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Primeurs Bordeaux

Primeurs Bordeaux

28/04/2017

Retour sur un millésime 2016 singulier et particulier qui demande bien plus que quelques mots pour être compris. Toutes nos notes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'année dernière, à peine les vendanges terminées, les instances bordelaises ont envoyé un communiqué de presse spécifiant le caractère exceptionnel du millésime. Il est vrai que 2015 est un millésime particulièrement qualitatif et les mots choisis, bien qu'un peu superfétatoires, le décrivent comme le «  millésime du siècle  ». Une affirmation un peu ambitieuse, il faut bien le reconnaître. Le rapport Gault&Millau du millésime tempéra, en son temps, cet emballement général.

Pour 2016, par contre, c'est le calme plat. Pas de communiqué de presse, pas de volonté de nous donner le ton du millésime. Il faut dire que les instances bordelaises sont particulièrement sereines, le millésime à venir s'annonçant superbe et, il faut bien l'admettre, un peu gênées, car il n'est pas très habituel d'annoncer le millésime du siècle deux années d'affilée. Juste un souci de sémantique avec lequel les Bordelais font parfois des circonvolutions littéraires. Mais passons.

 

Millésime du siècle ?

Millésime du siècle donc, ce millésime 2016  ? Effectivement, il est et restera un millésime à part, un millésime peu commun lui donnant une singularité affirmée. Revenons sur le déroulé d'un millésime sauvé des eaux.

Pour cela, il convient de se remémorer l'été 2015. Bien souvent, dans les écrits et les analyses climatologiques, l'année de production est considérée comme débutant en janvier et se terminant aux vendanges. Rien de plus faux, en réalité. La vigne commence son inflorescence dès l'été qui précède. Il faut donc se souvenir du climat favorable de 2015 pour se rappeler que la fleur et l'été se déroulèrent sous de beaux auspices, augurant une inflorescence «  2016  », nous l’appellerons ainsi, qualitative. Tout apparaissait positif dès 2015.

Au printemps 2016, la pluie tombe abondamment faisant dire à Pierre Lurton, directeur du Château Cheval Blanc et du Château d'Yquem, que les «  nappes phréatiques ont été largement refaites  ». Seul espoir, une semaine de beau temps ininterrompu, juste au moment de la floraison qui empêche coulure et millerandage. Les espoirs sont bons. Malheureusement, la pluie tombe à nouveau, sans discontinuer, inondant certaines parcelles de vignes dans les terroirs les moins bien drainés. De la pluie en abondance, qui laisse à penser à un autre millésime, 2013. L'espoir et le moral ne sont pas au beau fixe d'autant que lors des premiers jours d'avril, le vignoble a subi un coup de stress important avec quelques gelées matutinales.

Dès juin, et surtout en juillet, les températures remontent installant un temps parfait et propice notamment pour dégrader les arômes végétaux sans entrainer de blocage de la croissance. Les pluies sont faibles et peu fréquentes, les températures conformes à la normale.

Face à ces températures idéales pour les vacanciers et à une pluviométrie printanière importante, la véraison prend son temps (stade où le raisin se gonfle et passe du vert au rouge) signe d'une contrainte hydrique peu importante.

Le mois d'aout est un vrai mois d'été. Ensoleillement et chaleur sont au rendez-vous (+30% de luminosité par rapport à la normale et +5°C de température supplémentaire) avec une absence de pluie qui engendre un début de stress hydrique (donc d'un arrêt de la maturation des raisins) dans certains endroits. Fort heureusement, les nuits sont plus fraiches que la moyenne, limitant ainsi la dégradation des arômes et des acides du raisin. Notons toutefois, et c'est une donnée importante, que le talentueux Axel Marchal, chercheur à l'ISVV de Bordeaux et vinificateur/consultant, note dans son rapport : «  les jeunes vignes, les parcelles à fort rendement ou les sols superficiels connaissent un stress hydrique excessif ».

Dans les vignes les plus effeuillées, celles où l'on pratique «  une viticulture d'Europe du Nord alors que nous sommes dans le sud de l'Europe  » comme aime à le rappeler Olivier Berrouet, vinificateur de Château Petrus, le spectre du blocage de maturité est important d'autant que le début du mois de septembre est caniculaire. Les treize premiers jours de ce mois sont les plus chauds depuis 1950 avec une pointe à 37°C à Sauternes, le 12 septembre. Le lendemain, en fin d'après-midi, une ligne orageuse remonte du Pays basque apportant trois journées d'épisode dépressionnaire et 40 mm de pluie dans les zones les plus arrosées. Le 20 septembre, le soleil fait son retour pour ne plus disparaitre jusqu'aux vendanges.

Cet épisode pluvieux, très bénéfique pour la végétation, relance le processus de maturation permettant aux cabernets-sauvignons et aux parcelles de merlots les plus tardives de ne pas s'affaisser sous une chaleur accablante.

Comme en 2015, le mois d'octobre est décisif. Le soleil toujours présent permet une luminosité importante, les températures dans la moyenne sont un vecteur de satisfaction et surtout les nuits fraiches conservent les composés phénoliques (donc les couleurs) tout en préservant les arômes et les acidités. Cette amplitude importante entre des nuits fraiches et des journées chaudes, mais non caniculaires, est la clé du millésime. S'est ainsi opérée une lente maturation des baies, avec patience et sérénité, qui a permis de créer un millésime exceptionnel, plein de fruits au niveau aromatique, avec des acidités élevées (donc des pH bas) et des densités en bouche proches du charnu, qui est un mélange de densité et de fraicheur.

Ce mois d'octobre, frais et sec, est particulièrement bénéfique au cépage cabernet-sauvignon donnant un léger avantage à la région médocaine comparée à la rive droite. Homogénéité plutôt, car si avantage il y a, c'est bien celui-ci.

 

Vendanges

Les vendanges débutent avec les blancs secs dès début septembre, environ une semaine plus tard que 2015. Les raisins présentent des états sanitaires parfaits même si le stress hydrique de l'été a laissé quelques traces. Dans l'ensemble le millésime est plus que satisfaisant sans être toutefois aussi exceptionnel que pour les raisins rouges.

Pour ces derniers, elles ont débuté avec la récolte des merlots dès la troisième semaine de septembre pour les terroirs les plus précoces. Certaines parcelles ont même été vendangées tout début novembre avec des cabernets de toute beauté.

Contrairement à d'autres régions comme le Beaujolais, la Champagne ou surtout la région de Chablis, les récoltes à Bordeaux sont particulièrement favorables en termes de quantité. Ce rendement s'explique par une parfaite floraison qui a engendré un nombre de baies par grappe important plus que par la taille des baies qui, elle, est restée modeste.

Des vendanges parfaites donc, d'autant que la faible teneur en acide malique des raisins laisse augurer des vinifications assez aisées.

Concernant Sauternes, les raisins sont tout d'abord passerillés avant d'être colonisés par la pourriture noble apportant ainsi une réelle concentration. Les épisodes pluvieux des 13 et 30 septembre ont initié le développement de cette dernière sur des raisins sains et parfaitement murs. La deuxième trie est ainsi la plus abondante, constituant le cœur qualitatif pour des vendanges se terminant, parfois, en novembre et au rendement particulièrement élevé pour certains comme Château d'Yquem qui affiche un royal 22 hl/ha  !

 

Blancs et Rouges...

La qualité globale, comme nous avons pu le voir dans ce résumé, s'annonçe exceptionnelle. Et elle l'est. Même si les vins blancs, qui possèdent des acidités moins soutenues que les trois derniers millésimes, sont un peu les parents pauvres, il n'en reste pas moins que la qualité est présente. Les sauvignons blancs, qui cette année ont produit en quantité, ont souffert du stress et de cet excès de production alors que les sémillons, cépages nobles des vins blancs de Bordeaux, ont trouvé des conditions idéales. Malheureusement, mal aimés donc mal utilisés, il sont peu présents dans nombre de vins blancs de Bordeaux. Toutefois, les meilleurs possèdent de la chair, du moelleux avec des acidités basses qui peuvent parfois les faire apparaitre comme un peu mous, mais gageons que les élevages intelligents amoindriront cette sensation. L'appellation Pessac-Léognan, grand pourvoyeur de vins blancs de grande qualité, peut afficher un certain optimisme.

À Sauternes, la donne est différente. L'arrivée tardive du botrytis cinerea (pourriture noble) sur des raisins passerillés engendre un profil différent que certains prennent pour une qualité moyenne. Ce n'est pas parce que Sauternes possède une certaine tension et des arômes qui différent des années précédentes que la qualité n'est pas présente. Non, 2016 est un très beau millésime à Sauternes apportant des acidités plus élevées que d'habitude, donc des vins plus tendus, plus digestes, plus gourmands. Qui s'en plaindrait  ?

Les rouges quant à eux sont superbes. Les journées chaudes et lumineuses de l'été ont totalement dégradé la présence de molécules au nom barbare de «  isobutylmétoxypyrazine  » qui apportent des notes de poivron vert et de végétal que certains Master of Wine anglais (le soi-disant diplôme le plus dur au monde en termes de vin) s'évertuent à considérer comme le marqueur qualitatif des vins bordelais et que nous considérons, dans une certaine résistance outrancière vis-à-vis de nos amis britanniques, comme un défaut.

Les nuits fraiches ont été le gage d'acidités élevées donc de sensation de fraicheur importante tout en conservant les phénols, notamment les anthocyanes, principes actifs de la couleur. Les températures élevées de l'été et les pluies salvatrices sont à l'origine de densités impressionnantes, de sensations de charnu, de juteux magnifiques tout en conservant, grâce aux nuits fraiches, des qualités aromatiques superbes qui donnent aux vins de Bordeaux l'éclat de fruits savoureux qui font souvent défaut dans leur prime jeunesse.

Si le Médoc peut se féliciter d'une homogénéité plus marquée qu'en rive droite, cette dernière est d'un niveau magnifique. Toutefois, sur l'ensemble du Bordelais, les terroirs les moins qualitatifs, ceux qui possèdent une rétention de l'eau moins importante et un drainage un peu trop fort, restent en retrait. Certains vins, dans des appellations moins prestigieuses, ont connu un stress important jouant sur la qualité des vins, les amoindrissant parfois. Raison pour laquelle ce millésime est singulier. Singulier dans sa climatologie, nous venons de le voir, mais aussi singulier, car, contrairement aux années précédentes, l'homogénéité n'est pas aussi marquée entre les terroirs de second ordre et les grands terroirs. L'écart se creuse en faveur des terres d'exception. Dans ce dernier cas, il faut avouer que le millésime est un véritable marqueur de grand terroir tant il enjôle et magnifie les grands terroirs. Pour ceux qui croient que Bordeaux est un terroir unique, 2016 est là pour leur rappeler qu'en cette région, il y a beaucoup plus de diversité que ce que la vindicte populaire souhaite parfois laisser croire.

 

Tout ceci procède de conditions particulières avouons-le. C'est pour cette raison, que 2016 est particulier et sera marqué à jamais comme un millésime fait pour les grands terroirs. Singulier et exhausteur de terroirs, en conclusion.

 

 

Saint-Emilion et Saint-Emilion Grand Cru

 

Pomerol

 

Margaux

 

Saint-Julien

 

Pauillac et Saint-Estephe

 

Listrac et Moulis

 

Haut-Médoc et Medoc

 

Graves et Pessac-Léognan

 

Sauternes

 

Lalande de Pomerol et Castillon

 

Satellites de Saint-Emilion

 

Autres appellations

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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