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Sylvain Huet, le danseur du saké

Sylvain Huet, le danseur du saké

Entre danse, aïkido et dégustations de saké, Sylvain Huet transforme chaque expérience en un chemin d’excellence et de partage, devenant un véritable pont vivant entre France et Japon, entre corps et culture.

Philippe Toinard Publié aujourd'hui à 07:27

Le 4 octobre 2012, Sylvain Huet entrait dans l'Histoire en devenant « saké samouraï » sur proposition et cooptation de trois producteurs de saké qui considéraient que son engagement et sa connaissance exceptionnelle des modes de fabrication de la boisson et de son histoire, mais aussi sa passion à la défendre, méritaient cette distinction habituellement attribuée à des Japonais. Un titre que Sylvain a accepté avec beaucoup d’humilité, car il fait écho à l’une des pensées qui dicte sa vie : « Ne pas être attiré par un statut social, mais par des sensations à vivre pleinement. »

De la scène au dojo

Il l’avoue lui-même, il est un peu fâché avec les calendriers et les souvenirs qui y sont liés. Sa vie est faite de tellement de passions que les dates finissent par se chevaucher, s’entremêler, s’entrechoquer. Ce qui est certain, c’est que tout commence en 1970 à Poissy [Yvelines] où Sylvain voit le jour avant de grandir à Saint-Germain-en-Laye puis dans le village voisin de Maule. Bon élève, ou plutôt élève brillant au lycée Hoche de Versailles, mais sans le moindre esprit de compétition. De son propre aveu, la compétition le « gonfle », mais il est conscient que, à cette époque, tout ce qu’il fait, il le trouve relativement facile. Il touche à tout – le piano, les maths, le théâtre –, s’intéresse au son, à l’éclairage, mais il bute devant une matière qu’un professeur de sport décide de faire découvrir à ses élèves – la danse.

Sylvain est en pleine adolescence et son corps est raide comme la justice. Pour la première fois, il comprend qu’il va devoir se battre et travailler pour maîtriser un art qui lui résiste. Tout en suivant la vingtaine d’heures de cours de mathématiques, de physique et d’informatique par semaine à la fac d’Orsay, il s’implique et fait endurer le double d’heure à son corps devenu souple. Un stakhanoviste du tour en dedans, du balancé, du chassé, du dégagé, de la gambade et de la sissonne. Le son et l’éclairage reviennent sur le devant de sa scène, il a aussi envie d’intégrer l’ENS Louis-Lumière. Il passe le concours, finit deuxième, mais au dernier moment, alors que les portes de l’école s’ouvrent à lui, l’appel de la danse est plus fort. Il cède aux propositions d’un chorégraphe qui l’incite à vivre de sa passion. Il y consacrera dix années, mais en restant très dépendant des subventions et des cachets à droite et à gauche. Sérénité, niveau zéro.

Une rencontre va l’amener doucement vers le Japon : Pierre Doussaint, danseur et chorégraphe, est aussi aïkidoka . Sylvain s’intéresse à cet art martial et, comme pour tout  ce qu’il a entrepris, se donne à fond au point de devenir troisième dan en quelques années. Cette nouvelle passion qu’il assouvit tout en poursuivant une carrière, qu’il qualifie lui-même de « geek informatique », le mène au Japon, au début de nouvelles aventures, de découvertes, et sa vie ouvre une autre voie.

« Tu es plus japonais que nous »

En 1999 ou 2000 – satané calendrier qui lui joue des tours –, Sylvain atterrit au Japon pour la première fois. Côté compte en banque, ça va mieux. Consultant en informatique et en stratégie marketing, il facture correctement ses savoirs et peut se permettre des déplacements dans un pays réputé pour la cherté de sa vie. Sur place, il veut en savoir plus sur l’aïkido qui a définitivement pris le pas sur la danse, sur le budoka, le guerrier au sens noble du terme, le combattant expert en arts martiaux, l’hériter des samouraïs.

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