La Pérouse fait escale à Nice

Accroché à la colline de l’ancien château de Nice, cet hôtel est, avant tout, la promesse d’un rendez-vous avec la mer. Il y a d’abord son nom, en hommage au comte de La Pérouse – mythique explorateur français et commandant de L’Astrolabe. Il y a ensuite sa localisation, en surplomb de cette mythique baie des Anges que viennent lécher les eaux de la Méditerranée. Un tel paysage ne pouvait qu’inspirer le studio Friedmann & Versace, qui a pensé le lieu comme une maison de famille niçoise idéale. L’ambiance azuréenne se dévoile dès le lobby avec ses sols en terre cuite d’Italie, ses appliques en forme de coquillage et ses tissus rayés qui semblent venir tout droit de la plage. Des motifs de coraux dessinés par les architectes habillent les moquettes des couloirs (un peu labyrinthiques) conduisant aux 53 chambres et suites, avec leurs têtes de lit tissées qui figurent un paysage sous-marin et leurs poignées de porte en forme de bernard-l’ermite. Et le meilleur reste à venir avec les balcons et terrasses qui prolongent la plupart des chambres et dévoilent un panorama à 180° sur la mythique Promenade. Envie d’une vue plus spectaculaire encore ? Filez au dernier étage jusqu’à la suite 404, qui ouvre directement sur l’azur.

Au quatrième étage, la salle du restaurant Le Patio poursuit cette évocation marine avec ses camaïeux de jaune, une fresque inspirée de Jean Cocteau réalisée par le plasticien Nicolas Blazicevic et un spectaculaire bar en coquillages, œuvre de l’artiste Caroline Perrin. On y savoure une cuisine délicate signée Damien Andrews (ex-Port Palace de Monaco), qui propose une carte d’inspiration méditerranéenne avec de vraies pépites – exquis carpaccio de daurade rehaussé d’une huile aromatisée au gingembre, rouget cuit dans une sauce au vin rouge et flanqué de courgettes trompette… Autant de délices que l’on peut aussi déguster dans le patio qui prolonge la salle, empli de citronniers et de bougainvilliers. Quelques marches au fond de la terrasse mènent à un autre trésor des lieux… La piscine creusée dans la falaise et inscrite au patrimoine de la ville, où l’on fait ses longueurs avec la Méditerranée en toile de fond. Reste alors à choisir la suite de son programme. Partir à la découverte de la vieille ville en contrebas, à deux pas du fameux cours Saleya ; ou rejoindre la terrasse panoramique au dernier étage, à hauteur exacte de la tour Bellanda (la plus haute du château), pour siroter un cocktail en admirant une fois encore cette vue magique sur la baie des Anges et son chapelet de petites lumières qui, peu à peu, s’illuminent au crépuscule.

Virginie Friedmann & Delphine Versace, architectes d’intérieur

Cet hôtel est né en 1936. Dans quel état était-il avant votre restauration ?

Virginie Friedmann : C’était un hôtel très familial et assez secret, fréquenté par une clientèle d’habitués. Il est quasiment resté dans son jus depuis les années 1930 et n’avait jamais bénéficié d’un réel travail de décoration. La vue est tellement impressionnante qu’elle est longtemps restée son atout principal ! Nous avons conservé la configuration générale du lieu imposée par sa géographie, totalement imbriquée dans la falaise qui soutient le château. On entre dans le lobby par le quai, mais l’hôtel par lui-même est construit à partir du quatrième étage, reposant sur le rocher. Si nous n’avons pas transformé les espaces, nous avons en revanche totalement repensé l’esthétique.

Quelles ont été vos inspirations ?

Delphine Versace : Nous avons évidemment été inspirées par l’omniprésence de la mer, qui a constitué notre fil rouge, mais aussi par l’histoire du bâtiment, notamment les éléments art déco de la façade, que nous avons préservés. Nous avons aussi pris en compte l’environnement – les couleurs jaune et ocre de Nice et une dimension plus provençale, avec le travail de l’osier, de la céramique et de la terre cuite. Enfin, nous avons rendu hommage aux artistes qui ont marqué la ville et la région – Cocteau, Matisse, Dufy. 

Comment avez-vous décliné cet esprit ?

V. F. : L’esthétique de ces artistes a inspiré nos propres créations – la fresque du rez-de-chaussée que nous avons commandée à la céramiste Annie du Beaujolais, les dessins des moquettes, des tables en pierre de lave. Ou encore ceux des têtes de lit, qui reprennent l’esprit des tapisseries de Jean Lurçat, tissés par les ateliers Thévenon. Nous avons également dessiné les lampes de chevet en forme de coquillage, les poignées en laiton des placards, d’inspiration marine. Enfin, nous avons voulu témoigner de l’esprit Belle Époque de la ville avec le vitrail du restaurant, réalisé d’après nos esquisses par l’Atelier Cocoroca.

La galerie Astéria

Repaire favori de Virginie Friedmann et Delphine Versace, cette galerie en ligne, créée par Rémi Chiappone, regorge de pépites illustrant l’esprit de Nice et sa région. « Nous y avons déniché de très belles assiettes en barbotine fabriquées à Vallauris, des pots décoratifs, des corbeilles en rotin, des bougeoirs en fer forgé ou encore des coupes en céramique au décor de vannerie. Un lieu à ne pas manquer ! »

• T. 06 23 62 57 63
• www.galerieasteria.com