48 heures en Puisaye
Bourgogne-Franche-Comté/2023
La France est vaste et belle, chaque région a son identité et presque chaque département a son coin secret, encore à peu près préservé du tourisme – par la grâce des grands axes qui l’évitent, par son éloignement des centres urbains, par son absence d’attractivité apparente. Parfois, la lumière s’allume grâce à une voix lointaine, un regard, des mots qui ont décrit et raconté une histoire simple. Le pays de Caux a Maupassant, le Berry a George Sand et la Puisaye a Colette.
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La tournée semble facile à programmer : Saint-Fargeau et son château, Saint-Sauveur, le village natal de Sidonie-Gabrielle, le cadre de son tout premier roman, la toute première « auto-fiction », Claudine à l’école. Puis Moutiers et son église romane, souvent évoqué, et Toucy où il faudra aller goûter le fras, ce gâteau au fromage qu’elle affectionnait particulièrement, et que l’on trouve sur le beau marché du samedi matin.
On est là au cœur de la Puisaye, une belle campagne aux villages authentiques où l’immobilier ne souffre pas de fièvre. Cette immersion rappelle aux nombreux citadins que chaque bosquet est un trésor. La détente verte trouve sa meilleure expression au bord du lac du Bourdon ou dans le parc naturel de Boutissaint et ses animaux en liberté.
D’ailleurs, plus que des paysages ou des pierres inanimées, Colette décrit le vivant, l’humain, la chaleur. Ses souvenirs sont des réminiscences proustiennes, elles rappellent des émotions, elles déclenchent des sentiments. Son œuvre n’est faite que de battements de cœur, et la Puisaye rappelle, à chaque kilomètre, la vérité de l’instant, celle d’un chêne ou d’un coucher de soleil.
Lorsqu’elle revient dans sa maison natale, elle revoit les arbres, les couleurs, les contours d’une enfance heureuse, mais surtout elle montre le besoin de se replonger dans son univers vivant.
« Mais à 16 ans, revenant en Puisaye après une quinzaine de théâtres, de musées, de magasins, je rapporte, parmi des souvenirs de coquetterie, de gourmandise, mêlé à des regrets, à des espoirs, à des mépris aussi fougueux, aussi candides et dégingandés que moi-même, l'étonnement, l'aversion mélancolique de ce que je nommais les maisons sans bêtes… Ces appartements privés d'esprits familiers, où la main, en quête de cordiale caresse, se heurte au marbre, au bois, au velours inanimés, je les quittai avec des sens affamés, le besoin véhément de toucher, vivantes, des toisons ou des feuilles, des plumes tièdes, l'émouvante humidité des fleurs… Comme si je les découvrais ensemble, je saluai, inséparables, ma mère, le jardin et la ronde des bêtes. »
Alors en prenant la route de la Bourgogne, par l’A77 sortie 21, vous partirez à la redécouverte d’un monde familier, de la Puisaye aux millions de petites bêtes, le « peuple de l’herbe », mais aussi ses maisons et ses habitants. L’imposant château de Saint-Fargeau avec ses deux grosses tours rondes encadrant la porte principale est une curiosité pas plus importante que le marché qui se tient le vendredi, ou que la jolie route qui mène à Saint-Sauveur, avec les points de vue sur les collines, le bocage et les prairies environnantes, et surtout les parfums qui accompagnent le regard. Saint-Sauveur est un bijou figé dans le temps et la maison de Colette se visite. Dire que son âme y flotte est un truisme. Il vaut mieux lire les livres.
Pour finir la balade avec un bruit de tire-bouchon, vous irez voir au nord, autour de la vallée de l’Yonne, ces villages viticoles qui ont leur spécialité, le pinot à Irancy et à Coulanges-la-Vineuse, le sauvignon à Saint-Bris-le-Vineux, l’aligoté à Chitry.
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