48 heures dans le Perche

Normandie/2022

Entre Paris et la Bretagne, le Perche. Le nom vient d’une vaste forêt de nos ancêtres, la silva Pertica. Si son identité géographique, principalement rurale, est bien délimitée, cette ancienne province s’étend en réalité sur quatre départements et trois régions. L’Eure-et-Loir et le Loir-et-Cher – avec le Vendômois –, tous deux en région Centre-Val de Loire, l’Orne, en Normandie, et la Sarthe, en Pays de la Loire.

Notre promenade dans le Perche normand nous mène dans un superbe parc naturel, belle succession de forêts et de champs paisibles, de bocages et de prairies, d’étangs et de marais, de coteaux et de landes. Ici, les villages sont peu touchés par l’urbanisation, ce qui a séduit nombre de Parisiens, également attirés par un immobilier (encore) accessible. Ce n’est pourtant qu’à partir de La Madeleine-Bouvet, en pénétrant dans l’Orne, que se dessine discrètement ce qui pourrait être le 22e arrondissement de la capitale. Autour de Rémalard-en-Perche et de Longny-les-Villages, les premiers vélos électriques – en lieu et place du fameux percheron, cheval de trait connu pour son endurance et sa croupe généreuse – pointent leur guidon, et on aperçoit quelques citadins déguisés en jardiniers qui tiennent leur taille-haie comme un bazooka. Bienvenue dans le Perche ! Une Ornaise de souche nous confiait que les rues commerçantes de Mortagne, où elle vient régulièrement faire ses courses, ont aujourd’hui un petit air de Saint-Rémy-de-Provence. Bien sûr, elle exagère (un peu). Car, hormis le week-end et quelques mois dans l’année où l’on peut croiser Bouvard et Pécuchet en vadrouille, le naturel l’emporte dans cette région encore très préservée. À peine voit-on fleurir quelques agences immobilières humant un marché en hausse et se développer quelques négoces revendiquant leur appartenance (Pharmacie du Perche, Maisons du Perche…). Ici, la campagne est intacte et les chemins creux plus nombreux que les routes. Alors, promenez-vous, perdez-vous, et n’hésitez pas à revenir sur vos pas, rien que pour le plaisir ! Aux maisons de pierre à appareillage plus élégantes les unes que les autres succèdent des longères à encorbellement de briques, aux châteaux un manoir, à une abbaye un modeste clocher… À Fontaine-Simon, entrez dans la belle église Notre-Dame pour admirer son retable, classé. À La Madeleine-Bouvet, charmant village, avec ses demeures à toits de tuiles, faites un détour par la ferme de la Pellerie et passez devant les Minoteries Guiard, dont la farine « Fleurysette » fournit de nombreuses boulangeries régionales. À Moutiers-au-Perche se trouve un bon hôtel pour faire étape et se restaurer, la Villa Fol Avril, mais aussi la fameuse ferme Les Poulardes de Culoiseau, qui s’invite sur les plus grandes tables, principalement à Paris. De belles bêtes (poulets et poulardes) de près de 3 kg nourries aux céréales du Perche s’y s’épanouissent selon des méthodes ancestrales, à partir d’une souche rustique. En route pour Rémalard, tout le monde s’arrête à Bizou pour s’embrasser. À Longny-les-Villages, on boit un verre au Café du Commerce, sur la place, et on ravitaille en charcuterie. De là, on passe par Cour-Maugis-sur-Huisne, puis Corbon, un village remarquable pour son église Saint-Martin, qui possède elle aussi un retable classé, et le superbe manoir de la Vove. On remonte vers Mortagne par Courgeon, puis La Chapelle-Montligeon et sa basilique néogothique, lieu de pèlerinage depuis cent quarante ans. Mortagne est la commune la plus importante du Perche. La balade dans la cité révèle de nombreux témoignages historiques : ruelles médiévales, hôtels particuliers, anciennes demeures, la plupart du XVIIIe siècle. Parmi ces édifices, l’hôtel de ville, l’hôtel du receveur des tailles, rue des Tailles, la maison de Henri IV, du XVIe siècle, ou encore la maison des comtes du Perche, qui abrite aujourd’hui le Musée mémorial Alain – le philosophe est né à Mortagne, en 1868, sous le nom d’Émile-Auguste Chartier. Dans un autre registre, la capitale du Perche accueille également, chaque troisième week-end de mars, la foire au boudin, avec deux remises de prix : le concours international du meilleur boudin noir et le concours du plus gros mangeur de boudin. À vous de voir ! Pour finir, après un détour par Soligny-la-Trappe, un lieu saint célèbre pour son abbaye – le seul monastère d’hommes encore en activité dans le département –, nous nous accorderons juste une petite incursion en Centre-Val de Loire à Senonches, un joli village en bordure de la forêt de La Loupe. Le marché s’y tient le mercredi, et on fait volontiers étape à l’Hôtel La Forêt.