Skrei : une pêche durable et des gardiens de tradition
Chaque hiver, la Norvège et ses pêcheurs célèbrent le retour du skrei, un cabillaud migrateur unique. Derrière sa chair savoureuse se cache une tradition de pêche ancestrale, ancrée dans la culture norvégienne et portée par des valeurs de durabilité.
Tous les ans, entre janvier et avril, un miracle de la nature se déroule dans les eaux glacées de la mer de Barents. Le skrei, un cabillaud migrateur d'exception, rejoint les côtes norvégiennes après un long périple. Derrière cette chair ferme et juteuse, prisée des chefs du monde entier, se cache une histoire de tradition, de durabilité et de passion, portée par des hommes et des femmes perpétuant un savoir-faire ancestral.
Un athlète des mers
Le skrei n’est pas un cabillaud ordinaire. Contrairement aux espèces sédentaires qui évoluent sans trop se déplacer, il entreprend un voyage de plusieurs milliers de kilomètres depuis la mer de Barents jusqu’aux îles Lofoten pour frayer. Cette migration intense sculpte sa chair, lui conférant une texture ferme et une saveur raffinée. « Ce sont les super-athlètes des mers », explique Bjørn-Erik Stabell, Responsable de la Stratégie et de la Durabilité chez Norwegian Seafood Council. « Leur long voyage transforme leur chair, ce qui en fait une expérience gastronomique unique. »
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Une pêche ancrée dans la culture norvégienne
Bien plus qu’une simple activité économique, la pêche du skrei fait partie intégrante du patrimoine norvégien. Depuis des générations, les familles de pêcheurs transmettent leurs techniques et leur savoir-faire. « C’est dans notre ADN », confie Bjørn-Erik Stabell. « Comme le vin en France, la mer est essentielle à notre survie et notre identité. »
Autrefois un domaine principalement masculin, cette pêche voit aujourd’hui de plus en plus de jeunes femmes rejoindre les équipages, malgré des conditions parfois extrêmes. Les marins partent à l’aube, affrontant des mers agitées et des températures glaciales. « C’est un mode de vie exigeant », raconte Bjørn-Erik Stabell. « C’est aussi un travail profondément gratifiant. »
Un modèle de pêche durable
La durabilité est au cœur de la pêche au skrei. Pour préserver cette ressource, la Norvège impose des quotas stricts et assure un contrôle rigoureux des prises. « Pêcher durablement signifie exploiter les ressources sans compromettre l’avenir », souligne Bjørn-Erik Stabell.
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L’usage de petits bateaux permet un suivi précis et un meilleur respect des règles environnementales. Par ailleurs, les communautés locales, dont l’économie dépend en grande partie de cette activité, sont naturellement incitées à adopter des pratiques responsables. Chaque poisson labellisé qualité norvégienne fait l’objet d’une traçabilité rigoureuse. Seule ombre au tableau : l’augmentation de la température de l’eau due au réchauffement climatique. « À terme, cela pourrait perturber l’équilibre de l’écosystème, attirant des espèces comme le maquereau, susceptibles de menacer les jeunes cabillauds », prévient le responsable. Pour l’instant, cependant, l’impact reste limité.
Un défi pour l’avenir
Si la pêche au skrei est un modèle de gestion responsable, elle doit sans cesse s’adapter aux défis climatiques et aux exigences du marché. La demande croissante impose un équilibre délicat entre production et préservation. « Nous devons augmenter les volumes pour nourrir davantage de personnes, mais chaque hausse a des répercussions », rappelle Bjørn-Erik Stabell. Des innovations dans les méthodes de pêche et de transport visent à réduire encore l’empreinte carbone de la filière.
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Ainsi, derrière chaque portion de skrei dégustée se cache une histoire fascinante : celle d’un poisson d’exception et de ceux qui, génération après génération, veillent à préserver un fragile équilibre entre tradition et avenir durable.
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