Pourquoi les amphores ont-elles la cote ?
Vieilles de 8000 ans, les contenants en terre cuite ont conquis les chais des domaines français. Pourquoi un tel succès ?
Les jarres oblongues poussent entre les barriques et cuves inox des domaines français. À Bordeaux, dans un équipage de contenants boisés, la terre cuite s’est frayée un chemin et quelques pièces servent parfois à prouver aux visiteurs sa modernité.
Pourtant les amphores ne datent pas d’hier – le terme d’amphore étant en réalité un raccourci linguistique qui englobe les contenants en terre cuite, on parlera plutôt de jarres que d’amphores, destinées au transport. Mis au point il y a 8000 ans, ces premiers contenants existent depuis le Néolithique. Au fil de l’Histoire, le tonneau a pris la place pour élaborer, transporter et conserver le vin.
Pourquoi les amphores reviennent-elles désormais sur le devant de la scène ?
Certaines cultures n’ont jamais abandonné leurs jarres pour la fabrication du vin. La Géorgie et ses qvevis, l’Italie et ses dolias, l’Espagne et ses tinajas... Par exemple, en Géorgie, des jarres enterrées accueillent de longues macérations de plusieurs mois. Baies, peaux, jus voire rafles se mêlent pour apporter arômes, couleur et tanins au vin, en particulier les blancs, donnant naissance aux fameux vins oranges.
Au début des années 2000, ces vins apportés en France par quelques vignerons et importateurs attisent la curiosité du vignoble. Et leur contenant dans le même temps. Utilisées pour les blancs comme les rouges, les jarres se sont démocratisées, l’offre et les choix se sont étendus.
Pourquoi ? La puissante marque aromatique du bois récolte moins de succès dans nos verres. De la même manière que certains domaines se tournent vers des barriques “de seconde main” ayant déjà abrité plusieurs vins, à l’empreinte moins puissante sur son contenu, les jarres en terre cuite tirent leur épingle du jeu. Comme le bois, elles apportent une précieuse micro-oxygénation, une respiration pour le vin. Cette micro-porosité du bois comme de la terre permet d’assouplir les tanins.
Autre avantage, la forme ovoïde permet une meilleure circulation et favorise un mouvement naturel du vin. Sans intervention, cette mise en suspension des particules contribue à la complexité et au gras du vin. Résultat, vignerons et vigneronnes vantent des vins plus ronds, fondus, à la pureté accentuée.