Choco, acteur majeur de la lutte antigaspi

Si le chef de cuisine est souvent vu comme un artiste, il est surtout un homme d’orchestre. Il cuisine, bien sûr, mais il doit aussi manager une équipe, se montrer présent auprès de ses clients et… gérer ses commandes. En fin de service, le chef est alors épuisé, le téléphone dans une main, le stylo dans l’autre. Au quotidien, passer les commandes auprès des fournisseurs se révèle chronophage, d’autant que les moyens utilisés sont devenus obsolètes et sources d'erreurs (on parle encore de fax !). Si le sujet de la gestion de commandes est moins tendance que celui du circuit court et du sourcing de produits, son impact est, lui, bien réel. Ce sont, en effet, des kilos de produits qui peuvent être gaspillés, perdus ou jetés. 

Décidés à faire évoluer le circuit de commandes, trois entrepreneurs, élevés dans la tech, Daniel Khachab, Julian Hammer et Grégoire Ambroselli, ont eu l’idée de créer, en 2018, une application de gestion de commandes dédiée aux métiers de la restauration avec une ambition : réduire le gaspillage alimentaire à l’échelle mondiale en digitalisant la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire. L’objectif est ambitieux, mais essentiel pour l’environnement.  

Un outil de lutte contre le gaspillage, un gain de temps pour les chefs

L’application rassemble, sur une seule messagerie collaborative, l’ensemble des équipiers, tous les fournisseurs et producteurs du restaurant. La chaîne de commande est ainsi simplifiée, efficace et rapide. Ce qui permet de limiter les erreurs, d’ajuster au gramme près ses commandes et d’être au plus près de ses besoins. De nombreux restaurants ont déjà adopté Choco, des multitoqués jusqu’aux snacks. Nicolas Brenelière, chef des cuisines du Paradis Latin, à Paris, a tout de suite été séduit : « C’est simple, je gère 652 couverts, et depuis que j’utilise Choco pour les approvisionnements, je gagne sept heures par semaine, c’est énorme ! En plus, l’outil évolue sans cesse : l’équipe de Choco est très à l’écoute des utilisateurs. J’avais demandé à ce que soit rajouté le prix d'achat des produits, ils l’ont fait. »  

Choco permet au fournisseur – et au producteur – de gagner du temps grâce à l’automatisation de la saisie des commandes et, là encore, de réduire considérablement les erreurs. « Avec Choco, nos clients passent commande plus régulièrement. Plus besoin de les relancer, cela nous fait gagner du temps ! », explique le président de Maison Savary, à Beauvais. Les producteurs peuvent aussi mettre facilement en avant les produits de saison, valoriser leurs stocks, et donc limiter les pertes.  

Les résultats sont concrets, l’impact est impressionnant. Une enquête montre que Choco permet d’économiser 1,28 kg de déchets alimentaires par semaine et par restaurant, et libèrent en moyenne 4 heures de travail hebdomadaire par équipe. Aujourd’hui, plus de 10 000 fournisseurs et 15 000 restaurateurs utilisent Choco quotidiennement, il suffit de faire le calcul pour se rendre compte de la force de cette solution. 

Licorne européenne

Les trois entrepreneurs semblent bien partis pour réussir leur ambitieux pari et devenir, en soutenant tant les restaurateurs que les fournisseurs, l’un des acteurs les plus performants dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. La start-up, valorisée à 1,2 milliard d’euros en avril 2022, est ainsi entrée dans le cercle très fermé des licornes européennes, quatre ans à peine après sa création. À ce jour, l'entreprise a levé 184,5 millions d'euros auprès d'investisseurs tels que Left Lane Capital, Insight Partners, Bessemer Venture Partners et Coatue Management. Installé dans le cœur de Paris, Choco emploie aujourd’hui plus de 400 personnes dans le monde et est présent en France, en Belgique, aux États-Unis, en Espagne et en Autriche.