48 heures sur l’île de Groix

Bretagne/2024

De la pointe de Larmor, on aurait presque l’impression de pouvoir l’atteindre à la nage. Ne vous y fiez pas ! 7,5 kilomètres par le plus court, une quinzaine de kilomètres depuis la gare maritime de Lorient, et 45 minutes en bateau sur une mer souvent houleuse. La balade sur Groix ne se donne pas si facilement, elle se mérite.

«Qui voit Groix voit sa croix», ou «voit sa joie» selon le dicton, repris ou inventé, entre autres, par Chateaubriand. Les marins revenus de longs périples avaient toutes les raisons de se réjouir en apercevant cette promesse de continent proche. Ils avaient même parfois la chance d’y faire escale, comme aujourd’hui les 200 000 visiteurs annuels qui viennent troubler un moment la tranquillité des 2 000 habitants. Que l’on se rassure, cette affluence est régulière, mais plutôt concentrée en été et ne trouble pas à l’excès la vie des Groisillons, répartis sur les 17 villages que compte l’île. Les dimensions modestes (8 kilomètres sur 4) incitent plutôt à venir sans voiture (un tarif dissuasif est appliqué pour les quelques places de véhicules sur les bateaux de traversée) pour profiter au mieux des balades. La location de vélo est facile et peu coûteuse, le stop marche très bien hors saison, et tous les coins de cette île – sans aspérités ni montagnes – ont leur charme. Des sentiers balisés vous signalent les curiosités, le Trou de l’Enfer, la pointe des Chats, la réserve naturelle Francis Le Bail (80% de la surface de l’île est en zone Natura 2000) et les plus belles plages, Locmaria et surtout les Grands Sables. Au hasard des chemins, menhirs et dolmens, phare et tumulus de Pen-Men, Port-Mélite, pointe du Grognon et villages paisibles. Chaque saison a ses attraits botaniques – les fleurs au printemps, les feuilles dorées en automne, mais en toutes circonstances, les villages gardent leur authenticité et leurs secrets. L’essentiel de l’animation commerciale se concentre à Port-Tudy, où l’on débarque du continent, puis au bourg, que tout le monde appelle ainsi plutôt que Groix, à 800 mètres du port, accessible après une petite grimpette. Si le parcours touristique indispensable comprend de nombreuses promenades nature, il est tout aussi important de connaître et fréquenter les lieux animés de l’île, à commencer par ses bars et terrasses, comme Ti Beudeff, à mi-côte en venant du port vers le bourg, un classique pour prendre une pinte de la bière de l’île et manger un morceau, le Triskell, un peu excentré du bourg, repaire privilégié des locaux qui s’y retrouvent pour des apéros (très) prolongés, des soirées musique ou match, ou encore le Bar de la Plage à Locmaria, qui offre aussi une restauration appréciée. La production locale est importante et tout le monde en profite : la mer bien sûr, ses produits naturels et ses fumaisons, la bière, et il ne faut pas manquer le marché des producteurs le samedi matin aux halles du bourg. Et pour paraître chic et partisan, revenez sur le continent en arborant un vêtement groisillon de la marque GX590 – boutiques au bourg et à Lorient, son nom fait référence au quartier maritime des anciens thoniers GX auquel est accolé le code postal de l’île –, comme une veste de thonier, un sweat ou même des charentaises.