L’après-été : comment la filière viticole s’adapte aux vendanges précoces ?
Traditionnellement, les vendanges se font au début de l’automne, entre fin septembre et fin octobre. Mais, à l’instar des mirabelles ou du blé, il semblerait que les récoltes de la filière viticole se voient avancer de quelques jours, voire semaines…
En raison notamment d’une longue période de fortes chaleurs et de canicule en juin et juillet 2025, les raisins ont mûri bien plus vite qu’à l’accoutumée, provoquant ainsi l’accélération des vendanges. La filière viticole a donc dû revoir son agenda, pour s’adapter à ces récoltes précoces.
La filière viticole face aux vendanges précoces
Par rapport à ces dernières années, Eric Sentier, du domaine Dozon dans la région de Chinon, a près de deux semaines d’avance. “Avant, on vendangeait plutôt fin septembre, voire début octobre”. Cette variation s’explique par les très belles chaleurs du début de l'été, surtout à des moments où la vigne était en pleine croissance. “Dès le départ, on avait de l’avance” explique-t-il.
Il est alors nécessaire d’organiser différemment l’agenda des vendanges, pour commencer plus tôt que prévu. En termes de préparation, les manières de procéder sont les mêmes. “Peut-être qu’on a un peu moins de vacances”, ironise Olivier Morin, dont le domaine se trouve à Chitry, en Bourgogne. Les préparations des cuves, par exemple, sont anticipées afin d’être prêtes à recevoir les raisins plus tôt. Les vendanges peuvent également être réalisées à des horaires décalés, en commençant tôt le matin et en finissant le midi, pour éviter la chaleur.
Néanmoins, ces vendanges précoces sont de plus en plus fréquentes, comme l’explique le vigneron de Chitry : “On a de plus en plus d’années précoces, quasiment une sur deux, si ce n’est plus. Maintenant, on vendange régulièrement début septembre, quand ce n’est pas fin août.”
Reste un problème qui persiste : trouver des vendangeurs. “Habituellement, on a trois ou quatre semaines pour se préparer et recruter… Cette année, on est tout de suite dans les starting-blocks !”, raconte Eric Sentier. Avec des vendanges qui se regroupent sur des périodes qui se chevauchent, il est d’autant plus difficile de trouver cette ressource humaine. Olivier Morin témoigne : “On a quelques habitués et des étudiants sur cette période. On vendange une partie à la machine, et heureusement ! On n’aurait pas la main d’œuvre nécessaire pour vendanger à la main…”
Par ailleurs, la vague de chaleur s’est accompagnée dans de nombreuses régions de conditions climatiques difficiles cet été. Très redoutés, les orages et autres averses de grêle, ont, eux aussi, obligés certains viticulteurs à se mettre à l'ouvrage plus rapidement.
Des points positifs aux vendanges précoces ?
Bien que cela puisse perturber le calendrier habituel, Olivier Morin trouve des points positifs à ces différents changements. “C’est une adaptation. On se rend compte qu’avec le réchauffement, les raisins sont beaucoup plus mûrs qu’avant. On vendange plus tôt des raisins plus mûrs. Mais ça, c’est plutôt une bonne nouvelle !” En Bourgogne notamment, les millésimes qualitatifs sont ceux qui proviennent de périodes estivales très chaudes. Avec la multiplication des périodes de chaleur, il explique : “Comme c’est de plus en plus souvent, la qualité des vins n’a jamais été aussi intéressante.”
Des années qui se suivent et ne se ressemblent pas... L’année 2024 avait été très pluvieuse, provoquant une vendange plus tardive : “On est passés d’un extrême à l’autre”, explique Eric Sentier.
Eric Sentier - Domaine Dozon, vignoble du Saut au Loup
- Tél : 02 47 93 17 67
- www.domainedusautauloup.fr
Olivier Morin - Domaine Olivier Morin
- Tél : 06 26 32 04 26
- www.olivier-morin.fr