur et de travailler des produits exceptionnels.  

G&M : Quelle est votre ambition pour votre seconde saison ici ? 

S. N. : De monter encore en gamme et de nous améliorer. L’an dernier, le gastronomique était réservé exclusivement aux clients de l’hôtel. L’ouverture à un public extérieur est une nouvelle étape. Je changerai la carte et le menu trois fois durant la saison selon mon inspiration méditerranéenne qui a parfois des accents japonais. C’est très motivant, d’autant qu’on me laisse une grande liberté. J’ai ainsi pu ajouter le pigeon à la carte, une véritable entorse à la Corse, dont ce n’est pas la spécialité. Dans le futur, j’aimerais aussi créer un restaurant brasero. Peut-être pour la saison prochaine ?  

G&M : Vous êtes saisonnier : l’été en Corse, l’hiver en montagne. Quel est votre rapport aux saisons ? 

S. N. : Le temps passe très vite. En avril, c’est comme si on était déjà en août ! Mais j’apprécie ce rapport au temps, je m’ennuie dans la routine. J’aime aussi les produits qui varient encore plus selon les saisons, au soleil et en montagne. L’an dernier, nous avons créé un potager ici, sans pesticide ni engrais. Il nous a notamment donné de nombreuses tomates cerises l’été dernier. Cela donne quelque chose en plus à nos assiettes, même si on doit compléter avec d’autres tomates de nos productrices, à 2 kilomètres de là.   

Hôtel Corsica & Serena Spa 

Route de Pietramaggiore, 20260 Calvi. Tél. 04 95 65 03 64. www.hotelcorsica.fr