48 heures en Côte d’Opale
Hauts-de-France/2022
Des falaises de craie bordées de pâturages d’un vert chatoyant et d’une mer aux reflets irisés, des stations balnéaires ancestrales, comme figées dans le temps, ou en pleine effervescence, de jeunes tables ou des toques expertes, mais toutes animées d’une même envie de faire bouger les lignes… Virée lumineuse en Côte d’Opale.
© rebaixfotografie
Réchauffement climatique oblige, certains esprits malicieux clament que « le Nord est le nouveau Sud ». On commence même à planter des pieds de vigne sur les terrils, c’est dire ! Près des côtes, l’attractivité est en nette hausse, et les prix du foncier sont à l’unisson. Au Touquet, le coût au mètre carré peut ainsi, pour certains biens, franchir allègrement la barre symbolique des 10 000 €. D’où vient donc ce nouvel attrait pour la Côte d’Opale, entre baie d’Authie et cap Blanc-Nez, entre deux villes à l'image tristement entachée par l’accueil de populations toutes brisées – les unes en vue d’être réparées (Berck), les autres pas vraiment, il faut bien le dire (Sangate) ?
Du Touquet, donc, bien sûr. Avec un front de mer ultra-bétonné au charme désormais vintage, des villas chics et XXL, cachées entre terrains de golf et forêt, des portions de rue très surveillées (autour du lieu de villégiature d’Emmanuel Macron) et du vent (beaucoup) dans les voiles, la ville séduit. Quelques bonnes tables – peu, en réalité, au regard de la clientèle et des habitués – et boutiques cool, beaucoup d’Anglais, autant de nordistes, et finalement peu de Parisiens, même si la ville affiche un peu partout son nom officiel, Le Touquet-Paris-Plage. Mondaine, la station est plutôt sportive : on « golf », on « char à voile », on « tennis » – le centre tennistique Pierre-de-Coubertin possède le plus grand nombre de courts extérieurs en terre battue de France –, on « cerf-vole »…
Mais il faut déjà quitter ce cocon, longer la dune vers le sud, vers Stella-Plage, une station balnéaire plus ouvrière, mais qui s’embourgeoise à vue de nez, et vers les colonies de phoques de la baie d’Authie. Passez ensuite la Canche, au nord, pour admirer les élégantes villas Belle Époque de Wimereux – elles se prénomment « Romance », « Aurore » ou « Tilouine » –, avant de respirer l’air du large au sommet des falaises crayeuses. Blotties entre deux caps, elles semblent encore défier les côtes sud de la Grande-Bretagne. Puis il faut marcher le long de ces prés d’un vert presque fluorescent qui plongent dans une Manche aux reflets changeants, nacrés quand le soleil perce, et pénétrer au cœur de ces bocages encadrés par la Course et la Canche. Au détour d’un chemin creux, sur une plage oubliée ou face à un fort cerné par les eaux (Ambleteuse, construit par Vauban, of course), on se réjouit de ces tables sans chichis qui, souvent, dominent la mer, et où l’on prépare une cuisine de retour de pêche.
Il est temps de s’enfoncer plus à l’intérieur des terres. Après avoir traversé les marais, on rencontre, ici, un château ayant appartenu à la famille Givenchy et aujourd’hui transformé en maison d’hôtes, là, une demeure bourgeoise devenue tiers lieu et centre d’art contemporain, la Chartreuse de Neuville. Vous voici à présent face aux remparts de Montreuil-sur-Mer. Une boucle de 3 km, à parcourir à pied, offre de magnifiques points de vue sur la ville basse et la campagne environnante. Vous y découvrirez une cité fortifiée depuis le IXe siècle. Entre 987 et 1204, elle fut le seul port du royaume de France. Vous voilà surtout à La Madelaine-sous-Montreuil, un village transformé en hub gastro grâce à l’énergie d’un seul homme, Alexandre Gauthier, tout entier imprégné de ces marais et de ces ciels qui semblent ne jamais trouver de repos.
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