48 heures à la Nouvelle Athène
Paris - Île-de-France/2023
La Nouvelle Athènes. Pour beaucoup de Parisiens et de touristes, ce nom reste une énigme. Cela n’a pas toujours été le cas.
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Au début du xixe siècle, ce micro-quartier très animé du 9e arrondissement était le haut lieu de la vie artistique de la capitale. Écrivains, acteurs, musiciens et peintres de renom y ont posé les fondations du mouvement romantique français. Il y soufflait alors un vent de modernité. George Sand, Frédéric Chopin, Ary Scheffer, Gustave Moreau et bien d’autres s’y encanaillaient. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Est-il toujours un repère arty ?
Située entre Pigalle et l’Opéra Garnier, sur les pentes du quartier Saint-Georges, la Nouvelle Athènes renferme de belles traces de son passé avant-gardiste, lesquelles suscitent encore l’intérêt des érudits et de jeunes férus d’art. Pourtant, peu savent qu’à l’origine ce quartier était un simple lotissement proche de la périphérie de la ville, alors en plein essor. À l’initiative du receveur général des finances Augustin de Lapeyrière, il sort de terre en 1819. Sous la houlette de l’architecte Auguste Constantin, les façades des hôtels particuliers prennent des airs antiques, la mode à l’époque. De ce fait, l’artiste-historien Adolphe Dureau de La Malle le baptise la « Nouvelle Athènes » en 1823. Tout beau, tout neuf, il attire les artistes, qui commencent à s’y installer. Parmi eux, Ary Scheffer et Gustave Moreau, dont les anciens ateliers et résidences sont aujourd’hui les deux centres d’intérêt majeurs du quartier.
Les week-ends, il vous faudra arriver de bonne heure pour profiter pleinement du jardin et de la jolie cour ombragée du musée de la Vie romantique, ancienne demeure du peintre d’origine hollandaise Ary Scheffer (1795-1858), construite en 1830. L’artiste y recevait l’élite mondiale, Franz Liszt, Charles Dickens, Gioachino Rossini, Eugène Delacroix ou encore sa voisine George Sand. Cette dernière résidait, comme Alexandre Dumas, Gustave Flaubert et Frédéric Chopin, au square d’Orléans, qui n’est malheureusement plus accessible aux visiteurs.
Non loin du capharnaüm des Grands Boulevards, ce petit coin de campagne de style bourgeois rassemble aujourd’hui les esprits curieux venus chercher un peu de quiétude le temps d’une pause gourmande au salon de thé Rose Bakery. Ils y prennent place au milieu des rosiers grimpants en été ou à l’abri de la verrière en hiver. Foyer du romantisme à son époque, le pavillon renferme, à l’étage, une collection des œuvres d’Ary Scheffer et de ses contemporains. Le rez-de-chaussée abrite des tableaux et des souvenirs de George Sand. Portraits, meubles et bijoux y sont présentés. La collection permanente est un peu poussiéreuse, mais le musée, dynamique, propose tout au long de l’année une belle programmation : concerts, lectures et expositions qui font parler, à l’instar de celle récemment consacrée à l’artiste-plasticienne en vogue Françoise Pétrovitch.
Autre figure emblématique du quartier, Gustave Moreau (1826-1898). Le peintre, graveur et sculpteur français s’y installe en 1852, dans une modeste maison située au 14, rue Catherine-de-La-Rochefoucauld. Après avoir fait du dernier étage son atelier, le précurseur du symbolisme
français y produit une large partie de son œuvre. Soucieux de sa postérité, Gustave Moreau demande à l’architecte Albert Lafon de transformer la demeure familiale en musée, en 1895. Il est aujourd’hui l’un des plus beaux petits musées de la capitale et une source d’inspiration pour de nombreux artistes contemporains : Frédéric Beigbeder, Pierre et Gilles ou encore Clara Luciani, émerveillée par l’emblématique escalier.
Impossible de se restaurer ou de se désaltérer dans cet écrin, mais il suffit de traverser la rue, ou plus exactement de se rendre au BVJ Opéra-Montmartre, 1, rue de la Tour-des-Dames. Preuve de la grande vitalité du quartier, l’auberge de jeunesse abrite une cour ornée d’une fresque monumentale et d’un figuier centenaire. Elle a été récemment aménagée en bar chic, mais demeure accessible. Fondée en 1948 dans un magnifique hôtel particulier construit par l’explorateur Louis-Antoine de Bougainville, elle est la toute première de la capitale. Elle accueille encore des touristes venus du monde entier. Un temps, elle fut habitée par la fameuse actrice du xixe siècle Mademoiselle Mars. Pas étonnant, la Nouvelle Athènes est toujours entourée de théâtres et de salles de spectacle mythiques : le Casino de Paris, le Théâtre de Paris, La Nouvelle Ève et le Théâtre Actuel - La Bruyère. De ce fait, le quartier est assez animé le soir, et même tout le week-end. La célèbre et très fréquentée rue des Martyrs, qui débute ici, ouvre ses boutiques et ses commerces de bouche tendance le dimanche.
Surfant sur son riche passé, la Nouvelle Athènes contient peu de galeries dignes d’intérêt mais, toujours aussi dynamique, le quartier continue de rassembler une certaine élite, notamment à l’Hôtel Amour, où les artistes et les personnalités de la mode se côtoient. Ce n’est pas pour rien si le Soho House, le club privé et branché fondé par Nick Jones, s’y est installé, dans l’ancien hôtel particulier de Jean Cocteau.
B.G.
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