48 heures à Cannes
Provence-Alpes-Côte d'Azur - Corse - Monaco/2024
Tapis rouge et Grande Bleue sous un soleil jaune citron… Cannes, village mondial du cinéma, écrit un nouveau scénario dont elle est l’héroïne. Une star est en train de (re)naître en sublimant son héritage méditerranéen.
© Palais des Festivals Hervé Fabre
Midinettes au pas léger et mémés lookées ; chihuahua et spitz nain portés comme des sacs à main ; touristes traînant la patte, les yeux rivés sur le miroir bleu… La Croisette a beau être un trait d’union entre la terre et la mer, elle reste un podium de 2,7 kilomètres de long pour voir et être vu. Depuis 1946, les célébrités du monde entier y défilent tous les ans lors du Festival de Cannes dans une bande-son de flashs, de rires et de cris. Mais à force d’être foulée, la promenade mythique a fini par se fatiguer. Elle sera réenchantée d’ici à 2025 par les architectes de Snøhetta (agence norvégienne qui a signé l’Opéra d’Oslo et la piétonnisation de Times Square) dans des jeux d’eau, des espaces végétalisés et des ombrières aux accents Art déco, le tout sur un sol rouge-terracotta en écho au massif de l’Estérel et au tapis du Festival. En attendant, les palaces se mettent au diapason. Citons-en deux : le Carlton Cannes, rénové en 2023, et le Martinez, où Jean Imbert reprend ce printemps les rênes de la table gastronomique La Palme d’Or après La Plage du Martinez. Cannes se dépoussière… et rajeunit !
De nouveaux hôtels séduisent une clientèle de jeunes actifs trendy, comme l’Hôtel Belle Plage au design lumineux et au sublime spa et, dès ce printemps, le MOB Hotel. Coiffé d’un toit de 55 panneaux photovoltaïques, il accueillera un potager, une piscine et une épicerie Biocoop. Sur la Pointe Croisette, Experimental Group a repris le Bijou Plage, une adresse d’habitués. Quant au légendaire Palm Beach, il ressuscitera en mai. Restaurants, galerie commerciale, cabaret et club sélect dont seuls les membres auront accès à la piscine de Gabin et de Delon filmée dans Mélodie en sous-sol.
À quelques pas de là, le «vrai» Cannes dispute des parties de pétanque sur la place de l’Étang. Ça sent le Sud et le pastis. Ça papote et ça tempête dans des accents gorgés de soleil. Cette mélodie chantante, on l’entend aussi au marché Forville, le dimanche matin. Pissaladière et socca dans leur panier, les Cannois se retrouvent pour l’apéritif en terrasse autour du ventre de la ville (bientôt en travaux lui aussi). Pas de table ? Filons vers l’embarcadère des îles de Lérins. Sainte-Marguerite est la plus grande des deux. Elle invite aux baignades et à la découverte des secrets du Masque de fer, célèbre prisonnier du fort royal devenu musée.
On lui préfère Saint-Honorat. Depuis 1 600 ans, cette île est bercée par les prières des moines de l’Abbaye de Lérins qui en est propriétaire. Un sentiment de paix flotte sous les pins parasols et d’Alep, couchés par les vents. On y croise un surfeur, les yeux délavés par le sel. «L’hiver, c’est un spot secret pour les vagues, confie-t-il. L’été, la mer est plate. Je viens alors pour le calme. Même en haute saison, il y a peu de monde. Je soutiens ce paradis à ma façon, en achetant les vins produits par les frères.» La boutique en est pleine, de même que, aux beaux jours, la carte du restaurant La Tonnelle, avec vue sur mer. «Nous produisons 35 000 bouteilles par an, avance Samuel Bouton, commercial vin et liqueur de l’abbaye. Sur les 43 hectares de l’île, 8,5 sont des vignobles de rouge et de blanc bénis lors des vendanges. Ce lieu a une forte charge spirituelle et de quiétude. On y perd facilement la notion du temps.» Il faut pourtant regarder sa montre ou compter les sonneries des cloches du monastère pour attraper l’unique navette passant toutes les heures.
Quinze minutes plus tard, de retour dans l’autre monde, bruyant et hectique, on butine des souvenirs dans les allées de la Liberté, où les brocanteurs étalent leurs trésors (samedi et dimanche, lundi au marché Forville). Une affiche vintage, baignée de soleil, fait la promotion de la Côte d’Azur pour la Société nationale des chemins de fer français. Sous une pile, on en déniche une autre, celle d’un astronaute apostrophant le lecteur : «Visitez l’Union soviétique, patrie du premier cosmonaute au monde !» Le poster des années 1960 était bien caché. «J’évite de froisser les uns et les autres», confie Sylvie Clément de Vintage Posters. On entend à ce moment-là parler russe puis ukrainien…
On file ensuite vers la colline du Suquet. Ce quartier, ancien village de pêcheurs haut perché, est un labyrinthe de ruelles au charme fou, grand comme un mouchoir de poche. Là, le Suquet des artistes programme des expositions d’art contemporain. Reste le Musée des explorations du monde, qui nous embarque sur plusieurs continents. Mais le ciel nous appelle au bout des 109 marches de la tour de guet du XIe siècle. De là-haut, l’horizon nous tend les bras. Clap de fin. B. D.
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