Louise-Anne RUHLMANN

Avec Ruhlmann comme nom, difficile d’échapper au vin. Née à Sélestat, Louise-Anne grandit au cœur du vignoble familial de Dambach-la-Ville, où elle apprend très tôt “l’amour du vin et la rigueur du métier”. Mais si l’univers viticole coule dans ses veines, la jeune femme veut voir plus loin que les collines alsaciennes. “Dès le collège, je savais que je voulais travailler dans la restauration. J’avais envie d’allier l’humain, la convivialité et le goût.” Après un bac hôtelier à Illkirch en 2014, elle poursuit un BTS hôtellerie-restauration puis une mention sommellerie à La Rochelle.  

Diplômes en poche, elle effectue un stage au Pré d’Eugénie chez Michel Guérard avant de s’envoler pour New York, à 21 ans. Là-bas, elle intègre la brasserie Ruhlmann — clin d’œil du destin — et devient “captain”, l’équivalent de maître d’hôtel : “J’étais la plus jeune, la seule femme, la seule Française… Une expérience très exigeante, mais d’une richesse incroyable.” 

Du Languedoc à Strasbourg, la route du vin continue 

De retour en France, elle rejoint en 2019 l’Auberge du Vieux Puits (5 toques) chez Gilles Goujon : “Un terrain de jeu fabuleux pour une sommelière, j’y ai côtoyé l’excellence et un terroir unique.” 
En 2020, retour “en terre sainte” : Louise-Anne retrouve l’Alsace et intègre Au Crocodile (3 toques) à Strasbourg comme assistante-cheffe sommelière, aux côtés de Romain Brillat. 
Trois ans plus tard, elle s’envole pour la Corse où elle devient cheffe-sommelière à l’Hôtel Marinca : “C’était une première équipe à construire, et la découverte d’un vignoble passionnant.” Entre deux saisons, elle multiplie les expériences : création d’un jardin en permaculture et d’une cantine scolaire à Madagascar via l’association Hum’Amis, puis un passage en Autriche, dans le Tyrol, pour perfectionner son allemand. 

Au Crocodile, retour aux sources 

En octobre 2024, Amaury Barbado lui confie les rênes du Crocodile, où elle devient directrice du restaurant : un retour symbolique dans cette institution alsacienne de trente employés. “C’est une maison qui fait briller les yeux. J’ai la chance d’écrire une nouvelle page tout en respectant cette histoire incroyable”, développe Louise-Anne.   

Sous sa direction, la salle se féminise, “on est désormais cinq femmes, ça s’est fait naturellement”. La sommellerie s’étoffe aussi : service au guéridon, accords vins-fromages en trois verres, méthodes douces pour le café… “Je veux que le service soit fluide, souriant, que mes collaborateurs prennent du plaisir. L’hospitalité, c’est d’abord une affaire de joie partagée”, poursuit la jeune femme. 
Attachée à ses racines, Louise-Anne reste associée au domaine Ruhlmann-Schutz, qu’elle co-dirige avec son frère et ses cousins : “Revenir en Alsace, c’est une chance incontestable. Enfant, on ne s’en rend pas forcément compte, mais nos valeurs et notre terre sont exceptionnelles.”