Pierre Duplantier : l’éleveur qui a troqué le lait pour les volailles d’exception
Sortir d'un système agricole productiviste n'est jamais facile. Pierre Duplantier, ancien éleveur laitier, a osé changer le cours de sa vie.
Il s'est affranchi d'une production peu rémunératrice pour se lancer dans l'élevage de volailles haut de gamme destinées aux chefs et aux gourmets.
Pierre Duplantier se souvient d'un voyage d'études en 1998 aux Pays-Bas. Il y découvre des exploitations agricoles de 200 hectares avec 200 vaches laitières traites par des robots. De la science-fiction pour l'époque. Quand il rentre à Méracq (Pyrénées-Atlantiques) sur la ferme familiale – avec ses 35 vaches, ses 40 hectares, les lourdeurs administratives, les emplois du temps surchargés pour gagner deux francs six sous –, il se dit qu'il est temps de changer de voie.
Un changement de vie fructueux
À l'époque, Pierre Duplantier travaille en GAEC (groupement agricole d'exploitation en commun) avec ses parents. Leur troupeau de prim'holstein produit 230 000 litres de lait par an. Bloqué par les quotas, l'ensemble vivote. Pour se diversifier et mettre du beurre dans les épinards, ses parents se lancent dans le poulet Label rouge pendant que Pierre élève ses premières poulardes. Élever est un bien grand mot, car il n'a que peu d'expérience dans le domaine et, surtout, il le fait essentiellement pour la famille et les amis.
Malgré tout, il s'intéresse à la qualité de l'eau, aux différentes moutures des aliments, à la qualité de ses sols, à la ventilation et, au début des années 2000, pas peu fier de ses quelques poulardes, il file les présenter au chef de cuisine Arnaud Daguin, alors installé à Biarritz. Séduit, ce dernier lui souffle de faire peu mais de faire bien en visant le haut de gamme. Mais surtout, il l'invite à se lancer dans l'élevage de cailles, car ce qui est proposé sur le marché à l'époque n'est pas très intéressant.
De retour à Méracq, Pierre Duplantier se concentre sur ses poulardes, qu'il reçoit à 1 jour et élève entre 17 et 22 semaines – dont 5 dans des parcs qu'elles partagent avec des pintades, car ces deux espèces cohabitent bien ensemble. Convaincu qu'il fait peu mais bien, avec des volailles nourries en partie au maïs et avec du lait en extrait sec, l'éleveur se rend à Paris pour faire déguster le fruit de son travail aux chefs. Ils sont nombreux à être conquis. À tel point qu'il dépose la marque Poulardes Duplantier et décide de transformer la globalité de l'exploitation.
Une grande partie des terres qui servaient de pâture aux vaches est retournée et plantée en maïs, le reste est aménagé en parcs herbeux, notamment avec les canards, et la stabulation est transformée en abattoir, chambre froide et lieu de préparation des commandes. Avec un outil de production en place, l'éleveur a ainsi développé, sans jamais tomber dans l'intensif, une gamme de volailles, poulardes, poulettes, pintades et canards croisés élevés longuement et en petit nombre. Et comme la proposition d'Arnaud Daguin n'est jamais tombée dans l'oreille d'un sourd, Pierre Duplantier a fini par se lancer dans l'élevage de cailles.
Aujourd'hui, les plus grands chefs de cuisine se fournissent chez lui, en France mais aussi au-delà (Espagne, Belgique, Suisse et même en Thaïlande), et les plateformes de vente de produits de qualité permettent au grand public de commander la volaille de son choix. Reste à comprendre pourquoi les volailles de Pierre Duplantier sont de haut vol. Pour l'éleveur, la réussite passe par le sens du détail, la gestion du stress, la qualité de l'eau et de l'alimentation et du calme. Dans un cadre comme celui de la campagne de Méracq avec, au loin, les Pyrénées, le pic d'Ossau et le pic d'Annie, qui culminent respectivement à 2 884 et 2 507 mètres, comment voulez-vous que les volailles soient stressées ?
Un élevage exemplaire
Qu'elles soient communes ou japonaises, les cailles de Pierre Duplantier ne sont élevées que dans le noir façon ortolan. Quand elles arrivent sur l'exploitation, elles ont 3 semaines. Nombre de coturniculteurs se contentent de les engraisser autour de 5 à 6 semaines. Pour Pierre Duplantier, ce n'est pas assez. Il pousse jusqu'à 10 semaines et parfois 15 pour que chaque caille atteigne les 280 grammes. À l'issue, elles ne sont pas saignées, mais étouffées puis plumées à sec pour que la peau ne soit pas abîmée, ce qui permet également de conserver la caille plus longtemps.
- Volailles Duplantier
- Route départementale 944, 64410 Méracq
- 06 84 59 16 29