La praline belge: petite par la taille, immense par sa renommée
Dites « chocolat » et le monde entier pense immédiatement à la Belgique. Mais notre véritable spécialité ? La praline. Car si notre pays ne cultive pas de cacao, il excelle, mieux que quiconque, dans l’art de transformer cette fève précieuse en une tentation irrésistible.
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Publié aujourd'hui à 10:06
Peu savent que la praline est née au cœur de Bruxelles. C’est là qu’en 1912, l’apothicaire Jean Neuhaus créa le tout premier bonbon fourré. L’histoire commence pourtant bien plus tôt : en 1857, son grand-père suisse ouvrait une pharmacie où les confiseries servaient à adoucir l’amertume des médicaments. De là, il n’y avait qu’un pas vers un fourrage délicat enrobé d’un chocolat soyeux.
En 1915, Louise Agostini, épouse de Jean Neuhaus, inventa le ballotin : cette élégante boîte qui fit de la praline un présent raffiné. Depuis, savoir-faire artisanal et élégance font partie intégrante de son identité.
Un patrimoine culturel dans un écrin de chocolat
Depuis mai 2025, c’est officiel : Bruxelles a inscrit le métier de chocolatier au patrimoine culturel immatériel. Une reconnaissance méritée, car chaque praline raconte une histoire : celle d’un savoir-faire unique, d’un terroir et d’une tradition vivante. Ce patrimoine s’exprime autant dans les pralines iconiques que dans les ateliers, les manufactures bean-to-bar et les centres d’expérience qui jalonnent la Flandre et Bruxelles.
Aujourd'hui, les chocolatiers vont bien au-delà du fourrage praliné traditionnel. Ils explorent les single origin venus de Madagascar, de São Tomé ou du Vietnam, et subliment même la pulpe de cacao dans des ganaches ou des gelées raffinées. Comme pour le vin ou le café, les amateurs avertis savent désormais reconnaître la qualité d’une fève, et en apprécier toutes les nuances.
Quelques chocolatiers incontournables
The Chocolate Line (Bruges, Flandre occidentale, et Anvers)
Dans leur atelier impressionnant, Dominique et Julius Persoone — père et fils — façonnent des pralines à partir de leurs propres fèves, cultivées au Mexique. Le résultat ? Des créations aux accords gustatifs audacieux, relevées d’une bonne dose d’esprit rock’n’roll.
The Chocolate Maker (Gand, Flandre orientale)
Au cœur de la rue des Graffitis, Jannes Deduytschaever torréfie ses propres fèves et signe des pralines uniques, alliant saveur et engagement durable.
Van Dender (Bruxelles)
Herman Van Dender travaille main dans la main avec des producteurs équatoriens qui récoltent, fermentent et sèchent ses fèves. Il les torréfie ensuite lui-même avant de les transformer en chocolat, partageant généreusement son savoir-faire, de la fève à la praline.
Chocoladehuis Boon (Hasselt, Limbourg)
Patrick Mertens marie inspiration locale et élégance internationale dans des sculptures chocolatées d’une précision remarquable. Des créations qui séduisent autant le regard que le palais.
Frederic Blondeel (Bruxelles)
Héritier d’une lignée de torréfacteurs, Blondeel s’est naturellement tourné vers la torréfaction du cacao. À Koekelberg, il a imaginé un lieu unique où se rencontrent ses deux passions : café et cacao. Ce concept réunit atelier artisanal, boutique, glacier et espace de torréfaction. Il travaille avec les plus belles fèves d’Amérique latine et d’Asie du Sud, qu’il associe aux ingrédients les plus raffinés.
Zuut (Louvain, Brabant flamand)
Dans cette chocolaterie avec salon de dégustation et chariot à glaces, on savoure aussi bien des tablettes raffinées au cacao cubain ou malgache que de délicates pâtisseries chocolatées. Aux commandes, le chocolatier David Van Acker et le pâtissier Pieter De Volder — qui se sont rencontrés chez Pierre Marcolini — orchestrent chaque mois un « Zuute Zondag », un menu quatre services tout compris pour célébrer le chocolat sous toutes ses formes.
La praline belge ne se savoure pas seulement au comptoir. De plus en plus d’ateliers accueillent les visiteurs pour des démonstrations, des initiations et des dégustations, offrant une immersion complète dans l’univers du chocolat.
The Chocolate Nation (Anvers) vous plonge dans l'histoire du cacao et vous invite à créer vos propres compositions chocolatées. De nombreux ateliers y sont également proposés.
Choco Story (Bruges et Bruxelles). Ce musée retrace 5 000 ans d’histoire du chocolat à travers une riche collection d’objets authentiques. Explorez les origines du cacao, découvrez le secret d’un chocolat parfaitement brillant, participez à des ateliers et savourez du chocolat fraîchement préparé.
Chocolates Van Hecke (Merelbeke), vous invite à créer vos propres pralines… et à les déguster par la suite.
Van Nueten Chocolates (Knokke-Heist) met l’accent sur la créativité et la richesse des nuances gustatives.
Le 'Chocolate Trail' de Vandenbulcke (Heule, Flandre occidentale) raconte l’histoire d’un chocolatier familial de troisième génération, qui façonne des pralines avec passion depuis 1949.
A Zele, chez Goût Fou, vous découvrez la naissance d’une praline, de l’idée jusqu’à son écrin. Justine Lanoo et son équipe vous impliquent dans chaque étape de l’artisanat et partagent leurs secrets lors d’ateliers immersifs.
Chez Sjolaa (Malines, Anvers), initiez-vous à la fabrication de pralines à travers des ateliers qui mêlent savoir-faire technique et plaisir gourmand.
Chez Chocolatier Anton (Denderhoutem, Flandre orientale), laissez libre cours à votre créativité en confectionnant des pralines originales, mêlant pulpe, éclats de cacao et une bonne dose de fantaisie contemporaine.
Le chocolatier familial Centho (Duisburg, Brabant flamand) est devenu une référence internationale grâce à ses ganaches aux fourrages parfaitement équilibrés.
Le guide Gault&Millau du chocolat d'exception
Depuis 2014, Gault&Millau distingue chaque année les meilleurs chocolatiers de Belgique. Leur sélection est disponible dans le guide chocolatier sur notre site, avec des favoris tels que :
Chocolatier M (Knokke) : premier lauréat du titre « Chocolatier de l’Année »
Jitsk (Anvers) : pralines végétales au raffinement gustatif incomparable.
Pierre Marcolini (Bruxelles, Bruges, Anvers) : emblème de la haute chocolaterie.
Joost Arijs (Gand) : élégance parfaite dans la forme comme dans le goût.
Olivier Willems (Ostende) : une aventure gustative inspirée par la mer.
De Bruxelles au Limbourg, de la simple dégustation à l’expérience praline, le chocolat belge dépasse largement la gourmandise. Il incarne notre culture, célèbre les sens et témoigne d’un artisanat vivant, sans cesse renouvelé.
L’amateur averti ne se contente pas de regarder la vitrine : il pénètre dans les coulisses. C’est là, entre les mains du chocolatier, que la véritable magie opère.
